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Togo : le Quai d’Orsay sous le feu des critiques après l’expulsion du journaliste Thomas Dietrich

 

 

Journaliste français indépendant, Thomas Dietrich a été molesté par la police togolaise puis expulsé du pays le mardi 16 avril, pour « entrée illégale sur le territoire », alors qu’il disposait d’un visa en règle, d’après lui. Un évènement qui intervient dans un contexte politique tendu, à quelques jours des élections législatives.

TOGOCOM

Journaliste français indépendant, Thomas Dietrich a été molesté par la police togolaise puis expulsé du pays ce mardi 16 avril, pour « entrée illégale sur le territoire ». Il venait y écrire un article pour le journal Afrique XXI, mais c’est une première vidéo, publiée sur son compte X (ex-Twitter) personnel, qui a mis le feu aux poudres, selon lui.

 

Fin mars, l’Assemblée nationale togolaise, très largement acquise à la cause du président Faure Gnassingbé du fait du boycott du scrutin de 2018 par les oppositions, adoptait par un score soviétique la nouvelle Constitution. Celle-ci vise à instaurer un régime parlementaire et non plus présidentiel dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Il reviendra au Parlement togolais d’élire le président de la République « sans débat » et « pour un mandat unique de six ans ».

 

Au Togo, les élections présidentielles sont régulièrement le théâtre de contestations du pouvoir en place. Le vote de la nouvelle Constitution a eu pour conséquence le report de la date des élections législatives, au 29 avril, sous les protestations des oppositions politiques et de la société civile.

 

 

C’est dans ce contexte de tension politique que Thomas Dietrich s’est présenté à la frontière entre le Bénin et le Togo. Il raconte ne pas avoir réussi à y obtenir une accréditation de journaliste, mais un visa. « Je suis donc entré dans la nuit du 10 au 11 avril sur le territoire togolais, en espérant obtenir dans un second temps une accréditation », relate le journaliste français. Il publie alors sur X, le 14 avril, une vidéo de présentation du contexte politique nationale, qui cumule à ce jour 185 000 vues.

 

 

Il se rend ensuite le 15 avril à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication togolaise, dans l’espoir d’y obtenir une accréditation. Et c’est lorsqu’il ressort du bâtiment que les ennuis commencent pour Thomas Dietrich. Deux véhicules déboulent. Des policiers cagoulés en sortent, pour le tirer à l’intérieur de l’un des deux, et l’emmener à la direction centrale de la police. Le journaliste est alors molesté : « Un des policiers m’a giflé, ils m’ont ordonné de me déshabiller puis d’enlever mon alliance. Lorsque j’ai refusé, l’un d’eux m’a étranglé. »

 

« ILS M’ONT DIT : “TU AS INSULTÉ NOTRE PRÉSIDENT !” »

Après plusieurs heures de brimade, le journaliste a fini par pouvoir prévenir ses proches de la situation et se procurer un avocat. Le 16 avril au matin, il est jugé lors de ce que les autorités togolaises appellent « une procédure sommaire ». « Le procès kafkaïen dure une trentaine de minutes. Ils ne voulaient pas m’inculper pour des motifs politiques. Ils ont donc choisi de me condamner pour “entrée illégale sur le territoire togolais”, après avoir tamponné “Annulé” sur mon visa », résume Thomas Dietrich.

 

Le journaliste français est condamné à six mois de prison avec sursis, assortie d’une amende avec sursis, d’une expulsion ainsi que de cinq ans d’interdiction du territoire togolais. Les autorités de ce pays d’Afrique de l’Ouest en ont profité pour suspendre provisoirement la délivrance d’accréditations à tous les journalistes étrangers. « C’est clairement ma vidéo qui a posé problème. Les policiers me l’ont dit : “Tu as insulté notre président !” Le reste n’était qu’un moyen détourné pour m’empêcher de couvrir la révision de la Constitution et les relations France-Togo », affirme Thomas Dietrich.

 

Aurélien Saintoul, député insoumis des Hauts-de-Seine et secrétaire de la Commission de la défense nationale et des forces armées, a été mis au courant de la situation du journaliste. Et il déclare avoir été « stupéfait » par la réaction du Quai d’Orsay. Le 15 avril au soir, il contacte la conseillère parlementaire du ministère des Affaires étrangères, Helena Robyn, qui se montre d’abord rassurante sur la situation du journaliste. Mais le 16 avril, plus aucun de ses SMS et tentatives d’appels n’obtient de réponse, d’après lui.

 

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« En tant que parlementaire, il est légitime d’être tenu informé de l’évolution de la situation, d’autant que cela permet de relayer les informations auprès d’autres personnes inquiètes. Or, cela n’a pas été possible », dénonce Aurélien Saintoul. Joint par Marianne, le ministère des Affaires étrangères a réagi : « Le ministère a bien répondu aux sollicitations du député Saintoul avec les éléments en sa possession. Alléguer que le ministère aurait fait preuve d’un niveau de discrétion particulier est donc faux. »

 

« LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EST TÉTANISÉE »

Selon Aurélien Saintoul, Helena Robyn a fini par lui envoyer un message, dans la soirée. « Elle me dit que Thomas Dietrich avait un visa incomplet, retranscrivant presque mot pour mot les allégations fantaisistes des autorités togolaises, comme s’il s’agissait d’une parole d’évangile », s’étonne le député.

 

Le Quai d’Orsay répond : « Mme Robyn n’a fait que retranscrire les chefs d’accusation et la peine prononcée tels que communiqués par les autorités togolaises. Il ne s’agissait en rien d’émettre une appréciation sur la décision de la justice togolaise mais de transmettre en quasi-temps réel les dernières informations sur la situation, à la demande insistante du député Saintoul. » Le ministère des Affaires étrangères rappelle que l’ambassade « a eu à plusieurs reprises l’avocat de M. Dietrich au téléphone et une fois M. Dietrich lui-même lors de sa garde à vue de courte durée ».

 

 

Thomas Dietrich se dit lui-même « sidéré » par la réponse du ministère des Affaires étrangères : « J’ai passé autour de 29 heures de détention, ça n’est pas vraiment de courte durée. J’ai eu l’ambassadeur au téléphone pendant environ 15 secondes. Il voulait savoir si j’avais été maltraité, mais l’officier de police judiciaire se trouvait à côté de moi à ce moment-là. Dire qu’ils ont suivi la situation avec attention est absolument dingue. L’ambassade n’a pas répondu aux appels de Reporters sans frontière ou de journalistes qui s’inquiétaient de mon sort entre lundi et mardi. »

 

Thomas Dietrich s’étonne, lui, du silence public des autorités françaises : « Elles n’ont pas communiqué sur cette affaire. Ça serait bien que la diplomatie française se positionne sur les violations des droits d’un journaliste, plutôt que de les laisser être maltraités. Elle est complètement tétanisée, n’osant plus dire quoi que ce soit, par peur de vexer le Togo et de le voir tomber dans les bras d’une puissance étrangère, comme la Russie. Il y a une vraie perte de puissance de la France. »

 

 

Le Quai d’Orsay répond : « Les propos de M. Dietrich ne sont pas conformes à la réalité du travail de notre ambassade pour s’assurer de sa sécurité. Nous tenons à souligner que M. Dietrich dans ses échanges avec l’ambassadeur n’a pas fait part de son souhait de communiquer sur sa situation. Toutes nos actions auprès de M. Dietrich et son avocat n’ont été motivées que par notre souci des ressortissants français à l’étranger, et particulièrement des journalistes. » Thomas Dietrich annonce sa volonté de porter plainte pour violences contre les autorités togolaises.

 

 

Source : Marianne

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