Le Tchad rompt ses accords de défense avec la France : un séisme diplomatique pour Paris
Le gouvernement tchadien a annoncé, le soir de ce jeudi 28 novembre 2024, la fin de son accord de coopération en matière de défense avec la France. Une décision inattendue qui constitue un sérieux revers pour Paris, longtemps considéré comme un partenaire stratégique de ce pays d’Afrique centrale.
Dans un communiqué publié quelques heures après la visite du ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, le Tchad a affirmé sa volonté de mettre un terme à cet accord emblématique, conclu dans le cadre des relations historiques entre les deux nations. « La France doit désormais comprendre que le Tchad est un État souverain, jaloux de son indépendance », a déclaré le ministre tchadien des affaires étrangères, Abderaman Koulamallah.
Une décision aux multiples implications
La rupture intervient dans un contexte diplomatique sensible. Jean-Noël Barrot, qui était à N’Djamena pour des discussions bilatérales et régionales, n’avait laissé transparaître aucun signe d’une éventuelle crise au terme de ses échanges avec le président tchadien, Mahamat Idriss Déby. Pourtant, quelques heures seulement après son départ, la déclaration tchadienne est venue rebattre les cartes des relations franco-tchadiennes.
Selon Koulamallah, cette décision, annoncée symboliquement le jour du 66ᵉ anniversaire de la proclamation de la République au Tchad, a été « mûrement réfléchie ». Cependant, rien ne permet d’affirmer que Paris avait été informé au préalable. « La rencontre s’est déroulée sans incident », a précisé le chef de la diplomatie tchadienne, qui rejette toute idée d’un acte précipité.
Un coup dur pour Paris
La France, qui entretient depuis des décennies une coopération militaire avec le Tchad, voit ainsi un de ses piliers stratégiques vaciller dans une région où la stabilité demeure fragile. L’accord de défense avait notamment permis le stationnement de troupes françaises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel et au Sahara.
Pour Paris, cette annonce constitue un véritable camouflet. Le timing, coïncidant avec la visite de Jean-Noël Barrot, semble accentuer la portée symbolique de la rupture, même si N’Djamena insiste sur le caractère souverain et réfléchi de sa décision.
Un contexte régional tendu
Cette rupture s’inscrit dans un climat de tensions régionales marqué par des dynamiques de rejet croissant de la présence militaire française en Afrique. Après les récentes frictions avec le Mali, le Burkina Faso ou encore le Niger, le départ du Tchad des accords de défense accentue l’isolement de Paris en Afrique francophone.
Pour le Tchad, cette décision reflète un désir d’émancipation et de repositionnement sur la scène internationale. « Le Tchad a grandi et mûri », a martelé Abderaman Koulamallah, soulignant une volonté d’affirmer une souveraineté pleine et entière face à ses partenaires.
Quelles conséquences à venir ?
Si la décision marque une rupture symbolique forte, les conséquences pratiques restent à définir. Les bases françaises au Tchad, dont celle de N’Djamena, seront-elles démantelées ? La coopération militaire et sécuritaire sera-t-elle totalement suspendue ? Ces questions restent ouvertes et nécessiteront des négociations délicates entre les deux gouvernements.
En attendant, l’annonce tchadienne vient rappeler que les relations internationales en Afrique francophone sont en pleine mutation, poussant Paris à réévaluer ses alliances et sa stratégie sur le continent.