Le Général Yark veut s’attaquer aux forages, fruit de l’échec des gouvernants à fournir de l’eau potable à la population

 

Quand on vient dans une maison, la première des choses à faire, c’est de faire l’état des lieux avant de dérouler son plan d’action. On n’entame pas sa charge sur fond de conflit et de menace. Habitué à la méthode forte, le Général Yark Damehane, le ministre de l’Hydraulique villageoise, transporte dans son nouveau département ministériel cette méthode qui faisait l’inimitié entre lui et la population à la Sécurité.

Au lieu de menacer les ménages qui ont construit des forages pour suppléer l’absence d’eau potable, le ministre devrait d’abord nous faire  l’état des lieux de la couverture du pays en eau potable.

Dans un pays où la TdE n’arrive même pas à servir l’eau dans tous les quartiers de Lomé. Dans la capitale, certains n’ont jamais vu l’eau des robinets qui si vous avez la chance, il faut veiller pour l’avoir au petit matin sinon c’est partie pour votre jour de chance.

Il n’y a si loin de nous, Kara, la ville dont est originaire le Président de la République, a été privée d’eau durant plusieurs semaines, au point où c’est depuis Lomé que la ville de Kara a été ravitaillée.

Si à Lomé, il n’y a pas ces forages, nous ne savons pas comment les habitants de cette ville vont s’en sortir face aux difficultés de la TdE à leur fournir de l’eau potable.

Ou bien vont-ils attendre 2030 qui, est l’année, selon les prévisions du gouvernement pour atteindre la couverture universelle en eau potable dans le pays ? Or, selon les statistiques de ce même gouvernement aujourd’hui, le taux de desserte en eau potable est de 68% en milieu rural et 58% en milieu urbain. Qui compense le gap si ce n’est pas les forages ?

 

Ces Togolais qui ont creusé à leurs propres frais à coup de plusieurs millions dans leurs maisons les forages, face à l’échec des gouvernants à fournir de l’eau potable, ne serait-ce que dans la capitale, que le ministre Yark veut s’attaquer. Pour l’intérieur du pays, n’en parlons même pas. Les hommes partagent les points d’eau boueuse avec le bétail.

En effet, après 60 ans de gouvernance empreinte d’échec cuisant, les autorités togolaises ne sont toujours pas capables de réaliser l’adduction d’eau potable dans la ville de Lomé.

Face au désarroi créé par cette situation insoutenable, les populations n’ont trouvé que la solution de faire des forages dans leurs maisons pour avoir de l’eau, fût-elle impropre ou pas, pourvu qu’elle soit claire et limpide, peu importe sa composition chimique.

Lors du recensement de la population et de l’habitat ainsi que celui organisé par le cadastre, les agents ont recensé les habitations dotées de forage. On comprend donc l’objectif visé par ces recensements.

Aujourd’hui, le nouveau ministre en charge de l’eau prévient :

<<Ne soyez pas surpris de recevoir chez vous des agents de l’État venus vous demander de présenter votre permis de forage, toutes les ressources en eau appartiennent à l’Etat, trop de forages diminuent la nappe phréatique et compromet les chances des générations futures à disposer d’eau, l’État a le devoir de protéger les populations, …>>

A l’appui de ses menaces, un de ses agents a déclaré sur une chaîne de télévision que c’est en 2010 que la loi sur la gestion des ressources en eau votée par le parlement qui comprenait toutes les sensibilités politiques à l’époque, a institué l’obligation d’obtenir des permis de forage pour les personnes désireuses d’avoir de l’eau dans leurs domiciles à leurs propres frais. Et qu’il ne comprenait pas les réactions négatives des populations suite aux propos de son ministre.

Comme si les populations avaient une alternative face à l’échec patent et cuisant de ceux qui ont le devoir de leur fournir de l’eau potable.

Attention ! Serrez vos ceintures ! Nous paierons bientôt pour les forages que nous avons creusés chez nous pour avoir de l’eau.