Soins dentaires gratuits au Togo : Mission Tové-Kovié retrouve le sourire
Après Adétikopé, la mission de consultation et de prise en charge gratuite en santé bucco-dentaire initiée par le Ministère de la Santé poursuit son déploiement dans la préfecture de Zio. Les 26 et 27 décembre 2025, la cour du lycée de Mission Tové-Kovié s’est transformée en véritable centre hospitalier à ciel ouvert, offrant espoir et soulagement à des centaines de patients.
Quand la cour d’un lycée devient un hôpital
Dès les premières heures de la matinée, la cour du lycée de Mission Tové-Kovié bourdonne d’activité inhabituelle. Sous les vérandas, des files disciplinées de patients, fiches de consultation à la main, attendent patiemment leur tour. Fauteuils dentaires, équipements chirurgicaux, personnel médical en blouses : le décor est celui d’un grand hôpital, transporté au cœur de la communauté grâce à une clinique mobile de santé bucco-dentaire.
Cette initiative du Ministère de la Santé, soutenue par le gouvernement togolais, vise à rapprocher les soins spécialisés des populations, notamment celles vivant loin des centres hospitaliers régionaux.
Des patients entre soulagement et reconnaissance envers les soignants
Parmi les patients, Aklesso, visiblement soulagé, attend son passage devant la clinique mobile. Il a parcouru plusieurs kilomètres pour être là.
« J’étais allé à Adétikopé quand l’opération prenait fin. On m’a demandé de venir ici à Mission Tové-Kovié. J’ai donc fait le déplacement. Pour nous qui n’avons pas les moyens de nous faire consulter, c’est une chance », confie-t-il au micro de Togo Scoop.
Comme lui, de nombreux patients viennent parfois de localités voisines, preuve de l’ampleur des besoins en soins dentaires.
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La quarantaine révolue, Adjo, couturière, raconte avec émotion son parcours. Informée par le gongonneur public, elle n’a pas hésité une seconde à se rendre sur le site.
« Je traîne ce mal depuis plusieurs années. J’ai mal à la dent gauche, parfois ça gonfle comme une angine. Quand j’appuie, du pus sort et ça sent mauvais. J’avais honte de m’approcher des gens », raconte-t-elle, la voix tremblante.
« Aujourd’hui, c’est un grand soulagement. Je vais appeler ma tante pour qu’elle vienne aussi avant la fin de l’opération. »
Son témoignage illustre la réalité de nombreux Togolais, contraints de vivre avec des douleurs chroniques faute d’accès financier ou géographique aux soins spécialisés.
Pour Honorine, élève, l’expérience est une première. Assise discrètement sur un banc, elle attend son tour, partagée entre appréhension et impatience.
« J’ai un peu peur parce que je n’ai jamais vu de dentiste, mais on m’a expliqué que ça ne fait pas trop mal. Je veux juste que la douleur parte », glisse-t-elle timidement.
Un sentiment largement partagé chez les plus jeunes, rassurés par la bienveillance du personnel médical.
Les autorités locales saluent une initiative salutaire
Présente sur les lieux, Mme Adjo Agbaglo, maire de la commune Zio 2, a tenu à encourager l’équipe médicale et à remercier les autorités sanitaires.

Elle a salué une action « salvatrice » pour ses administrés, rappelant que la santé bucco-dentaire reste trop souvent négligée, alors qu’elle conditionne le bien-être général.
« Une aubaine pour nos communautés » – Dr Fantognon Kokou Agbeko Jean-Paul
Pour le Dr Fantognon Kokou Agbeko Jean-Paul, chef médecin de santé publique et directeur préfectoral de la santé de Zio, l’impact de la mission est majeur.
« Nous sommes très heureux d’accueillir la clinique mobile de santé bucco-dentaire déployée par le ministère de la Santé. Cette spécialité est importante, mais pratiquement inexistante en périphérie », explique-t-il.
Il rappelle que le système de santé togolais est organisé de manière pyramidale, rendant l’accès aux soins spécialisés difficile pour les populations éloignées des centres régionaux.
« En rapprochant ces soins des populations et en les offrant gratuitement, on supprime à la fois la barrière géographique et la barrière financière », souligne-t-il.
Au-delà du soulagement immédiat, le Dr Fantognon insiste sur l’impact en santé publique.
« Les pathologies bucco-dentaires peuvent rapidement se compliquer. Il y a trois semaines, nous avons perdu un meunier dont l’infection dentaire s’est aggravée jusqu’à atteindre toute la tête », révèle-t-il.
Selon lui, cette mission permettra de prévenir de nombreux cas graves, voire des décès, tout en réduisant considérablement les dépenses de santé des ménages.
Une clinique mobile, un hôpital qui va vers la population
Superviseur de la mission, le Pr Agoda Palakina, professeur agrégé en chirurgie orale et chef du département d’odontostomatologie de l’Université de Lomé, explique le choix de Mission Tové-Kovié.
« Après Adétikopé, où nous avons constaté une forte prévalence des pathologies bucco-dentaires, il était logique d’étendre l’opération à d’autres localités comme Mission Tové-Kovié », précise-t-il.
La particularité de l’intervention réside dans le plateau technique mobile.

« C’est comme si nous avions amené la clinique dans la maison de chaque citoyen. Le déplacement vers l’hôpital est souvent un obstacle majeur », affirme le professeur.
Des soins urgents et un suivi assuré
La mission combine consultation, dépistage et soins urgents. Les cas nécessitant un suivi sont orientés vers des structures adaptées.
« Nous interceptons des pathologies qui peuvent menacer le cerveau, le cœur ou les reins. Nous ne pouvons pas attendre les complications », insiste le Pr Palakina.
À la mi-journée, plus de 70 patients avaient déjà été pris en charge, avec une affluence attendue encore plus importante l’après-midi.
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Les perspectives sont prometteuses. Selon le Pr Palakina, d’autres régions sanitaires bénéficieront prochainement de la clinique mobile.
« L’objectif est clair : couvrir toute l’étendue du territoire togolais et rapprocher durablement l’hôpital de la population », annonce-t-il.
À Mission Tové-Kovié, au-delà des soins, c’est la dignité et l’espoir qui sont restaurés. Sourires retrouvés, douleurs soulagées, poches ménagères épargnées : la clinique mobile de santé bucco-dentaire s’impose comme un puissant levier d’équité sanitaire au Togo.
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Albert Akouété AGBEKO
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