LA MARCHE CONTRE LE FRANC CFA EMPECHEE CE SAMEDI A LOME : « ON NE S’ATTENDAIT PAS A CE QUE LE TOGO FASSE ENCORE EXCEPTION EN INTERDISANT CETTE MANIFESTATION », DIXIT PASTEUR EDOH.
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(La fourgonnette de la gendarmerie image archive)
Pas de manifestation contre le franc CFA ce samedi au Togo. Très tôt, la zone du quartier administratif a été bouclée par les forces de l’ordre. Des barricades étaient posées à l’entrée de chaque ruelle. Aucun n’engin n’entrait, les piétons étaient obligés de descendre de leur engin et fouillés.
Les raisons de cet impressionnant dispositif sécuritaire est que la veille, le ministère de l’Administration territoriale, a adressé tard dans la soirée, autour de 18h30, un courrier aux organisateurs de la marche leur signifiant son interdiction. Payadowa BOUKPESSI, le ministre de l’Administration, motive sa décision d’interdiction par le fait que la demande d’information était arrivée hors délai. Ce que conteste Pasteur EDOH Komi, du Mouvement Martin Luther King-La voix des sans voix (MMLK), une des associations qui a appelé à cette manifestation.
« On nous dit que le courrier a été déposé le 19 février alors que c’était le 18 et la décharge du ministère le prouve. Ce qui veut dire qu’ils ont juste trouvé un prétexte pour nous empêcher de manifester et c’est dommage », nous a confié le Pasteur à quelques mètres du lieu de la manifestation.
Les alentours de l’Ambassade de France vide
En interdisant la marche après 18h30, au moment où les bureaux administratifs étaient fermés et à quelques heures du début de la marche, les autorités ont joué sur le temps. Ils n’ont pas voulu donner une chance aux organisations de contester cette décision arbitraire devant une juridiction même si rarement les organisateurs de manifestation au Togo ont recours à la justice pour contester les interdictions arbitraires. « Dans notre pays, il y a de belles lois mais l’application pose problème. Notre pays va très mal et parler de l’état de droit sera très illusoire. C’est l’habitude de la maison d’interdire les manifestations à la dernière minute, mais je crois que le gouvernement togolais doit faire profil bas et revenir sur l’aspect respect des textes que nous avons adopté », regrette le président du MMLK.
Même si après l’interdiction de la marche dans la ville de Kara, c’était prévisible qu’il en soit ainsi aussi à Lomé, les organisateurs ne voulaient pas croire à une interdiction à Lomé. Ils se disaient que « comme la manifestation est continentale, donc on ne s’attendait pas que le Togo fasse encore exception en interdisant cette manifestation. Pour nous, il fallait que ça ait lieu à Lomé mais nous avons été surpris de voir que c’est à la dernière minute que on a encore interdit », a indiqué Pasteur EDOH.
Quelques manifestants avec le pasteur Edoh Komi
Comme aucune information n’était disponible la veille sur l’interdiction, les gens étaient sortis et ont été surpris par le déploiement policier. Ils étaient donc éparpillés un peu partout dans le quartier administration attendant un signal ou les organisateurs sur les lieux. Ces dernières bien que présents ont fait profil bas pour éviter des affrontements ou des interpellations inutile face à cette « forte militarisation des lieux » qui ne permet pas le rassemblement.
Le débat sur l’abandon du Franc CFA est d’actualité dans plusieurs pays d’Afrique francophone et même dans la diaspora. Plusieurs personnalités et activistes appellent à ce que l’Afrique coupe ce cordon ombilical qui le lie encore à la France à travers cette monnaie coloniale.
Cette semaine plusieurs, le sujet a fortement alimenté le débat au Togo à la suite de la conférence de presse du Directeur national de la BCEAO-Togo qui, son intervention, a suscité un controverse de la part du professeur Kako NUBUKPO qui a même menacé de saisir la justice pour plainte contre Kossi TENOU de la BCEAO. Même, Gilbert BAWARA est aussi intervenu sur le sujet.
Notons que c’est la première fois que le Togo depuis le début de ce débat sur le franc CFA que le Togo a projeté manifester. Les marches étaient prévues à Lomé et à Kara. Dans cette dernière ville, elle a été clairement interdite par les autorités municipales.
Ec/03/02/19
Francine DZIDULA
scoopinfotg@gmail.com