Togo : Surpopulation et traitements inhumains en détention préventive – L’ASVITTO tire la sonnette d’alarme
La situation des détenus en détention préventive au Togo continue d’inquiéter. Selon l’Association des Victimes de la Torture au Togo (ASVITTO), la cellule réservée aux prévenus dans un établissement pénitentiaire du pays abriterait 126 personnes dans un espace de seulement 4 mètres sur 6. Une densité extrême qui constitue une violation flagrante des normes internationales en matière de droits humains et de conditions de détention.
Une surpopulation carcérale aux conséquences dramatiques
La cellule, d’une superficie totale de 24 m², devrait normalement accueillir moins de 10 personnes si l’on se réfère aux standards recommandés par les Nations unies. À la place, plus de cent détenus s’y entassent, dormant assis ou debout, dans une chaleur suffocante et sans accès suffisant à l’air ou aux soins.
Ces conditions extrêmes provoquent déjà des conséquences visibles sur la santé physique et mentale des prévenus.
- Pieds œdémateux, liés au manque de mouvement, à la mauvaise circulation sanguine et au confinement prolongé.
- Épisodes de délire et troubles psychologiques, résultant de l’angoisse, de l’absence d’espace vital et de l’hygiène dégradée.
- Risques élevés d’infections cutanées et de maladies transmissibles.
C’est le cas par exemple de Steeve Rouyar, l’expert-comptable guadeloupéen qui vient de boucler 160 jours de détention au Service central de recherche et d’investigations criminelles (SCRIC) de Lomé.
Selon ses proches, à la suite de la visite du Consul de France à Lomé, ses conditions de détention restent inchangées. Steeve dort à même le sol. Sa santé se dégrade. En plus, il souffre d’une affection respiratoire due à un virus et de problèmes dentaires. Malgré que ses proches aient financé ses soins, il n’a pas pu rencontrer un dentiste.
Lire aussi : Les actes de torture continuent d’être infligés au Togo, selon l’ASVITTO
Des situations qui s’apparentent, selon les observateurs, à des traitements dégradants et inhumains, interdits par la Constitution togolaise ainsi que par la Convention contre la torture.
L’ASVITTO exprime une vive préoccupation
L’Association des Victimes de la Torture au Togo (ASVITTO) se dit profondément alarmée par cette situation qu’elle qualifie de « violation grave et persistante des droits fondamentaux des détenus ». L’organisation rappelle que les personnes placées en détention préventive ne sont pas encore jugées et bénéficient de la présomption d’innocence.
Dans une déclaration récente, l’ASVITTO souligne que :
-La surpopulation compromet le droit à la santé et à la dignité humaine ;
-Le manque d’accès à un espace de vie décent constitue un traitement cruel au regard des normes internationales ;
-L’État a l’obligation de garantir des conditions de détention conformes aux règles Mandela (Règles minimales des Nations unies pour le traitement des détenus).
L’association appelle les autorités togolaises à une action urgente pour décongestionner les cellules, accélérer les procédures judiciaires et renforcer les mécanismes de contrôle des lieux de détention.
Quelles réponses possibles ?
Plusieurs organisations locales et internationales plaident depuis des années pour :
-La réduction de la détention préventive, souvent prolongée au-delà des délais légaux ;
-L’amélioration des infrastructures pénitentiaires ;
-La mise en place de mécanismes alternatifs à l’incarcération, notamment pour les délits mineurs ;
-Un meilleur accès aux soins médicaux et une prise en charge psychologique systématique.
Ces réformes sont essentielles pour éviter que les établissements pénitentiaires ne deviennent des foyers de souffrance, d’indignité et de violations massives des droits humains.
Un enjeu majeur pour l’État de droit au Togo
La situation des 126 prévenus confinés dans une cellule de 4 m × 6 m représente un symbole alarmant des défis que rencontre le système pénitentiaire togolais. Au-delà de l’indignation, elle pose une question cruciale : comment garantir un État de droit lorsqu’un citoyen présumé innocent peut être détenu dans des conditions inacceptables ?
L’amélioration des conditions de détention apparaît aujourd’hui comme un test de volonté politique et un impératif humanitaire urgent.
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de togoscoop.tg, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
Francine DZIDULA
E-Mail: togoscoop@gmail.com
Tél : (00228) 90 96 63 64/ 99 56 57 88 : Pour vos reportages, annonces et publicité, contacter le service commercial de votre site Togoscoop.

