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Quelques heures de la reprise des manifestations du Front citoyen « Togo debout », les villes de Lomé, Kpalimé et de Sokodé ressemblent à des villes en état de siège. Début hier, alors qu’aucune manifestation n’est annoncée à Sokodé, des informations reçues de sources concordantes venant de la ville d’où est originaire Tikpi ATCHADAM, l’initiateur du soulèvement du 19 août 2017 au Togo, font état du quadrillage de la ville par un fort détachement de militaires.
Ce matin à Lomé et à Kpalimé le même déploiement de force de sécurité est constaté dans les deux villes alors qu’à Lomé devrait débuter dans quelques heures un meeting du Front citoyen « Togo debout » (FCTD), la première organisation de la société civile.
Alors que la situation est délétère dans ces parties du pays, le ministre de la sécurité, le Général Yark DAMEHANE, convoque la presse nationale et internationale à son cabinet. En présence de son collègue chargé des relations avec les institutions, Christian TRIMUA, il annonce l’échec d’une tentative d’insurrection.
Au moins 5 gendarmes ont été grièvement blessés et 4 fusils d’assaut AK47 emportés, des véhicules et des biens endommagés, a dressé le bilan le ministre de la sécurité de ce qui s’est passé dans la nuit d’hier à aujourd’hui. Selon le Général, cette situation est l’œuvre des individus habillés en noir, armés de manchettes et gourdins qui ont tenté d’attaquer dans la nuit dernière aux environs de 2hures du matin une patrouille de la gendarmerie au niveau du contournement de Lomé. Et de poursuivre, que les renseignements les avaient alertés au sujet d’une tentative d’insurrection qui se préparait par un groupe de jeunes.
La station Total du marché de Sokodé
« Ces insurgés se sont ensuite transportés vers la banque Atlantique où deux gendarmes de garde qui s’y trouvaient ont été violentés et leur armement emporté. Les malfrats ont également tenté d’incendier le commissariat de police, malgré une résistance avec les forces de l’ordre cela ne les a pas empêchés avec des cocktails Molotov d’incendier la voiture d’un policier garée dans la cour », a souligné le Général avant de rassurer « aucune tentative de déstabilisation du Togo ne réussira. On va prendre les auteurs et co-auteurs comme des poules », a-t-il indiqué.
A Sokodé, des scènes similaires se sont produites également à en croire le ministre. Deux gendarmes qui se trouvaient au niveau de la station Total du marché ont été attaqués. Un a été blessé par machette et son arme emportée.
« Les meneurs de ce groupe sont connus », annonce le ministre. Et de poursuivre que le gouvernement tient à rassurer les populations qu’il mettra tout en œuvre pour retrouver ces individus et leurs co-auteurs. Ils feront face à la loi et la justice.
« La violence ne passera pas dans notre pays. Faudrait pas qu’ils pensent avec ces armes ils pourront organiser une insurrection. Qu’ils n’osent pas essayer. Ce que je leur conseille est d’aller laisser ces armes quelque part. Sinon ils seront retrouvés et nous les prendrons comme des poules. Même les commanditaires ne seront pas épargnés » a-t-il martelé le Général.
Cette situation quelque peu surréaliste est révélatrice que l’annonce de la reprise des manifestations de la société civile inquiète. Sinon comment peut-on comprendre que les renseignements aient l’information qu’il se prépare une tentative d’insurrection mais laisse libre aux cours aux insurgés jusqu’à ce qu’ils surprennent les forces de l’ordre et osent même attaquer un commissariat avec des gourdins et des machettes. Et que malgré tout, les éléments de la gendarmerie qui ont été dépouillés de leurs armes AK47, s’il vous plait, à l’aide de gourdins et machettes n’ont pas réussi à mettre la main sur un des insurgés.
Cette histoire ressemble à la tentative de décapitation du CST en son temps à travers l’incendie des grands marchés. C’est une tentative d’étouffement de toute volonté de manifestation de la population. Le but visé c’est de semer la peur au sein de la population pour qu’elle ne sorte pas manifester son ras-le-bol face à un pouvoir qui l’opprime depuis cinq décennies. L’annonce de la disparition des armes dans la ville de Sokodé et de Lomé le confirme. Puisque c’est l’argument qui avait été avancé depuis 2018 pour interdire des manifestations de l’opposition dans les villes de l’intérieur du pays.
Malgré une loi très liberticide en termes de liberté de manifestation, les pouvoirs publics togolais ne sont jamais rassurés, il faut tout faire pour éviter la reprise des manifestations de l’opposition. Cette tentative d’insurrection ne serait qu’un alibi.
Francine DZIDULA
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