Personne ne souhaite pousser son dernier soupir à la Mecque. Mais c’est une situation qui arrive habituellement. Cette année deux togolaises figurent parmi ceux qui ont rendu l’âme au cours du pèlerinage. Quand surviennent ces décès, quels sont les rites qui les entourent. Votre site Togo Scoop a mené la petite enquête.
Deux Togolaises, deux dames d’âge avancé, apparemment qui ont des soucis de santé, sont passées de vie à trépas en Terre sainte. Moment d’intenses émotions pour leurs co-pèlerins.
« C’est devant moi qu’une des dames a rendu l’âme. C’était un sentiment de choc pour moi. Comme tout mort c’est avec un pincement au cœur que nous l’avons reçu, ça fait mal ! », témoigne El hadj Agodomou Al Hassan, Imam adjoint de la mosquée de l’Université de Lomé qui, cette année, participait à son premier pèlerinage à la Mecque.
Malgré ce moment d’affliction et de chagrin, l’imam trouve qu’on doit remercier Allah pour ces personnes qu’Il rappelle vers Lui sur la Terre sainte et surtout après qu’elles aient accompli l’Arafat, le grand pilier du Hajj.
« Le pèlerinage n’est pas fait pour aller mourir mais comme c’est une période de pénitence, Dieu aura pitié de ceux qu’Il rappelle sur la terre sainte », note le Président de l’Union musulmane du Togo (UMT), El hadj Inoussa Bouraïma.
Une fois que le décès est constaté, l’organisateur, le pays hôte, procède à l’identification du corps. Les officiels du pays concerné (la Commission nationale du Hadj notamment) et l’agence de voyage dans lequel la personne décédée s’est inscrite sont informés. « On demande leur avis, s’ils veulent que le corps soit enterré à la Mecque, vous dites oui ! Evidemment, vous ne pouvez pas ramener le corps de la Mecque à Lomé », nous renseigne le Président de l’UMT.
Après cet accord donné, le corps est pris en charge par les organisateurs du Hajj. Si c’est à la Mecque, on l’amène dans la mosquée de la Ka’aba. Après la prière, on annonce aux pèlerins qu’on va procéder à la prière sur les morts.
MOURIR A LA MECQUE N’EST PAS SYNONYME D’ACCES AU PARADIS
« A la Mecque il y a toujours des morts. Plus de 2 millions de personnes rassemblées en un seul lieu il y a toujours des morts. Quand vous priez à la Ka’aba à la fin de chaque office, on vous annonce tous les jours de bien vous tenir pour prier sur les morts », confie le Président de l’UMT.
Une fois la prière mortuaire faite, il y a des gens pour s’occuper du défunt. « L’enterrement se fait de la même façon que nous le faisons ici », renseigne El hadj Agodomou.
Rendre l’âme à la Mecque ne veut forcément pas dire qu’on a accompli sa 5ème obligation de l’Islam. Preuve, tous les Mecquois n’effectuent pas le pèlerinage. Pour être considéré comme ayant fait son pèlerinage, il faut nécessairement accomplir l’Arafat.
« Le Hajj a quatre grands piliers : la nuit de la sacralisation, l’Arafat, (c’est le grand pilier, le jour du hajj), l’At tawaf ou les 7 tours de la Ka’aba et Al-Marwah. Celui que si vous ne l’accomplissez pas, vous n’avez pas fait le hajj, il est unique c’est l’Arafat. C’est le 9ème jour du calendrier islamique. C’est le lendemain qu’on fête la tabaski ici. Maintenant le reste on peut l’accomplir à votre place », détaille l’imam.
L’accomplissement du hajj est très laborieux. Malgré son caractère religieux, il a un côté harassant que peu de personnes arrivent à supporter surtout les personnes du troisième âge. Conséquence, en dehors des morts, on constate également des malades dans les rangs des pèlerins. Le voyage, le changement de l’alimentation, …peuvent être aussi la cause de ces décès. Cette année, plusieurs jours après le retour des pèlerins, deux d’entre eux (un mari malade et sa femme) sont rentrés après le rétablissement du malade hospitalisé.
« Si vous êtes malades, on vous hospitalise soit Djeddah, à Médine, ou à la Mecque. Des malades sont laissés là-bas pour suivre les soins jusqu’à rétablissement, ils rejoignent les autres pèlerins. On les prend gratuitement en charge. On attend qu’ils guérissent pour rentrer », nous apprend Bouraïma.
Et de poursuivre que l’année dernière, il y a un membre de sa famille qui était tombée malade et hospitalisé là-bas. Après quelques mois il a rendu l’âme. « On l’a pris en charge et enterré sous la supervision du consul du Togo à Djeddah, le consul s’occupe de tout. Il faut rendre grâce au chef de l’Etat qui a accepté nommer un consul là-bas », éclaire-t-il.
Même si mourir sur la Terre sainte n’ouvre pas automatiquement la porte du paradis et encore moins ne donne pas l’assurance d’avoir accompli le hajj, cependant c’est une faveur que beaucoup de musulmans aimeraient en bénéficier. Sur les 2 millions de personnes qui, chaque année, accomplissent le pèlerinage à la Mecque, selon les statistiques des centaines en meurent chaque année et parfois plus quand il y a bousculade. Selon des données publiées en 2016, il y a eu 90 000 morts en 14 ans parmi les pèlerins.
Cette année, 2425 musulmans togolais ont accompli le 5ème pilier de l’Islam en se rendant sur la Terre sainte de l’Islam. Le coût du voyage revient à environ 3 millions 82 mille. Il comprend le billet d’avion, l’hôtel, la restauration, le transport, le visa, les taxes…
Albert AGBEKO
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