Take a fresh look at your lifestyle.

Fête de la musique : La musique togolaise pourra-t-elle faire sa mue ?

 

Ce 21 juin 2023 marque la 41ème édition de la fête de la musique célébrée un peu partout dans le monde. Au Togo, cette célébration coïncide avec le débat consécutif à la sortie du Ministre de la promotion des arts et de la culture, Dr Kossi Lamadokou sur les paroles obscènes dans la musique togolaise.

Dans une sortie en date du 06 juin 2023, le ministre en charge du secteur de la culture après avoir fait le constat de la prolifération des chansons et films aux paroles obscènes véhiculées par les artistes, ce qui compromet, selon ses dires, les efforts d’éducation du gouvernement, a menacé de sanctions les récidivistes qui continueraient dans cette voie. Les sanctions encourues par ces derniers vont du retrait de la carte de BUTODRA et de l’attestation, à la radiation du registre national des artistes et au refus de soutien multiforme du ministère.

TOGOCOM

On ne peut qu’apprécier la volonté d’assainissement du secteur de la culture. C’est une bonne chose que le ministre de la Culture veut s’attaquer à la dépravation des mœurs. Mais une chose qu’on ne dit pas assez est que la dépravation a commencé avec la politique. Par l’animation politique et ensuite par la censure des chansons d’éveil de conscience décrétée par les autorités sur les médias publics. Conséquence, le créneau trouvé par les jeunes artistes pour s’exprimer face à la censure est de se tourner vers le sexe, la drogue et tous les autres vices.

Il y a quelques années, les artistes jugés critiques, le cas Eric MC est là, qui font des productions d’éveil de conscience sont bannis des médias publics. Mieux, ils sont privés de la scène. Face à cette situation, les artistes ne voulant pas prendre le risque de mettre sur le marché une œuvre censurée prendront la voie de la facilité qui consiste à chanter ces obscénités qui ont libre court jusqu’à la sortie du ministre. Le constat est qu’on assisté à la montée en flèche de ces genres de musique au lendemain du soulèvement du 17 août 2017 quand une chape de plomb s’abattait sur les artistes engagés.

Si ces musiques ne dérangent pas les autorités surtout politiques, elles abrutissent l’élite jeune du pays. Heureusement que les autorités du pays se sont vite rendues compte de la dérive que court notre jeunesse, relève de demain en se laissant abrutir par des paroles ou des messages qui n’ont rien d’instructif. Conséquence, elles veulent remettre de l’ordre dans le secteur.

Même si cette bataille est difficile à gagner pour deux raisons, il faut quand même essayer.

-Tout d’abord, le secteur de la musique a aujourd’hui évolué. Est révolue l’époque où il faut attendre des ristournes du BUTODRA. Rares sont aujourd’hui les artistes qui vivent ou attendent ces ristournes. Tous visent des vues sur You Tube. Si c’est ces genres de paroles que le public préfère, les artistes en ont cure d’une sanction du BUTODRA qui lui-même ne leur verse que des ristournes dérisoires.

HCRUNN

-Et puis, la jeune génération suit aujourd’hui ses artistes beaucoup plus sur les nouveaux médias que sur les médias traditionnels. Ainsi, on peut beau sanctionner un artiste sur les médias traditionnels alors que celui-ci verrait le nombre de ces followers ou ses vues augmenter sur You Tube. D’ailleurs, une sanction contre un article fera de la pub à celui-ci car renverrait le public à aller visionner la chanson incriminée sur You Tube.

Dans ces conditions, l’Etat ne pourra contraindre les artistes à le suivre qu’en les accompagnant. Les techniciens du ministère devront étudier quelle contribution leur apporter.

-Ensuite, le marché togolais est très étroit : environ 8 millions de consommateurs comparés au marché virtuel. Avec une bonne organisation managériale on peut gagner dix fois mieux voire plus par le virtuel.

-Et enfin, l’Etat n’a pas les moyens de contrôle de cette mesure qui pour le moment n’est qu’un simple communiqué sans valeur juridique contraignante. Même si nos artistes la respectent, l’Etat ne nous dit pas comment il fait pour éviter que les chaînes étrangères ne déversent pas sur le marché local ces chansons et films interdits aux artistes locaux qui se verraient pénalisés doublement.

Bref, même si tout le monde reconnait aujourd’hui que la musique togolaise est au creux de la vague en matière de la qualité de ses œuvres, il est aussi évident que la décision du ministère n’a pas été profondément murie. Elle souffre d’un manque qui la rendrait difficile à appliquer ce qui la conduira même si l’intention est louable à rejoindre les mesures prises par les autorités mais qui n’ont jamais été appliquées.

 

 

Clarisse AFANOU

E-Mail: togoscoop@gmail.com

Tél : (00228) 90 96 63 64/ 99 56 57 88 : Pour vos reportages, annonces et publicité, contacter le service commercial de votre site Togoscoop.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More

Privacy & Cookies Policy