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TRIBUNE LIBRE/« FMI–Togo : Helly Gbene décode les signaux d’alerte et appelle à une souveraineté économique lucide »

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YAS SOWE

 

Alors que le Fonds monétaire international (FMI) vient d’achever la deuxième revue de l’accord au titre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC), le Togo se trouve à un tournant économique décisif.

D’un côté, une croissance stable estimée à 5,3 % pour 2024 et des réformes macroéconomiques saluées par la communauté internationale.

De l’autre, une dette publique qui dépasse 72 % du PIB, un déficit budgétaire élargi et une gouvernance économique encore fragile.

 

Ce double visage révèle la complexité du moment : soutenir la croissance sans perdre la soutenabilité, réformer sans dépendre, investir sans s’endetter à outrance.

 

Face à ce constat, le FMI souligne des marges d’action claires mais exigeantes : améliorer la gouvernance budgétaire, élargir l’assiette fiscale, accroître la transparence de la dette et stimuler la productivité intérieure.

 

Helly Gbene, Expert en veille stratégique et développement, et CEO du Cabinet IF&C-Togo en tire une lecture lucide et souveraine.

Il propose un plan en dix mesures concrètes :

• Créer un Observatoire national de la dette,

• Numériser la fiscalité locale et foncière,

• Lancer une stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme (SMR-2030),

• Réformer les subventions non ciblées,

• Investir massivement dans la transformation agro-industrielle et territoriale.

 

Autant de leviers pour replacer le Togo sur une trajectoire de souveraineté économique maîtrisée, où la rigueur financière rime avec efficacité, inclusion et ambition nationale.

 

Une croissance réelle mais budgétairement sous pression

 

Le FMI reconnaît la résilience macroéconomique du Togo : croissance soutenue à 5,3 %, inflation stabilisée à 2,6 %, recettes en hausse modérée.

Mais ces chiffres masquent des tensions : le déficit budgétaire a dépassé les 7 % du PIB et la dette publique a franchi le seuil de vigilance des 70 %.

 

Le pays investit plus qu’il ne collecte, et compense par l’endettement.

Cette trajectoire, bien que justifiée par des impératifs sociaux et sécuritaires, fragilise la soutenabilité à moyen terme.

Le FMI l’a souligné : le modèle de financement actuel doit être rééquilibré vers plus de transparence et une meilleure allocation des ressources publiques.

 

Des manquements structurels qui freinent la performance

 

Le rapport du FMI met en lumière plusieurs points de vigilance :

• Des opérations extra-budgétaires mal intégrées, qui gonflent la dette sans visibilité claire.

• Une mobilisation des recettes encore limitée, concentrée sur la fiscalité indirecte.

• Des dépenses sociales peu ciblées, réduisant l’efficacité de la dépense publique.

• Des réformes structurelles lentes, notamment dans le secteur bancaire (UTB) et la gouvernance publique.

Ces manquements ne traduisent pas un manque de volonté politique, mais un modèle institutionnel qui reste trop vertical et peu agile.

La solution n’est donc pas uniquement budgétaire : elle est stratégique et systémique.

Lire le rapport autrement : un levier de souveraineté

Plutôt que de subir les recommandations du FMI, le Togo doit en faire un outil de repositionnement souverain.

Trois priorités s’imposent :

 Repenser le financement de la croissance

Réorienter la dette vers des instruments régionaux et de long terme, mieux adaptés aux cycles africains.

 

Accélérer la transparence

Institutionnaliser la publication trimestrielle des données budgétaires et de la dette consolidée via un Observatoire national de la dette et de la performance publique.

 Réformer la fiscalité en profondeur

Passer d’une fiscalité de consommation à une fiscalité de croissance, en intégrant les filières productives, les revenus du numérique et les taxes environnementales.

Pour une gouvernance économique fondée sur la performance

Le Togo ne pourra franchir un cap sans une transformation de son modèle de gouvernance économique.

Cela implique :

Une budgétisation axée sur les résultats.

Chaque ministère doit être évalué non sur ses dépenses, mais sur ses impacts économiques et sociaux.

Une intégration des outils de veille stratégique.

Les décisions publiques doivent s’appuyer sur des données fiables, en temps réel, et non sur des rapports postérieurs à l’action.

Une transparence de haut niveau.

L’information économique doit devenir un bien public. Ce n’est pas un luxe de démocratie, c’est une nécessité d’efficacité.

Dix propositions concrètes pour une souveraineté durable

« Gouverner, c’est exécuter, pas promettre. » Helly Gbene

Voici dix leviers immédiats, issus d’une lecture pragmatique du rapport du FMI et des besoins réels du pays :

1. Créer un Observatoire national de la dette et de la performance publique (Président du Conseil).

2. Auditer toutes les opérations hors budget 2022–2024 et en publier les conclusions.

3. Lancer la Stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme (SMR-2030).

4. Numériser la fiscalité foncière et les recettes locales (objectif : 70 % de couverture à Lomé d’ici 18 mois).

5. Plan national de transformation agro-industrielle, axé sur la valeur ajoutée exportable.

6. Finaliser la réforme de l’UTB et la gouvernance des entreprises publiques.

7. Cibler les subventions via l’identifiant biométrique national.

8. Réduire les subventions énergétiques non ciblées, au profit de programmes sociaux ciblés.

9. Accroître les emprunts à long terme sur les marchés régionaux (UEMOA).

10. Lancer un plan d’investissement territorial pour le Nord du pays (infrastructures, énergie, emploi rural).

Ces mesures ont un dénominateur commun : discipline, transparence et impact mesurable.

Le courage économique comme boussole

Le Togo n’a pas besoin de nouvelles promesses.

Il a besoin de courage économique — celui de faire ce qui est nécessaire, pas ce qui est populaire.

« Le courage économique n’est pas de dépenser moins, mais de dépenser juste. » Helly Gbene

Ce courage commence par la lucidité, se poursuit dans la transparence et s’accomplit dans l’exécution.

La croissance ne sera durable que si elle repose sur une souveraineté économique assumée, une gouvernance responsable et une vision africaine du développement, fière de ses choix.

 

Par Helly Gbene, Expert en veille stratégie et développement – CEO du Cabinet IF&C -Togo

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