Portrait : Yves Dossou, le journaliste rasta qui bouscule les stéréotypes

Dans le paysage médiatique togolais, Yves Dossou ne passe jamais inaperçu. Journaliste reporter à la Radio Kanal FM, il se distingue non seulement par son professionnalisme mais aussi – et surtout – par ses dreadlocks. Un look peu conventionnel dans les cercles journalistiques locaux, souvent jugé à tort et objet de stigmatisation. Pourtant, derrière cette chevelure se cache un homme engagé, passionné et résolument fidèle à son identité.

Un look qui dérange

Le parcours de Yves Dossou est parsemé de regards méfiants et de remarques déplacées. Lors d’une conférence de presse organisée dans un ministère, il s’est vu exiger sa pièce d’identité à l’entrée alors que les autres journalistes passaient sans encombre. À sa question, l’agent de sécurité a répondu sans gêne : « On ne veut pas d’artiste ici ». Cette confusion entre son apparence et son métier n’est pas isolée. Après une manifestation, alors qu’il rentrait du travail, il fut interpellé par des forces de l’ordre incrédules de voir un « rastaman » exercer le métier de journaliste.
Un choix assumé
Pour Yves, ces réactions ne sont pas surprenantes. « Les gens ne connaissent pas vraiment la philosophie rasta », explique-t-il. Selon lui, être rasta, ce n’est pas juste un style, c’est un mode de vie fondé sur des valeurs positives et spirituelles. « Je ne suis pas devenu rasta, je l’étais bien avant de porter les dread looks », affirme-t-il avec conviction. Cette apparence, il la revendique désormais pleinement comme un moyen d’exprimer sa véritable nature.
Une passion née par hasard
Rien ne prédestinait Yves à devenir journaliste. Son rêve initial était de devenir avocat, une passion pour le droit qu’il conserve toujours. C’est en 2006 qu’il rejoint la Radio Kanal FM, d’abord sans ambition précise, avant d’y trouver sa voie. Aujourd’hui, après plus de dix ans sur le terrain, il s’épanouit dans la technique, l’informatique et le reportage de terrain, et aujourd’hui dans la présentation.
Une force tranquille
Malgré les pressions – de ses amis, de ses patrons – Yves a su rester fidèle à lui-même. Après deux tentatives où il a dû couper ses dreadlocks, il a fini par imposer son style avec le soutien discret de ses parents. Célibataire, amateur de football et de films d’horreur, il garde les pieds sur terre et affirme sans détour que le mariage n’est pas une priorité.
Des modèles et des ambitions
Dans sa profession, Yves puise son inspiration auprès de figures emblématiques comme Lawson Drackey, Kouessan Yovodevi, Gilles Bocco ou encore Alain Foka à l’international. Son objectif ? Les égaler, voire les dépasser.
Yves Dossou est bien plus qu’un journaliste aux cheveux tressés. Il incarne la diversité dans les médias et rappelle que le professionnalisme ne se juge pas à l’apparence. À travers ce portrait, il nous invite à dépasser les stéréotypes et à regarder plus loin que les dreadlocks.
Souhaitons-lui de continuer à briser les codes et à inspirer une nouvelle génération de journalistes.
Albert AGBEKO
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