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TOGO: COMMENT LE PNP PREPARE UN 19 AOÜT BIS



S’achemine-t-on vers un remake du 19 août 2017 ? C’est la question qui taraude les esprits de tout observateur averti de la scène politique togolaise à la suite de l’annonce faite à la dernière réunion hebdomadaire du Parti nationaliste panafricain (PNP), le parti de Tikpi Salifou ATCHADAM tenue ce samedi à Lomé. A l’issue de cette réunion, le parti chef de file de la contestation du pouvoir de Faure GNASSINGBE a lancé un appel pour une gigantesque marche le 13 avril prochain.

20 mois après sa première manifestation d’envergure qui a failli emporter le régime du fils d’Eyadema dont la famille régente le Togo depuis plus de cinq décennies, le PNP veut rééditer son exploit. Tout comme pour août 2017, la manifestation sera organisée de façon simultanée dans 10 villes togolaises (à savoir Dapaong, Mango, Bafilo, Sokodé, Tchamba, Anié, Afagnan, Kévé, Kpalimé et Lomé) et dans la diaspora (aux Etats-Unis, Canada, Italie, Belgique, Hollande et Suisse).

Il y a presque deux ans c’est le même scénario qui avait été adopté par le PNP qui était un parti inconnu sur la scène politique nationale. Quand il a lancé son appel à la mobilisation nationale et dans la diaspora pour le 19 août personne ne vendait chère sa peau. D’autant plus que les partis qui jusque-là étaient considérés comme de grandes formations politiques ne c’étaient pas lancés ce pari. Cette perplexité se traduit surtout par le fait que l’ANC, le principal parti de l’opposition, quelques jours plus tôt, a peiné pour mobiliser la foule le 03 août. Dans ces conditions, comment une parfaite inconnue -née il y a peine 4 ans et qui n’a jamais participé à une consultation électorale-sur l’échiquier politique pourrait-elle relever ce défi.

19 AOUT 2017, LE JOUR OU LE POUVOIR DE FAURE GNASSINGBE A FAILI TOMBER

Mais c’est sans compter sur le travail de fourmi que le parti de Tikpi ATCHADAM avait fait sur le terrain et qui s’est relevé au grand jour à la surprise du pouvoir qui ce jour-là a vacillé.

Quelques jours avant la date prévue pour la marche, le pouvoir sentant la menace a usé de l’intimidation pour décourager mais c’est sans compter sur la détermination des responsables du parti au cheval.

A la suite de la réunion préparatoire du 10 août entre le ministre de l’Administration territoriale et les représentants du PNP, le premier demandant au second de modifier les itinéraires de la marche pour ne pas bloquer la nationale N°1, réunion qui n’a pas permis aux deux parties de trouver un point d’accord, les ministres de l’Administration et de la sécurité organisent le jeudi 17 août une conférence de presse. Dans  la salle de conférence du ministère de l’Administration archi-comble, les ministres BOUKPESSI Payodowa et Yark DAMAHANE menacent  responsables du parti  avant de finalement faire  savoir que la marche n’était pas interdite mais recommandent aux organisateurs de changer d’itinéraire. Les ministres vont jusqu’à partager des clés USB aux journalistes sur lesquelles des prétendus individus qui s’entraineraient dans des camps militaires dans un pays voisin s’apprêteraient à rentrer au pays au cours de cette marche pour semer des troubles. Et le ministre Yark de mettre en garde : « S’ils s’entêtent, ce n’est pas à l’autorité de reculer. Nous savons ce qu’ils ont en tête mais ça ne passera pas dans ce pays. On va les disperser au point de rassemblement d’une façon propre. Advienne que pourra(…). C’est quoi le PNP ? Il n’y a pas de partis politiques avant le PNP ? ».

Ces menaces et intimidations n’ont ébranlé la déterminer du PNP. Le parti de Tikpi ATCHADAM a maintenu sa marche.

Et le 19 août, Lomé, Anié, Bafilo, Kara et Sokodé ont vibré au rythme des premières manifestations d’envergure nationale du PNP. Si globalement, ces manifestations se sont déroulées sans incidents majeurs dans les autres villes, à Sokodé, ville natale du président du PNP et considérée comme fief du parti, les manifestations ont dégénéré faisant deux morts et plusieurs blessés. Des édifices publics notamment le commissariat de la ville a été saccagé et des manifestants auraient  emporté des armes de guerre.

Par cette manifestation réussie du point de vue mobilisation malgré la violence, Tikpi ATCHADAM venait de faire une entrée fracassante sur l’échiquier national. Désormais, il est devenu un acteur incontournable malgré son humilité qui l’a poussé le lendemain de la grande mobilisation à lancer un appel à « son grand frère », Jean-Pierre FABRE à le rejoindre pour amplifier la contestation en vue du départ de Faure GNASSINGBE.

Et depuis des manifestations se sont suivies jusqu’à ce que le chef de l’Etat sentant son fauteuil menacé a sollicité ses pairs de la CEDEAO qui ont entrepris une médiation avec son opposition pour trouver une solution apaisée à la crise. Cette médiation a élaboré une feuille de route qui devra déboucher sur les réformes institutionnelles, constitutionnelles et électorales avant les élections législatives prévues pour le 20 décembre 2019. Mais l’institution sous régionale n’a pas pu mettre en œuvre sa propre feuille de route avant ce scrutin boycotté par la Coalition des 14 partis de l’opposition (C14).

Alors qu’au lendemain de ce scrutin, la C14 est minée par des divisions internes, le PNP n’a jamais perdu l’objectif de la lutte qui est le retour de la constitution de 1992 et le vote de la diaspora. C’est pourquoi il ne cesse de demander à ses partenaires politiques au sein de la C14 de ne pas se tromper d’adversaire mais d’occuper le terrain en mobilisant les populations pour reprendre la contestation.

Et depuis janvier, le parti de Tikpi a repris la mobilisation de sensibilisation  de sa base. Après trois mois d’action sur le terrain, le parti lance pour ce 13 avril une grande mobilisation dans dix villes du pays et dans la diaspora avec les mêmes objectifs comme cela avait été le cas en août 2017 : renverser le régime en place ou à défaut obtenir les réformes.

Face aux tentatives de l’opposition de reprendre la lutte, Gilbert BAWARA déclarait « qu’il n’y aura plus de 19 août au Togo ». Le PNP réussira-t-il à faire mentir BAWARA ? Voilà tout l’enjeu de la marche du 13 avril.

Ce qui est évident est que le peuple togolais ne veut pas être le seul pays de la sous-région réfractaire à la démocratie et à l’alternance. Il aspire tout comme les autres pays de la sous-région à une société fondée sur la justice, l’équité et le respect des droits de la majorité mais aussi de la minorité. Et ceci passe par l’instauration d’un régime démocratique garantissant l’état de droit et la stabilité. Et la voie pour y parvenir est les réformes. Tant qu’elles ne seront pas faites, c’est en vain qu’on proclamera qu’il n’y aura plus un autre 19 août.  Tant que le peuple togolais sera avide de liberté, et de démocratie comme les autres peuples de la sous-région qui méritent respect, il se lèvera toujours. Cela avait été le cas un 05 octobre 1990, un 19 août 2017. Ça pourrait également être un 13 avril 2019. A moins que le pouvoir décide autrement en votant les réformes.

Tout dépend de la capacité de régime à répondre favorablement à ces aspirations aux réformes qui sont majoritaires dans le pays. C’est en cela qu’il serait important que  l’Assemblée nationale qui fera sa rentrée en avril de donner un signal fort au peuple togolais en votant favorablement les réformes pour lesquels les 2/3 de la population approuvent selon les sondages Afrobaromètre. Sans cela on pourra proclamer qu’il n’y aura pas un second 19 août mais quand un peuple avide de changement se lève même la meilleure armée du monde ne peut le contenir.

Po/04/03/19

Francine DZIDULA

scoopinfotg@gmail.com

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