Football togolais : « Les 20 plus de Faure » égal à zéro
En 2005, après avoir capté le pouvoir dans des conditions que tout le monde connait à la suite du décès de son géniteur, Faure Gnassingbé avait élaboré un programme de société dénommé « les 20 plus de Faure ». Cet ambitieux programme étalé sur 5 ans devrait faire du Togo un pays moderne et émergeant. Alors qu’il boucle les 20 ans à la tête du pays, les promesses faites il y a bientôt 20 ans se font toujours attendre. L’éléphant promis est arrivé avec les deux pattes cassées.
Ce programme faisait la part belle à la jeunesse et au sport. C’est ainsi qu’on pouvait lire dans le document la construction et l’aménagement de 1000 terrains de jeu. En presque 20 ans, pas même un demi stade n’a été construit par le président Faure Gnassingbé. Alors qu’au Bénin, Patrice Talon, sans tambours ni trompettes, a fait construire 22 stades omnisports aux normes internationales en l’espace de 10 ans. Au Togo, les joueurs ne disposent pas d’aire de jeu pour la pratique des activités sportives. Ils continuent toujours par courir sur des champs de patate douce qu’on appelle terrain.
La situation devient plus catastrophique à l’extrême nord du pays, dans la Région des savanes, toujours la même région… Là-bas, la population la ressent comme une sorte d’abandon ou d’injustice à telle enseigne que la Ligue de football de la région a cru devoir saisir par courrier en date du 2 février 2024 le ministre des Sports. En effet, dans une lettre ouverte, la Ligue de football de la région déplore les conditions de la pratique du football dans leur localité.
« Ces terrains connaissent de temps en temps de petites rénovations grâce à nos mairies ou carrément de la poche de nos équipes locales. La mise aux normes de nos terrains n’a jamais été dans l’agenda de la FTF, du ministère des Sports et des loisirs ni d’autres institutions », fustige-t-elle.
La ligue des Savanes revient à la charge pour dénoncer la décision de la FTF qui exige de jouer la D1 et la D2 sur des terrains gazonnés sans tenir compte de la triste réalité des Savanes. « Les clubs de D1 et D2 de la région des Savanes ne jouent plus de matchs de compétitions nationales sur leurs propres installations parce qu’ils n’ont pas eu eux la chance d’avoir des terrains construits ou rénovés par le gouvernement, la FTF ou la FIFA. Ils doivent parcourir entre 300 km et 150 km pour recevoir leurs matchs à domicile sans aucune mesure d’accompagnement et en plus, ils doivent à chaque match payer une somme de 150 000 F à la ligue qui leur loue son stade or c’est l’argent du contribuable togolais qui a permis de réaliser les stades dans ces autres régions. Quelle injustice pour cette région déjà meurtrie ! », regrette-t-elle.
Cette sortie de la Ligue des Savanes tombe à pic. Puisqu’elle intervient au moment où se joue la Coupe d’Afrique des nations (CAN), la compétition de football continental. Compétition au cours de laquelle le pays organisateur, la Côte d’Ivoire, a étalé de majestueuses infrastructures sportives. Il est inconcevable qu’à côté, au Togo, on en soit là à parler des terrains gazonnés pour des clubs du championnat d’élite. Si ce n’est pas un échec ça lui ressemblerait. Si au moment où les nations jusqu’ici considérées comme petites en matière de football arrivent à damner le pion à des grandes nations que nous restions à parler de terrain gazonné, il faut comprendre que nous avons du chemin à faire et que notre absence à ce gotha du football continental n’est que méritée.
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Ces dernières années qu’est-ce que notre pays a fait pour la pratique du football ? Se qualifier chaque fois dans cet amateurisme nous donnerait l’illusion qu’on évolue or ce n’est pas le cas. Même si nous n’apprenons rien des différents échecs.
Aujourd’hui, le football est devenu une industrie. Nous ne pouvons pas imaginer l’aura et les retombées que le pays des Eléphants a par le simple fait d’accueillir une telle compétition.
La FTF exige aujourd’hui des clubs d’élite des stades gazonnés avant l’homologation de ceux-ci. C’est bien. Mais qu’est-ce qui a été fait en amont par cette fédé pour accompagner les clubs à aller dans ce sens ? Les clubs ont-ils reçu des financements ou des dotations leur permettant de construire des stades ? C’est la Côte d’Ivoire, le pays organisateur de cette CAN qui a mis en place les infrastructures pour accueillir la compétition. Quelle infrastructure la FTF a mis en place avant d’organiser le championnat ? Elle ne peut pas mettre ses échecs sur le dos des responsables des clubs. Le problème du Togo est cette tendance a fait faire aux citoyens ce que l’autorité avec les moyens du contribuable n’arrive pas à accomplir.
En 8 ans de présidence à la tête de la FTF, quelle a été la politique de construction des infrastructures du colonel Guy Kossi Akpovy ? En 20 ans de présidence de Faure Gnassingbé, qu’est-ce qui a été fait dans le domaine de la construction de stade ? Où en sommes-nous dans la construction et la rénovation des 1000 terrains de jeu promis ? Où en sommes-nous dans cette politique de détection des jeunes talents confiée à Claude Le Roy à l’époque ? Où en sommes-nous dans la formation ? On peut multiplier à foison les questions.
Sans une réponse claire à ces questions, sanctionner des clubs pour n’avoir pas de stades gazonnés alors qu’on a été incapable soi-même d’en construire un, c’est faire preuve d’arbitraire. Et ce faisant on exclu un pan du territoire national du championnat national.
Francine DZIDULA
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