
L’arrestation et la détention « arbitraires » de Mme Grâce Koumayi Bikonibiyate, sage-femme et défenseure des droits des femmes, inquiètent profondément la communauté internationale. Fondatrice de l’association « Faire autrement l’accouchement » et active sur les réseaux sociaux pour dénoncer les violences obstétricales et promouvoir la bonne gouvernance, Mme Koumayi a été interpellée le 3 octobre 2025 à son domicile dans le quartier d’Agoè, à Lomé.

Dans un communiqué rendu public, l’Observatoire pour la protection des défenseur·es des droits humains, en partenariat avec l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), annoncent que trois hommes en tenue civile, se présentant comme des gendarmes, ont arrêté Mme Koumayi sans mandat légal. Son fils de trois ans a été violemment repoussé lors de l’intervention. La militante a ensuite été emmenée au Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC) pour y être interrogée à plusieurs reprises, sans accès à un avocat ni à des soins médicaux, malgré ses problèmes de santé.
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Les interrogatoires ont porté sur ses vidéos critiques envers le gouvernement et sur des accusations de mobilisation de jeunes à l’étranger, ce qu’elle a réfuté. Mme Koumayi a été inculpée pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État » et « trouble aggravé à l’ordre public » et transférée à la Prison Civile de Lomé le 7 octobre 2025. Depuis, elle a été envoyée à l’unité « Cabanon » du Centre Hospitalier Universitaire de Lomé, où les conditions sanitaires sont jugées précaires.
L’Observatoire dénonce ces pratiques, les qualifiant de violation flagrante des droits à la liberté d’expression et à la protection judiciaire, ainsi que des normes internationales relatives au traitement des détenus. L’organisation rappelle que Mme Koumayi avait déjà été victime d’arrestation arbitraire et de torture en juin 2025, sans qu’aucune enquête indépendante n’ait été ouverte.
L’Observatoire appelle les autorités togolaises à libérer immédiatement et sans condition Mme Koumayi Bikonibiyate et l’ensemble des défenseur·es des droits humains détenu·es arbitrairement, à garantir son accès aux soins, et à mettre fin à tout acte de harcèlement judiciaire à l’encontre des militants. L’organisation exhorte également l’État à respecter pleinement les droits fondamentaux consacrés par la Constitution et les instruments internationaux, en particulier la liberté d’expression et le droit à la réunion pacifique.
Cette affaire met en lumière les défis persistants de l’espace civique au Togo, où le cyberactivisme et l’engagement citoyen continuent de s’exposer à des risques de répression et de criminalisation.
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Francine DZIDULA
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