Togo: Rejet de la demande de liberté provisoire pour l’activiste Affectio
La déception était palpable ce mercredi 26 février 2025 à la Cour d’appel de Lomé sise à Cacavéli. Les partisans d’Honoré Sitsopé Sokpor, plus connu sous le pseudonyme Affectio, sont repartis abattus après le rejet de sa demande de liberté provisoire. Arborant des T-shirts frappés du slogan « Libérez Affectio », ils espéraient voir leur camarade libre en attendant son procès. Mais en quelques minutes seulement, le juge a tranché : Affectio restera en détention.
Lomé : L’activiste Honoré Sitsopé Sokpor, alias Affectio, devant la cour d’appel ce matin
L’activiste est incarcéré depuis le 12 janvier 2025, après la publication sur Facebook de son poème « Fais ta part », un texte dénonçant l’arbitraire et l’oppression. Un écrit que les autorités ont considéré comme une incitation à la révolte contre les institutions. Deux jours après son arrestation, il avait été inculpé pour atteinte à la sécurité intérieure de l’État et placé sous mandat de dépôt. Ses avocats, dénonçant un vice de procédure, avaient introduit une demande de liberté provisoire, mais celle-ci vient d’être rejetée.
Pour Me Darius Atsoo, l’un des avocats de la défense « la chambre d’instruction près la Cour d’Appel de Lomé ayant rejeté ce matin tous nos moyens en faveur d’une mise en liberté provisoire, même sous contrôle judiciaire ou sous caution. Nous continuerons par nous battre sur le plan légal ».
Même son de cloche de la part de Me Apevon Dodji, un autre avocat de l’activiste. Il dit ne pas être surpris par cette décision, tout en assurant que « les procédures continuent ». De son côté, l’activiste Fovi Katakou, rencontré au tribunal, a exprimé sa profonde amertume :
« C’est avec désolation que nous avons appris cette décision. Si, dans un pays, on ne peut pas exprimer son opinion, si l’on ne peut pas traduire le ressenti de la population en mots, c’est grave. En 2025, si l’on peut être arrêté pour une simple poésie, nous devons nous interroger et nous mobiliser. Parce que si aujourd’hui, cela arrive à Affectio, demain, ce sera le tour de qui ? »
Pour les défenseurs des droits de l’Homme, cette affaire illustre une nouvelle fois le climat de répression qui pèse sur le Togo. Affectio rejoint ainsi Jean-Paul Oumolou et d’autres prisonniers politiques ou d’opinion en attente de jugement. Ses soutiens, quant à eux, promettent de poursuivre la mobilisation pour obtenir sa libération et celle de tous les détenus politiques du pays.
Albert AGBEKO
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