Présidentielle en Côte d’Ivoire : les Ivoiriens votent dans le calme pour élire leur nouveau président

Les électeurs ivoiriens se sont rendus aux urnes ce samedi pour élire le président de la République. Ce scrutin, marqué par une forte présence sécuritaire et une ambiance globalement apaisée, représente un moment crucial pour la stabilité politique du pays, quinze ans après les graves crises postélectorales de 2010 et 2020.

Un scrutin sous haute surveillance
Environ 8,7 millions d’électeurs sont appelés à voter à travers le territoire national pour désigner le futur président de la Côte d’Ivoire parmi cinq candidats retenus par le Conseil constitutionnel :
–Alassane Ouattara, président sortant âgé de 83 ans, en lice pour un quatrième mandat,
–Simone Éhivet Gbagbo, ancienne Première dame et figure historique du FPI,
–Jean-Louis Billon, entrepreneur et ancien ministre du Commerce,
–Ahoua Don Mello, ingénieur et ancien proche de Laurent Gbagbo,
et Henriette Lagou Adjoua, ancienne ministre et l’autre femme en compétition.
Le scrutin se déroule sous la surveillance de 44 000 policiers, gendarmes et militaires, mobilisés pour garantir la sécurité des électeurs et des opérations de vote.
Ambiance calme, mais vigilance maintenue
Dans la capitale économique Abidjan, le vote a démarré dès 7h45 TU dans le calme, selon les observateurs déployés sur le terrain. Dans plusieurs localités du sud et de l’ouest, naguère bastions de l’opposition, les tensions observées ces derniers jours semblent s’être apaisées, même si des incidents isolés ont été signalés.
À Agboville, quatre personnes ont perdu la vie dans une embuscade, dont un gendarme, mais la situation s’est stabilisée samedi matin. « L’élection fait peur, mais nous osons croire qu’il y aura plus de peur que de mal », a déclaré Ibrahime Kuibiert Coulibaly, président de la Commission électorale indépendante (CEI).
Un couvre-feu nocturne a été instauré à Yamoussoukro, capitale politique du pays, pour les nuits de vendredi et samedi, afin de prévenir tout débordement.
Une participation décisive pour la légitimité du scrutin
La participation électorale constitue l’un des enjeux majeurs de cette élection. Si une forte mobilisation est attendue dans le nord, bastion traditionnel du président sortant, les observateurs attendent de voir si le sud et l’ouest, plus frileux, se déplaceront massivement aux urnes.
Selon la CEI, les bureaux de vote doivent fermer à 17h TU, avant le démarrage du dépouillement. Les résultats provisoires sont attendus en début de semaine prochaine.
La CEDEAO et l’Union africaine sur le terrain
Une mission conjointe d’observation CEDEAO–Union africaine, conduite par le Professeur Yemi Osinbajo, ancien vice-président du Nigeria, a sillonné plusieurs communes d’Abidjan, notamment Cocody, Abobo et Koumassi, pour constater le bon déroulement du vote.
La délégation comprenait également :
-Mahamat Saleh Annadif, chef de la délégation de l’Union africaine,
-Bankole Adeoye, commissaire de l’UA en charge des Affaires politiques,
-Abdel-Fatau Musah, commissaire de la CEDEAO pour la paix et la sécurité,
et Fanta Cissé, représentante résidente de la CEDEAO en Côte d’Ivoire.
Ces observateurs ont salué le démarrage effectif et paisible des opérations électorales, tout en appelant les acteurs politiques à la retenue et au respect des résultats qui seront proclamés.
Un scrutin décisif pour l’avenir démocratique
Cette élection, la première organisée dans un climat relativement apaisé depuis une décennie, mettra à l’épreuve la maturité démocratique de la Côte d’Ivoire. Elle pourrait également marquer un tournant générationnel si l’un des nouveaux visages politiques venait à s’imposer face à Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011.
Pour de nombreux électeurs, au-delà des clivages partisans, l’enjeu reste le même : préserver la paix et la stabilité d’un pays qui demeure l’une des principales économies d’Afrique de l’Ouest.
Photo: DR CEDEAO

