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YAS ET CONFAM

5 février 2005 : Premier essai concluant de la dévolution monarchique du pouvoir en Françafrique

YAS ET CONFAM

 

 

 

Samedi 5 février 2005, jour de week-end normal pour les Togolais. Les uns se reposent chez eux, d’autres sont partis au village pour des funérailles de proches comme d’habitude, d’autres encore font leurs emplettes au marché pour les provisions de la semaine.

En début d’après-midi, des rumeurs auxquelles peu de Togolais croyaient faisant état du décès d’Eyadéma avaient commencé à circuler de bouche à oreille.

Depuis sa dernière apparition publique au défilé militaire et civil du 13 janvier 2005 où il présentait des signes ostensibles de fatigue et de mal-être, les Togolais ne le voyaient plus trop sur les écrans de la TVT accordant des audiences à ses visiteurs.

Plusieurs sources l’annonçaient malade depuis plusieurs mois. Transféré par un avion médicalisé qui serait en route pour Israël afin d’y subir des soins faute d’hôpitaux dignes de ce nom au Togo, il dut rendre son âme dans les airs au-dessus du Maghreb en présence de son fils. L’avion rebrousse chemin et ce n’est qu’à la suite du retour du corps à la maison.

Autour de 18 heures, c’était la débandade généralisée dans la ville de Lomé. Tous ceux qui étaient hors de leur domicile couraient dans tous les sens pour rentrer chez eux. Pour quel motif ?

Le décès du président semble confirmé et cela pourrait entraîner des choses. Mais, comme quoi et pourquoi ? Personne ne sait. La panique était générale.

Après avoir pris le temps nécessaire pour préparer et peaufiner le coup d’Etat, sa mise à exécution effective a été mise en branle.

Quelques heures plus tard, la TVT montre sur son plateau Kofi SAMA, premier ministre d’alors, qui vient annoncer officiellement la nouvelle du décès du président de la République aux Togolais, qu’il qualifie de catastrophe nationale.

Stupeur. Consternation. Incrédulité. Han ! Eyadéma mort ? Mort de quoi ? Eyadéma est-il un mortel comme nous ? Et la suite, c’est comment ? Se demandaient, dépités, plusieurs millions de nos compatriotes encore sous l’étonnement et l’ébahissement.

Un peu plus tard, une scène extraordinaire se produisit sur la TVT. On voit le fils assis sur un joli fauteuil royal entouré de hauts gradés de l’armée qui se prosternaient tour à tour devant lui en déclarant qu’ils le reconnaissent comme président de la République et qu’ils lui jurent fidélité.

Scène obscène !

Dans la foulée, des mesures sécuritaires des plus incompréhensibles sont annoncées. Entre autres, fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes.

L’assemblée nationale, celle qui avait modifié la constitution originelle du 14 octobre 1992 pour sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux, fut convoquée en session extraordinaire pour se réunir immédiatement et nuitamment.

A l’époque, son président, le sulfureux Ouattara Fambaré Natchaba, était en mission en Europe accompagné de Charles Debbasch. Son avion devait atterrir ce soir-là même à Lomé. En raison de la fermeture de toutes les frontières, l’avion a été détourné vers Cotonou. Après son atterrissage, Natchaba prit la route Cotonou-Lomé pour rentrer. Arrivé au poste frontalier de Sanvee Condji à Aného, son convoi s’est vu refuser la traversée de la barrière pour entrer en territoire togolais. Pourtant, son compagnon de voyage lui, a pu arriver à Lomé on ne sait pas trop par quel moyen.

Compte tenu du caractère imprévu de la convocation, l’assemblée nationale n’a pas pu réunir une bonne majorité de députés. Soit ! Un quorum semble avoir été atteint ; alors on peut siéger et valablement délibérer.

A l’époque des faits, le prince était député titulaire de Blitta. Mais, occupant au gouvernement le grand ministère de l’équipement et des travaux publics, il ne siégeait pas à l’assemblée. Son siège est occupé par son suppléant.

Alors, cette nuit-là, les députés réunis constatent l’absence du président du perchoir qu’ils analysent comme une vacance de poste, démettent le député suppléant du prince de son siège, y ramènent le titulaire, font de lui le nouveau président de l’assemblée nationale et par ricochet, le président de la République par intérim. Dans la foulée, la constitution a été modifiée séance tenante pour la rendre conforme à la remise en selle du ministre redevenu député.

Tollé général. Réprobation générale dans le pays et à l’étranger. La commission de l’Union Africaine dirigée alors par l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré dénonce un coup d’état militaire, un coup d’état constitutionnel, un coup de force et un tour de passe-passe juridique (ce sont ses mots) et appelle avec véhémence au respect scrupuleux de la constitution togolaise qui établit qu’en pareille circonstance, l’intérim du président décédé est assuré par le président de l’assemblée nationale. Il se heurtera aux virulents diatribes de Pitang TCHALLA qui le prit violemment à partie sur les ondes de RFI.

D’autres voies étrangères se sont appropriées le problème. Il s’agit notamment du président Olusegun OBASANJO, président de la République Fédérale du Nigéria, qui,  a même menacé les autorités togolaises de fait d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Rapidement mis sous éteignoir par Jacques Chirac, président français d’alors, pour des considérations géopolitiques (le Nigéria rêvait d’un siège de membre permanant au Conseil de sécurité des Nations Unies – qu’il ne verra jamais d’ailleurs – et avait besoin du soutien de la France pour y accéder).

Au plan interne, de gigantesques manifestations de rue sont organisées dans le pays pour exiger la démission du prince et le retour à l’ordre constitutionnel.

Réprimées sauvagement et sans ménagement par la soldatesque, plusieurs dizaines de nos compatriotes perdront la vie en défendant la légalité constitutionnelle.

Eu égard au caractère trop flagrant et manifestement grossier de cette rocambolesque accession au pouvoir d’Etat, le monde entier, à l’exception de la Françafrique, s’est levé comme un seul homme pour exiger le départ des autorités illégales et illégitimes en place.

Le 18 février, le prince annonce la tenue d’une élection présidentielle dans les 60 jours mais se heurte à son peuple qui lui demande de quitter le pouvoir.

Le 25 février, après 20 jours au pouvoir qu’il a mis à profit pour préparer son retour dans une mare de sang, il finit par jeter l’éponge et se fait relayer par un certain Abass BONFOH.

 Parce qu’un peuple sans histoire est un monde sans âme.

Albert AGBEKO

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1 commentaire
  1. SIZING Akadjao Patrick L'utilisateur dit

    Hummmm

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