Gestion des ordures ménagères : Et si le maire Aboka s’inspirait de ce qui se fait dans Golfe 7 ?

 

Une mesure antisociale du maire Kossi Aboka  fait grincer les dents dans la Commune Golfe 5. En ce temps de vie chère, si cette mesure n’est pas rapportée, elle risque de mettre sur le carreau plusieurs acteurs du monde de la collecte des ordures ménagères.

La dernière décision de Kossi Aboka risque de faire des vagues, comme presque toutes ses décisions impopulaires. En effet, le chef des élus locaux de Golfe 5 somme toutes les sociétés de pré-collecte des ordures ménagères du ressort de sa juridiction de cesser toute activité dès ce 31 juillet 2022. En clair près 80 sociétés devraient mettre la clé sous le paillasson. Des dizaines d’employés seront rendus au chômage sans compter  les bouches qu’ils nourrissent en cette période de vie chère et à la veille de la prochaine rentrée des classes.

Les concernés, regroupés au sein  de la Coordination des pré-collecteurs des ordures ménagères de la commune (CPOM CG5) ont exprimé ce 19 juillet 2022 leur incompréhension et leur exaspération. Tout d’abord, ils se disent surpris par une décision qu’ils ont apprise sur les ondes des radios alors qu’il y a des contacts entre eux et la municipalité.

 « Nous ne savons pas sur quelle base, le marché est confié. Aujourd’hui, nous sommes environ 75 sociétés à exercer sur le terrain avec des employés et des crédits auprès des institutions financières. Nous arracher notre travail, ne peut que créer une situation d’insécurité », assène Joachim Tchaa le Secrétaire général de la Coordination.

 Alors que pour Pyalo Gnassingbé, responsable d’une des sociétés « ce métier, j’y ai consacré plus d’une dizaine d’année, l’abandonner du jour au lendemain sans mesure d’accompagnement je vais devenir quoi ».

 Pour la commune, le nouveau prestataire (qui a maintenant le monopole de la collecte des ordures ménagères sur le territoire communal) a été choisi à la suite d’un appel d’offre dans le but de rendre la collecte plus professionnelle.

Mais alors comment peut-on remplacer des sociétés qui ont une expérience avérée dans le domaine par un par un parfait novice ? Voilà le nœud du bras de fer qui oppose la mairie et la Coordination, d’autant plus que le contour flou de l’appel d’offre qui l’a vu élu fait planer le doute sur la sincérité du choix.  Ce qui fait dire aux sociétés déchues de la collecte qu’il s’agirait d’une société écran retenue par le Maire pour préserver ses intérêts.

Dans un pays qui fait la promotion d’initiative entrepreneuriale, il est regrettable que l’Etat et les collectivités locales qui doivent mettre en place des initiatives incitatives en faveur des jeunes pour éclore leurs potentialités se transforment en fossoyeurs. Le rôle des collectivités locales n’est pas d’avaler ou de faire disparaître les plus faibles mais de les encadrer, de les aider à devenir viables afin qu’elles deviennent de grosses sociétés. Si Dangote à ses débuts n’a pas trouvé un cadre propice, il ne sera pas ce qu’il est aujourd’hui. 

UN EXEMPLE A SUIVRE

Au Togo, on a l’habitude de dire que chaque citoyen doit apporter sa pierre à l’édification de la nation. Mais parfois l’attitude des gouvernants laisse présager le contraire de cet adage. Tout se passe comme si on n’a pas besoin des pierres qu’apportent les jeunes qui n’ont aucun soutien. On a l’impression que c’est avec les pierres apportées par ces jeunes pour le développement du pays qu’on veut leur briser la tête. Une attitude qui décourage et qui n’incite pas, surtout la diaspora à venir investir dans son propre pays.

 Cependant, on ne va pas tout peindre en noir car là où certains échouent lamentablement, d’autres sans trop de bruits réussissent avec brio. Tel est le cas par exemple de la commune Golfe 7, pas très loin de Golfe 5. On pouvait s’inspirer de ce qui se passe de ce côté-là si  la volonté y est.

En effet, dès leur élection en 2019, malgré que le nouveau conseil municipal ait été approché par de grosses pointures qui lui ont miroité des choses contre attribution du marché de la collecte d’ordures ménagères dans la commune. L’équipe dirigée par le maire Aimé Dikounou a gentiment décliné ses offres préférant travailler avec les sociétés qui étaient là avant leur élection. « Ne dit-on pas souvent que c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle ». Toutefois, il a procédé à la restructuration du secteur.

C’est ainsi que la nouvelle équipe communale a procédé à un recensement des entreprises de pré-collecte d’ordures opérant dans la commune, suivi de leur formation et la mise en place d’une association les regroupant. En accord avec le bureau issu de cette association, le marché a été attribué à chaque entreprise par zone. Ce procédé a le mérite de connaitre les entreprises défaillantes et de les sanctionner s’il le faut. Même si au départ, certaines entreprises déploraient le zonage car disait-elles on leur a concédé des quartiers reculés où il n’y a pas de clients, aujourd’hui vu ce qui se passe dans Golfe 5, revirement de situation. Ce sont les mêmes entreprises qui louent la clairvoyance du maire et qui  apprécient le travail qui a été fait. Ce procédé, disent-elles,  leur a évité des situations préjudiciables à l’image de ce que vivent leurs collègues de chez le maire Aboka.

Dans cette même commune, des réflexions sont en cours aujourd’hui et des campagnes de sensibilisation sont programmées pour faire adhérer systématiquement  les populations à l’idée de recourir à ces collecteurs agréés pour éviter des dépotoirs sauvages dans la commune.  Des pistes sont également suggérées pour que la commune  accompagne les entreprises de pré-collectes à solliciter des prêts auprès des institutions bancaires ou de microfinance pour s’acheter des matériels de travail afin d’accroitre leur rendement.

Cette gouvernance à visage humain ne peut qu’être appréciée. Elle contraste avec le capitalisme outrancier dans lequel on est le seul à gagner.  « A quoi ça sert d’être dans l’opulence quand tout autour de soi, des gens ont fait », questionne un responsable de société. 

 

Francine DZIDULA

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