

Alors que le président béninois Patrice Talon confirme son retrait après deux mandats et prépare sereinement sa succession, le Togo reste englué dans une présidence à vie orchestrée par Faure Gnassingbé. Une situation que dénoncent de plus en plus de voix, dont celles des artistes togolais Aamron et Almok.
Talon, un président qui respecte sa promesse
Dans un geste rare en Afrique de l’Ouest, Patrice Talon a réaffirmé son engagement à ne pas briguer un troisième mandat. Fidèle à sa parole, il quitte le pouvoir après deux mandats et a même désigné son successeur : Romuald Wadagni, un jeune de 49 ans, actuel ministre de l’Économie.
Un choix audacieux et réfléchi, perçu comme un signe fort de patriotisme et de responsabilité. Talon incarne ainsi une conception du pouvoir comme une mission temporaire au service du peuple, et non comme un héritage à vie.
Almok salue Talon, mais pointe le Togo
La chanteuse togolaise Almok n’a pas manqué de réagir à cette annonce. Dans une déclaration relayée sur les réseaux sociaux, elle souligne :
« Le départ annoncé du Président Patrice Talon marque un tournant majeur dans l’histoire politique du Bénin. En désignant le Ministre Romuald Wadagni comme candidat à sa succession, le Chef de l’État fait un choix audacieux, réfléchi et profondément tourné vers l’avenir. (…) Ce signal fort en faveur de la relève, de l’innovation et de la compétence mérite d’être salué. Il témoigne d’un patriotisme lucide et d’un sens élevé des responsabilités, que bien des dirigeants gagneraient à méditer. Et pendant ce temps… au Togo, l’histoire semble encore hésiter à s’écrire autrement. »
Par ce parallèle, Almok salue l’élégance démocratique du Bénin tout en dénonçant implicitement le blocage politique togolais.
Faure Gnassingbé, l’exception autoritaire de la sous-région
Au Togo, la situation est tout autre. Depuis 2005, Faure Gnassingbé se maintient au pouvoir par des révisions constitutionnelles taillées sur mesure. Après avoir contourné la limitation de mandats, il s’est offert bien plus qu’un cinquième mandat, instaurant de facto un règne à vie.
Cette stratégie, dénoncée comme un tour de passe-passe institutionnel, a fait du Togo une curiosité politique sous-régionale, au moment où la plupart des pays voisins connaissent des alternances démocratiques, parfois même après des crises..
Alors que le Ghana, le Nigeria, le Sénégal, ou encore le Bénin ont connu des transitions démocratiques – avec leurs réussites et leurs limites – le Togo reste figé dans une logique dynastique. Ce statu quo nourrit la frustration sociale, la défiance envers les institutions et isole le pays dans l’espace ouest-africain.
Et pendant ce temps…
L’exemple de Patrice Talon rappelle que le pouvoir est un service rendu à la nation, et non une propriété personnelle. Comme le conclut Almok, « au Togo, l’histoire semble encore hésiter à s’écrire autrement ».
Une formule qui résonne comme un avertissement : tant que l’alternance sera confisquée, le Togo demeurera en marge de la dynamique démocratique qui traverse la sous-région.
Cette immuabilité politique du Togo l’isole progressivement dans un espace ouest-africain en mouvement. Alors que les peuples exigent des institutions fortes et des transitions pacifiques, Lomé s’accroche à une logique de pouvoir personnel. Une situation qui nourrit frustration, contestations sociales et défiance vis-à-vis des institutions.
Vers un réveil citoyen ?
L’exemple béninois devrait pourtant servir de leçon. Le départ volontaire de Patrice Talon rappelle que le pouvoir n’est pas un héritage mais une mission temporaire au service de la nation. Le peuple mérite d’expérimenter d’autres visions, d’autres talents, d’autres horizons. Le Togo ne peut pas rester prisonnier d’un seul nom.
Et pendant que le Bénin se prépare à tourner une page, le Togo reste coincé dans un chapitre qui semble ne jamais vouloir se refermer.
Francine DZIDULA
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