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Interview de Yosso HODABALO, président de FNGPC COOP-CA : « On estime à plus de deux millions de Togolais qui vivent du coton ».



                                                                                       Yosso HODABALO, président de FNGPC COOP-CA

 Depuis 2009, année de relance du secteur agricole par les autorités, la filière coton connait un essor véritable. Des bonds considérables ont été enregistrés ces dernières années au niveau de la production. La campagne 2018-2019 a, par exemple, connu une progression de 17%. Les producteurs n’entendent pas rester là, ils envisagent atteindre le seuil de 200.000 tonnes à l’horizon 2022. Un exploit, si elle venait à se réaliser, va contribuer à la mise en œuvre du Programme National de développement (PND) si cher au gouvernement. Nous sommes allés à la rencontre d’un des acteurs clé de cette relance de la filière de l’or blanc : la Fédération Nationale des Groupements de producteurs de Coton-Togo (FNGPC COOP-CA). Son  président Yosso HODABALO nous fait le point sur la filière coton au Togo. Il s’est confié à Togoscoop.

TOGOSCOOP : Quelle est l’évolution de la filière coton ?

Yosso HODABALO : L’aperçu qu’on a sur notre filière est qu’elle a connu un passé très douloureux avec la SOTOCO (NDLR : la société togolaise de coton) et le chef de l’Etat a pris des décisions courageuses en dissolvant cette société. Il a crée ensuite la nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT). Il a ouvert le capital social aux producteurs à 40%. Cela permet aux producteurs de participer à tous les niveaux de décision.

Aujourd’hui, la filière est gérée d’une manière collégiale et participative. Les producteurs ont un droit de regard, l’Etat qui joue son rôle régalien, et la NSCT est là pour l’exécution technique. Chacun a sa part de responsabilité dans la filière. Elle est bien organisée de telle sorte qu’on a une transparence dans la gestion pour pérenniser la production.

TOGOSCOOP : Quelle est la part des pourcentages des deux actionnaires ?

Les deux actionnaires sont l’Etat et les producteurs qui détiennent respectivement 60% et 40%.

TOGOSCOOP : En quoi la culture du coton au Togo contribue-t-elle à lutter contre la pauvreté ?

La culture du coton contribue à lutter contre la pauvreté au Togo à tous les niveaux. Je commence par le niveau de l’exploitation du producteur. Vous savez que le producteur avant de faire son champ ne peut pas le faire seul. Il recrute des manœuvres, ces derniers sont des pères de familles qui ont besoin de l’argent pour résoudre leurs problèmes quotidiens. Donc, on les recrute et ils sont payés en conséquence. Cela contribue déjà à réduire le chômage. Maintenant dans la chaîne de production, ce sont des gens qui fabriquent les intrants vendus par la société cotonnière aux producteurs. L’autre catégorie achète pour les revendre et vous convenez avec moi que cela cela crée de l’emploi à ce niveau. Il contribue économiquement au niveau des fabricants et des commerçants, ceux là qui soumissionnent au marché de la SNCT. Donc quand ils gagnent le marché, ils gagnent de l’argent et cela leur permet de subvenir aux besoins de leurs entreprises. Les agents de la SNCT sont pour la plupart des agronomes, des ingénieurs, des électriciens, des mécaniciens, des comptables, … Tous ces gens sont payés par le coton.

En dehors de cela, on note également ceux qui font la location des véhicules pour le transport, d’abord des producteurs jusqu’aux usines ensuire l’égrenage, et le transport au port, Tous dépendent du coton. Les taxes et les impôts prélévés entrent logiquement dans l’économie nationale et ce n’est pas le producteur seul qui gagne dans la production du coton, c’est une chaine de valeur, à tous les niveau. En commerçant par la ferme jusqu’à l’égrenage après l’exportation, les commerçants. L’Etat aussi gagne dans les revenus des impôts. Il y a d’autres qui ont crée des usines comme NIOTO par exemple. Vous voyez tout ça c’est le coton. C’est pourquoi on estime à plus de deux millions de Togolais qui vivent du coton. Ce ne sont pas seulement les producteurs du coton seuls. Donc, je peux dire qu’à chaque niveau on contribue à l’amélioration économique du Pays.

TOGOSCOOP : Comment faire aujourd’hui pour atteindre l’objectif de 200 000 tonnes d’ici 2022. Qu’est-ce qu’il faut faire de façon technique?

 Techniquement ce qu’il faut faire c’est de revoir le rendement parce que les superficies qu’on a emblavées cette année, si en réalité le rendement suivait, on devrait atteindre les 200 000 tonnes cette année. Comme le rendement ne suit pas, nous avons fait le diagnostic pour voir depuis des années quels sont les facteurs qui ont impacté négativement. A Tové, il y a de cela trois mois, nous nous sommes retrouvés, et c’est la première fois dans nos ateliers qu’on s’est dit des vérités et chacun de nous a accepté prendre sportivement les manquements qu’il a à son niveau.

Aujourd’hui, après le diagnostic on a mis des jalons pour que chacun puisse corriger le tir. C’est vrai qu’il y a des producteurs qui ne respectent pas les prescriptions techniques, ils apportent des quantités inférieures à ce qu’il faut aux plants et en détournant même les entrants cotons pour d’autres utilisations. Il y a aussi la recherche qui a failli au niveau des semences parce que la manière dont les semences se sont produits ne respectent pas les normes puisque si vous avez de mauvaises semences, vous partez avec un handicap de 40% de perte sur le rendement. Par conséquent, les chercheurs et l’Etat ont pris les mesures idoines en intégrant la direction de semences nationales au niveau des semences cotons. Ils ont pris un certains nombres d’engagement qui est en train d’être appliqué sur le terrain. Prochainement, on peut avoir des semences de qualité afin d’obtenir un impact sur le rendement. Si dans les autres segments tout le monde respecte les normes, on peut aller vers un rendement acceptable. Et si ce problème de rendement est vite résolu on peut aller à 200 000 tonnes et au-delà. Parce que tous les autres facteurs à savoir le prix… tout rassure aujourd’hui, c’est le rendement qui reste et qu’il faut revoir.

TOGOSCOOP : Qu’est-ce qui milite en faveur de la NSCT dans l’atteinte de ces résultats ?

Le secret, c’est la transparence dans la gestion puisque le meilleur secret c’est que nous avons percé pour voir, nous avons eu le courage de fouiller avec notre partenaire d’en face. Que ce soit la gestion financière, que ce soit les enjeux, les paramètres dans lesquelles il faut être bien regardant pour que les fonds ne soient pas engloutis d’une manière ou d’une autre. Nous avons tenu dur pour que les choses se fassent dans les règles de l’art afin que la réalité de ce qu’on fait soit révélé. Ce qui fait que les gens sont prudents dans la gestion et du coup cela dégage des fonds qui sont importants. Conséquence, les producteurs ont des rémunérations importantes. Quand le producteur gagne et il arrive à payer ces charges, cela lui donne la confiance. Donc depuis des années, nous avons progressé et aujourd’hui nous avons atteint ce niveau.

Le secret, c’est le courage, la transparence instaurée dans la gestion. Le secret, c’est aussi le regard quotidien de l’Etat dans la gestion afin des détournements. Donc tout le monde s’est ressaisi et la redistribution se fait d’une manière légale et tout le monde est content.

Clarisse AFANOU

Ec/01/06/19

E-Mail : togoscoop@gmail.com

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