

La communauté internationale a commémoré hier, 15 septembre, la journée internationale de la démocratie. Démocratie, un mot simple mais qui est l’objet de crispations et de cristallisations dans certaines régions du monde. Démocratie, un jeu simple qui élève et enrichit mais que l’on dévoie volontairement un peu partout dans le monde, pour servir des intérêts égoïstes. Depuis 1990, le mot est entré dans le lexique quotidien du Togo. Il fallait la construire et en faire la promotion, des ministères en ont porté le nom mais le moins qu’on puisse dire, trente-cinq années plus tard, c’est que tout est à refaire au Togo.
Il ne peut y avoir d’objection valide, valable, fiable et viable à l’idée selon laquelle la démocratie est à reconquérir au Togo. Les trois décennies de quête se soldent par un fiasco, chacun peut faire le bilan et situer les responsabilités. Ce que les pères de la démocratie togolaise voulaient pour le pays n’est sûrement pas visible aujourd’hui. Le pays est divisé, politiquement balkanisé, socialement, démocratiquement perdu.
Il ne peut y avoir d’objection fiable à l’idée selon laquelle au Togo aujourd’hui, beaucoup de citoyens se sont à nouveau emmurés dans le silence. Oublions ceux qui se défoulent sur les réseaux « soucieux ». La parole libre est encore risquée dans le pays aujourd’hui ; la presse n’est libre que de nom ; les productions qui s’éloignent de la logique du bulletin de parti ou du pamphlet militant sont persécutées, découragées et châtiées. Conséquence : les grandes voix se sont tues, certaines sont parties, loin de nos latitudes, d’autres se sont masturbées. Qui peut oser dire qu’une démocratie s’accommode de la parole contrôlée, de l’autocensure ou du griotisme ?
Il ne peut y avoir d’objection viable à l’idée selon laquelle, avec la cinquième république et l’architecture institutionnelle afférente, la démocratie est morte au Togo. Marine Le Pen l’a répété durant le week-end en France : « L’alternance n’est pas un gros mot. C’est une respiration normale de la démocratie ». Autrement dit, tout montage politico-constitutionnel destiné à empêcher l’alternance dans un contexte prétendument démocratique est un frein majeur à la démocratie. On n’a pas besoin d’en expliquer les rapports au contexte togolais. 2025 s’annonçait comme la fin d’un cycle mais on l’a détournée pour en faire le début d’un autre qui n’est en réalité le suppositoire de l’ancien. De la masturbation juridique, voilà la formule par laquelle les juristes désignent le montage. Tout le monde comprend et on se comprend.
Il n’y a pas d’objection valide à une opinion qui soutiendrait qu’au Togo la démocratie est morte et doit être redéfinie afin de privilégier les valeurs diacritiques. L’un des fondements de la démocratie, en dehors de la liberté d’expression, c’est le consensus. Toutes les forces vives d’un pays s’accordent sur les règles, les conventions, les privilèges et les sens interdits susceptibles de favoriser le bonheur commun. Ce consensus fait défaut au Togo. Les forces vives ne sont d’accord sur rien, ceux qui devraient travailler à instaurer ce consensus se contentent du statu quo et du pilotage à sens unique. Le reste, circulez ! Les lions ne redoutent pas les chiens qui aboient.
Au total, peut-il y avoir d’objection si l’on disait que la démocratie au Togo est retournée à son an zéro ? Il faut avoir le courage de dire que trente années de quête s’avèrent vaines ; beaucoup de Togolais sont morts pourtant pour cette cause. Que leur dirions-nous si…. Que chacun réponde à la question. La parole se suspend mais la vie, elle, ne se suspend pas.
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Magim Tambanana
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