Indemnisation : Une victime de 2005 raconte « Ils ont brûlé toute ma maison » mais elle pardonne à ses bourreaux
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Awa Nana, présidente du HCRRUN
Démarche titubante, ce retraité d’environ la soixantaine fait partie des victimes identifiées par le Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) comme portant des séquelles des violences à caractère politique dans notre pays de 1958 à 2005. Pour cette deuxième phase d’opération de prise en charge psycho-médicale et indemnisation des victimes vulnérables, il fait partie de la cinquantaine de personnes identifiées pour bénéficier de la prise en charge.
Pour cet homme sa vie a basculé un soir de Février 2005 à la suite du décès du président Eyadema GNASSINGBE, l’homme avait dirigé le Togo d’une main de fer pendant plus de 38 ans. Au soir de son décès un quarteron d’officiers supérieurs de l’armée ont imposé son fils à la tête du pays. Les élections qui suivront plus tard feront selon les Nations unies plus de 500 morts.
« A Aného, j’étais au péage quand les manifestants sont venus nous « prendre en compte ». Ils ont brûlé toute ma maison. Les enfants ont fui. Ils n’ont rien récupéré », raconte ce rescapé.
Sur son corps les stigmates des balles sont encore visibles. Et son bras est devenu depuis non fonctionnel.
Dans le cadre de l’indemnisation, il a rendez vous ce mardi avec les psychologues. Une équipe médicale l’examinera aussi et lui prodiguera des soins. Ces derniers sont entièrement assurés par le HCRRUN. Après quoi il touchera une allocation. Ils étaient plus de 2500 à bénéficier de cette allocation pour la première phase. Le gouvernement a mis à la disposition du HCRRUN une enveloppe de 2 milliards de F CFA. Une enveloppe revue à la hausse pour la deuxième phase. Elle se chiffre à 5 milliards de F CFA dont la gestion est confiée à un Comité de gestion des Fonds d’indemnisation.
Pour le HCRRUN les personnes vulnérables, celles qui portent les séquelles physiques, sont prioritaires. Elles avoisinent, suivant la base de données de la CVJR environ 444 victimes vulnérables dont 123 victimes de la période 1958-1989, 268 pour la période 1990-2004 et le reste concerne les victimes de 2005, parmi lesquelles notre retraité.
« Je suis malade et retraité, je n’arrive pas à travailler », avoue notre interlocuteur.
Pour la présidente du HCRRUN, Mme Awa Nana-Daboya, elle convie les acteurs à plus d’imagination et de créativité afin d’apporter le réconfort et le soulagement souhaités à ces compatriotes qui souffrent dans leurs chairs et leurs âmes.
« Même sans allocation, je pardonne à mes bourreaux », lâche le sexagénaire.
Au nom de la réconciliation, les Togolais sont appelés au pardon. Dans cet esprit les actes de chacun doit œuvrer dans ce sens.
Po/22/11/18
Francine DZIDULA
E-Mail : togoscoop@gmail.com