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« Démocratie en péril au Togo », dixit Lionel Ahono-Glele, Universitaire béninois

 

« Démocratie en péril au Togo », dixit Lionel Ahono-Glele, Universitaire béninois

 Alors que des intellectuels togolais, nourris au biberon de la République, par des acrobaties dont eux seuls connaissent les fondements, tentent de faire avaliser une loi qui ne passe pas dans l’opinion et qui, à coup sûr mettra la cohésion sociale à rude épreuve, les intellectuels africains, les vrais, à l’instar de Lionel Ahono-Glele a pris sa plume pour éclairer la lanterne de l’opinion sur les risques que courent le Togo voire la sous-région  si le pays fait ce saut en modifiant sa constitution.

TOGOCOM

Lire la tribune publiée par l’enseignant-chercheur Lionel Ahono-Glele de l’Université d’Abomey Calavi au Bénin.

 

“Démocratie en péril au Togo : enjeux, mobilisation et perspectives pour le changement”

Par Lionel Ahono-Glele

Université d’Abomey Calavi, Bénin

 

Résumé Exécutif

La crise politique récente au Togo, marquée par des tentatives de dérives autoritaires et des pratiques antidémocratiques, remet en question les principes démocratiques fondamentaux du pays. Face à cette situation, l’opposition politique et la société civile togolaise ont réagi de manière unie et déterminée pour défendre les droits et les libertés démocratiques des citoyens.

Cette crise soulève des questions cruciales sur l’état de la démocratie au Togo et sur l’avenir politique du pays. Pour surmonter ces défis, il est nécessaire de maintenir la pression sur le pouvoir en place, de renforcer les mécanismes de contrôle démocratique et de promouvoir un dialogue inclusif entre toutes les parties prenantes de la société togolaise. Seule une action collective et coordonnée permettra de promouvoir un avenir politique plus juste et équitable pour le peuple togolais.

 

 

HCRUNN

La scène politique togolaise est le théâtre d’une crise profonde, marquée par une série de manœuvres controversées de la part du parti au pouvoir. Alors que les élections régionales et législatives approchent, le pays est témoin d’une série de pratiques antidémocratiques visant à consolider le pouvoir en place. L’annonce soudaine d’une tentative de changement constitutionnel, orchestrée par des députés dont le mandat a expiré, a déclenché un émoi national et exacerbé les tensions politiques déjà existantes. Cette situation soulève des questions fondamentales sur la légitimité du processus électoral, la démocratie et l’avenir politique du Togo.

  1. Face aux manœuvres du pouvoir en place pour s’accrocher au pouvoir, une réaction unitaire de l’opposition politique et de la société civile se manifeste, remettant en question la légitimité et la crédibilité du régime en place. Cette réaction collective pourrait marquer un tournant dans le paysage politique togolais, en mettant en évidence le besoin urgent de réformes démocratiques et de renouvellement politique.
  2. Dans ce contexte, la question qui se pose est la suivante : quelles sont les implications de la tentative de changement constitutionnel orchestrée par le parti au pouvoir sur la démocratie, la stabilité politique et l’avenir du Togo ? Comment cette situation a-t-elle mobilisé l’opposition politique et la société civile, et quelles sont les perspectives de changement politique qui en découlent ? Enfin, quelles sont les possibilités de réforme et de renouvellement politique face à cette crise politique croissante ?

 

  1. Contexte politique et électoral au Togo : Verrouillage des institutions et préparation des élections 
  2. Le contexte politique togolais est marqué par un système où les institutions clés chargées de garantir l’équité et la transparence des processus électoraux ont été progressivement verrouillées par le pouvoir en place. La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), la Cour Constitutionnelle, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) ainsi que la Cour des Comptes, censées être des garants de la démocratie, sont désormais sous l’influence directe du gouvernement en place.
  3. Ce verrouillage institutionnel a pour objectif de favoriser les intérêts du parti au pouvoir en manipulant les conditions d’organisation des élections. Des pratiques telles que le découpage électoral arbitraire, favorisant les zones géographiques considérées comme des bastions du parti au pouvoir, ou la manipulation du processus de recensement et de distribution des cartes d’électeurs sont courantes. Ces actions visent à assurer une majorité favorable au gouvernement sortant et à perpétuer son emprise sur le pouvoir.
  4. Alors que les élections législatives et régionales approchent, le pays est le théâtre d’une montée des tensions politiques et sociales. Les conditions précaires dans lesquelles se déroulent les préparatifs électoraux alimentent les craintes quant à la légitimité des résultats à venir. Dans ce climat de méfiance généralisée envers les institutions électorales, l’annonce inattendue d’une tentative de changement constitutionnel par des députés dont le mandat a expiré a déclenché une vague de contestation et ravivé les tensions politiques déjà existantes.

 

  1. La tentative de changement constitutionnel : Une manœuvre désespérée du pouvoir en place
  2. Le vote de la nouvelle constitution dans la nuit du lundi 25 mars 2024 a suscité de vives critiques et soulevé des interrogations quant aux motivations du pouvoir en place. Parmi les dispositions les plus controversées figure la suppression de l’élection du président de la République au suffrage universel, au profit d’un petit groupe restreint de députés et de sénateurs. Cette décision écarte ainsi le peuple togolais de son droit fondamental de choisir son dirigeant par le biais d’élections libres et transparentes.
  3. De plus, le fait que l’élection du président se déroule sans débat préalable renforce le caractère opaque et antidémocratique du processus. Cette manière de confier l’essentiel du pouvoir d’État à un Président du Conseil, avec la perspective que cette fonction soit assumée par le président actuel, soulève des inquiétudes quant à une potentielle consolidation du pouvoir au sein d’une même personne ou d’un petit cercle restreint.
  4. Il est également important de souligner que cette tentative d’instaurer un nouveau régime intervient alors que la modification constitutionnelle de 2019, qui consacrait la limitation du mandat présidentiel, n’a pas encore été mise en œuvre. Cette précipitation à expérimenter un nouveau régime politique semble contradictoire avec les actions passées du parti au pouvoir, qui a longtemps pratiqué le régime présidentiel sans remise en question majeure.
  5. Cette démarche semble relever d’une manœuvre désespérée pour maintenir le pouvoir en place, malgré les oppositions et les critiques. Elle dénote une volonté de contourner les règles démocratiques établies et de s’accrocher au pouvoir, au mépris de la volonté du peuple togolais et des principes démocratiques les plus élémentaires.
  6. Réactions de l’opposition politique et de la société civile : Unité contre les pratiques antidémocratiques
  7. Face aux manœuvres antidémocratiques du pouvoir en place, l’opposition politique et la société civile togolaise ont réagi de manière unie et déterminée, dénonçant fermement les tentatives de dérive autoritaire et de consolidation du pouvoir.
  8. Parmi les principaux acteurs de l’opposition politique, on retrouve des partis tels que l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre, le Parti Socialiste pour la Renaissance (PSR) de Komi Wolou, et le Parti Démocratique pour le Renouveau (PDR) de Me Apevon. Ces partis ont exprimé leur rejet catégorique des manœuvres du pouvoir en place et ont appelé à l’unité et à la mobilisation de l’ensemble de l’opposition pour faire front commun contre ces pratiques antidémocratiques.
  9. De même, des blocs de la société civile tels que le Front Citoyen Togo Debout, dirigé par David Dosseh, et Batir le Togo, sous la direction de Me Jean Yaovi Degli, ont joué un rôle crucial dans la mobilisation populaire et la dénonciation des atteintes à la démocratie. Ces organisations ont organisé des manifestations pacifiques, des campagnes de sensibilisation et des actions de plaidoyer pour faire entendre la voix du peuple togolais et exiger le respect des principes démocratiques.
  10. En se rassemblant autour de valeurs communes et d’objectifs partagés, l’opposition politique et la société civile ont démontré leur détermination à défendre les droits et les libertés fondamentaux des citoyens togolais. Leur unité face aux pratiques antidémocratiques du pouvoir en place témoigne de la volonté du peuple togolais de lutter pour un changement politique véritable et pour l’établissement d’un régime démocratique et transparent.
  11. Implications pour la démocratie et l’avenir politique du Togo : Vers un tournant politique ?
  12. La tentative de changement constitutionnel orchestrée par le pouvoir en place soulève des questions fondamentales sur l’état de la démocratie au Togo et sur l’avenir politique du pays. Cette manœuvre antidémocratique remet en cause les acquis démocratiques obtenus au fil des années et met en péril les principes de transparence, d’équité et de pluralisme politique.
  13. Tout d’abord, cette tentative de dérive autoritaire remet en question la légitimité des institutions démocratiques du pays et mine la confiance des citoyens dans le processus politique. En remplaçant l’élection présidentielle par une désignation parlementaire et en concentrant l’essentiel du pouvoir entre les mains d’un seul individu ou d’un petit groupe, le régime en place affaiblit les fondements mêmes de la démocratie représentative.
  14. De plus, cette crise politique croissante risque de conduire le pays vers une instabilité sociale et politique, avec le risque de tensions accrues entre les différents acteurs politiques et une polarisation croissante de la société. La contestation populaire et l’unité de l’opposition politique et de la société civile témoignent d’un mécontentement généralisé envers les pratiques antidémocratiques du pouvoir en place et de la volonté du peuple togolais de lutter pour un changement politique véritable.
  15. Dans ce contexte, l’avenir politique du Togo reste incertain. Si la résistance populaire et la pression internationale peuvent contribuer à faire reculer le pouvoir en place et à restaurer les principes démocratiques, il est essentiel que la communauté internationale continue à soutenir les efforts du peuple togolais en faveur de la démocratie et de la justice sociale.
  16. La crise politique actuelle pourrait marquer un tournant dans l’histoire politique du Togo, en ouvrant la voie à des réformes démocratiques profondes et à un renouveau politique véritable. Cependant, cela dépendra de la capacité des acteurs politiques et de la société civile à maintenir la pression et à faire respecter les principes démocratiques fondamentaux.

 

  1. Perspectives de réforme et de renouvellement politique : Défis et opportunités pour le changement démocratique
  2. Dans ce contexte de crise politique et de remise en question des principes démocratiques, plusieurs défis et opportunités se présentent pour le renouvellement politique et la promotion de réformes démocratiques au Togo.

Tout d’abord, l’un des défis majeurs réside dans la nécessité de maintenir la pression sur le pouvoir en place pour garantir le respect des principes démocratiques fondamentaux.

Cela nécessite une mobilisation continue de l’opposition politique, de la société civile et de la population togolaise dans son ensemble, afin de défendre les droits et les libertés démocratiques et de faire entendre la voix du peuple.

  1. Parallèlement, il est crucial de renforcer les mécanismes de contrôle et de surveillance démocratique, tant au niveau national qu’international. Cela implique notamment de promouvoir la transparence et l’intégrité des processus électoraux, de renforcer l’indépendance des institutions démocratiques et de garantir le respect des droits de l’homme et de l’État de droit.
  2. En outre, il est nécessaire de promouvoir un dialogue inclusif et constructif entre toutes les parties prenantes de la société togolaise, afin de parvenir à un consensus sur les réformes nécessaires pour renforcer la démocratie et promouvoir le développement inclusif. Cela suppose également de favoriser la participation citoyenne et de promouvoir une culture politique fondée sur le respect mutuel, la tolérance et la diversité d’opinions.
  3. Enfin, il est important de saisir les opportunités offertes par la communauté internationale pour soutenir le processus de réforme démocratique au Togo. Cela implique notamment de renforcer la coopération avec les organisations régionales et internationales, de promouvoir le dialogue politique et de mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir les initiatives de renforcement des capacités et de promotion de la démocratie.
  4. Bien que les défis soient nombreux, il existe également des opportunités pour le Togo de renouveler son paysage politique et de promouvoir des réformes démocratiques significatives. Cela nécessitera toutefois un engagement ferme de la part de toutes les parties prenantes, tant nationales qu’internationales, en faveur de la démocratie, de la justice sociale et du respect des droits de l’homme.

La nécessité d’une transition politique pacifique et démocratique au Togo

  1. La crise politique actuelle au Togo, résultant de tentatives de dérives autoritaires et de pratiques antidémocratiques du pouvoir en place, met en péril les fondements mêmes de la démocratie dans le pays. Face à cette situation alarmante, l’opposition politique et la société civile ont fait preuve d’une unité remarquable et ont exprimé leur détermination à défendre les droits et les libertés démocratiques des citoyens togolais.
  2. Cependant, la résolution de cette crise et la promotion du changement démocratique nécessiteront des efforts concertés et soutenus de toutes les parties prenantes, tant nationales qu’internationales. Il est essentiel de maintenir la pression sur le pouvoir en place pour garantir le respect des principes démocratiques fondamentaux et promouvoir un dialogue inclusif et constructif entre toutes les parties prenantes de la société togolaise.
  3. En parallèle, il est impératif de renforcer les mécanismes de contrôle et de surveillance démocratique, de promouvoir la transparence et l’intégrité des processus électoraux, et de favoriser la participation citoyenne dans la vie politique du pays. Seul un engagement ferme en faveur de la démocratie, de la justice sociale et du respect des droits de l’homme permettra de surmonter les défis actuels et de promouvoir un avenir politique plus juste et inclusif pour le peuple togolais.
  4. Il est donc temps pour toutes les parties prenantes de s’unir autour de valeurs communes et de travailler ensemble pour construire un Togo démocratique, prospère et équitable pour tous ses citoyens.

 

 

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