Le rythme effréné des contaminations liées à omicron et la moindre dangerosité de ce nouveau variant pourraient ouvrir une porte de sortie à la crise sanitaire. L’Agence européenne du médicament (EMA) a estimé, lors d’une conférence de presse mardi, que nous nous dirigions «vers une endémisation du virus», avant de rappeler que le Sars-CoV-2 «se comporte toujours comme un virus pandémique et l’urgence omicron le montre clairement».
«Nous ne devrions pas oublier que nous sommes encore dans une pandémie. Néanmoins, avec l’augmentation de l’immunité dans la population – et avec omicron, il y aura beaucoup d’immunité naturelle en plus de la vaccination –, nous nous dirigerons rapidement vers un scénario plus proche de l’endémicité», a poursuivi Marco Cavaleri, le chef de la stratégie vaccinale de l’EMA.
Cette idée n’est pas nouvelle, puisque en mai 2020 déjà, l’Organisation mondiale de la santé indiquait que «ce virus pourrait devenir endémique dans nos communautés, [et] ne jamais disparaître». A l’époque, où l’espoir d’une éradication du virus semblait encore possible, la nouvelle n’avait pas été relayée avec enthousiasme dans les médias.
CIRCULATION PERMANENTE ET STABLE
Qu’est-ce qu’une endémie ? Le terme endémique permet tout d’abord de «désigner un espace de diffusion d’un virus, explique le virologue Bruno Lina. C’est un virus qui est résident permanent d’une zone géographique ou d’une population donnée, comme la dengue dans les zones de circulation où les moustiques sont porteurs».
Dans la littérature scientifique, cette expression décrit aussi une circulation permanente et stable. Elle «fait référence à un virus dont la présence est relativement constante dans une population avec des schémas largement prévisibles et avec un groupe stable d’hôtes infectés capables de le transmettre à d’autres», ajoute l’Agence européenne du médicament. Mais «cette endémicité peut s’accompagner de bouffées épidémiques, qui pour les virus respiratoires prend volontiers un caractère saisonnier quand les températures plus fraîches sont favorables à la circulation des virus», observe Arnaud Fontanet, professeur à l’Institut Pasteur. Ainsi, une maladie endémique peut aussi faire émerger une épidémie pendant une période donnée, comme dans le cas de la grippe ou du rhume.
Dans ces situations, on peut alors parler d’une maladie endémo-épidémique. C’est l’une des hypothèses évoquées pour le Sars-Cov-2, comme en Espagne où les autorités sanitaires préparent un plan de gestion du Covid similaire à celui des autres maladies respiratoires hivernales. A noter que l’adjectif endémique caractérise le mode de circulation d’une maladie et non sa gravité. Ainsi des maladies potentiellement mortelles (sida, tuberculose, paludisme) sont considérées comme des endémies dans certaines régions du monde.
«Analogie avec la grippe russe»
Cependant, d’après l’analyse des scientifiques interrogés, l’endémisation du Sars-Cov-2 pourrait s’accompagner d’une diminution de sa gravité. «Cette circulation permanente du virus fait que notre immunité est régulièrement stimulée et se renforce à chaque rencontre avec le virus. De fait, les manifestations cliniques de la maladie deviennent moins sévères avec le temps chez des personnes de mieux en mieux protégées», développe Arnaud Fontanet.
Une dose de rappel de vaccin serait alors seulement nécessaire pour les personnes les plus fragiles, en automne, avant que la circulation du virus n’accélère. «On peut faire l’analogie avec le virus OC43 [présumé responsable selon certaines études d’une très grave épidémie, aussi appelée grippe russe, ndlr] qui a émergé à la fin du XIXe siècle. Cent-vingt ans plus tard, ce virus qui donne une infection bénigne est toujours présent. A terme, le Sars-CoV-2 fera peut-être la même chose», analyse Bruno Lina. A condition, notamment, que n’apparaisse pas un nouveau variant «très différent des précédents qui pourrait remettre en cause temporairement cet équilibre en cours d’installation du fait d’une virulence et d’une capacité d’échappement immunitaire très prononcées», précise Arnaud Fontanet.
Source : Libération
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