Rentrée scolaire : après 20 ans au pouvoir, Faure Gnassingbé offre des fournitures à 100 000 élèves grâce à la Banque mondiale


Annoncée à grand renfort de communication, la campagne nationale de distribution de kits scolaires a été lancée ce mardi 9 septembre 2025 à Djéméni, une localité située à une quinzaine de kilomètres de Notsé (préfecture de Haho). Placée sous le parrainage du président du Conseil des ministres, Faure Essozimna Gnassingbé, cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet SWEDD+ Togo, financé par la Banque mondiale à hauteur de 37,5 milliards de F CFA.
Le projet ambitionne de soutenir plus de 105 000 filles et jeunes femmes dans les régions des Plateaux, de la Kara et des Savanes, ciblées en raison de leurs taux élevés de mariages précoces, grossesses non désirées et abandon scolaire.
Entre communication officielle et réalité amère
Présentée par le gouvernement comme « un moment historique pour bâtir un avenir fondé sur l’égalité des chances », cette opération soulève pourtant de vives critiques. Pour beaucoup, elle traduit davantage une honte nationale qu’une prouesse.
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Soixante ans après l’indépendance, devoir recourir à un emprunt international pour offrir quelques fournitures scolaires apparaît comme un constat d’échec. Le fait que la région de la Kara — fief du président Faure Gnassingbé et terre natale de deux anciens chefs d’État — soit concernée, renforce encore les interrogations.
Une dépendance chronique au financement extérieur
Pour scolariser les enfants togolais, nourrir les cantines scolaires ou même assurer la sécurité sur le chemin de l’école, le pays dépend systématiquement de financements extérieurs. Une situation jugée inadmissible par plusieurs voix critiques.
« C’est une honte ! », dénoncent certains observateurs, rappelant que ce programme ne couvre que 100 000 élèves, soit moins de 2 % des cinq millions d’apprenants au Togo. Les 98 % restants continuent d’être pris en charge par les parents, qui remplissent leur devoir sans bruit, contrairement au gouvernement qui médiatise largement cette action.
Des promesses présidentielles non tenues
La polémique rappelle également la sortie du président en septembre 2022, lorsqu’il avait annoncé un transfert monétaire direct de 3 milliards de F CFA aux parents d’élèves pour l’achat de fournitures scolaires, ainsi qu’une subvention de 2,5 milliards de F CFA destinée à l’acquisition de manuels de lecture et d’écriture pour le primaire. Ces annonces n’ont jamais été concrétisées. Interrogé, Faure Gnassingbé avait reconnu ses manquements et « plaidé coupable ».
La question reste entière : pourquoi le Togo doit-il systématiquement recourir à des financements étrangers pour investir dans l’éducation, alors que pour modifier la Constitution, aucune aide extérieure n’a été sollicitée ?
Pour de nombreux Togolais, le contraste est révélateur d’un manque de priorité accordée à l’éducation, pourtant socle de tout développement durable.
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Francine DZIDULA
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