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Lutte contre la discrimination des personnes vivant avec le VIH au Togo : un combat toujours d’actualité

« Cela fait quatre ans que je suis séropositif et que je prends des antirétroviraux (ARV). Mon père est au courant, et nous vivons dans la maison familiale. Un jour, lors d’une réunion, j’ai tenté de prendre la parole, mais l’un de mes oncles m’a interrompu en disant que je n’avais pas le droit de parler parmi eux et que ma présence à la séance était déjà une faveur qu’ils m’accordaient, étant donné que je suis séropositif. Depuis ce jour, ils se moquent tous de moi. Je ne sais même pas encore qui les a informés. Face à cette situation, j’ai dû quitter la maison pour me réfugier au village depuis trois semaines ».

YAS SOWE

« Deux jeunes, dont l’un est séropositif (l’homme), ont décidé de se marier. Cependant, l’imam chargé de célébrer leur mariage a exigé la présentation des résultats du test VIH avant de procéder à l’union. Informée de la situation, une bénévole a porté l’affaire devant le chef traditionnel. Ce dernier, qui est une personne ressource de l’Observatoire des droits humains et VIH, a sensibilisé l’imam sur les dangers de cette pratique discriminatoire. Ayant compris la conduite à tenir, l’imam a finalement célébré le mariage sans exiger de connaître le statut sérologique des époux ».

TOGOCOM DEVIEN YAS

Ces deux cas illustrent les discriminations et stigmatisations auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le VIH au Togo. Malgré des avancées ces dernières années, elles continuent de subir des atteintes à leurs droits fondamentaux, notamment le droit aux soins. C’est dans cette optique que la communauté internationale a instauré la Journée zéro discrimination, célébrée chaque 1er mars.

À cette occasion, l’Observatoire des droits humains et VIH a rendu public son rapport annuel 2024, lors d’une cérémonie qui s’est tenue le vendredi 7 mars 2025 au siège du Comité national de lutte contre le sida et les IST (CNLS-IST) à Lomé.

Un bilan chiffré préoccupant

Selon l’Observatoire, 60 629 personnes ont été touchées par des campagnes de sensibilisation en 2024, dont 1 390 professionnels du sexe et 645 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). De plus, 103 prestataires et gestionnaires de services de santé issus de cinq structures sanitaires (CMS Baguida, Bè, Adidogomé, Adamavo, Cacavéli et hôpital de Bè) ont été formés, et 150 personnes ressources (leaders religieux, leaders communautaires, responsables de chambres de métiers) ont été sensibilisées.

Concernant les victimes de discriminations et stigmatisations en 2024, 30 % sont des hommes et 70 % des femmes. La tranche d’âge la plus touchée est celle des 26 ans et plus (170 victimes), contre 53 pour les 15-25 ans et 6 pour les 0-14 ans.

table d’honneur

Le nombre total de victimes recensées est de 229, en baisse par rapport aux années précédentes (276 en 2023, 313 en 2022 et 419 en 2021). Le Grand Lomé est la région la plus touchée avec 94 cas (50 personnes vivant avec le VIH, 14 HSH, 27 professionnels du sexe), suivi des Plateaux (40 cas), Maritime (31 cas), Centrale (28 cas), et enfin Savanes et Kara avec respectivement 26 et 10 cas documentés.

Violences et stigmatisations : un enjeu majeur

Les violences basées sur le genre restent préoccupantes :

229 cas de violences psychologiques, 115 cas de violences verbales, 27 cas de violences physiques, 15 cas de violences économiques, 11 cas de violences sexuelles.

Quant aux stigmatisations, elles proviennent majoritairement du milieu familial et social (162 cas), du cadre professionnel (42 cas), de l’auto-stigmatisation (24 cas) et du milieu médical (1 cas).

Un appel à la solidarité et à l’action

En amont de la présentation du rapport, le président du Réseau des associations en lutte contre le VIH/Sida (RAS+), Augustin Dokla, a salué l’engagement des acteurs de la lutte contre le VIH/Sida tout en tirant la sonnette d’alarme sur le retrait des États-Unis du financement de cette lutte. « L’heure est dure, l’heure est grave », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de plaidoyer sur ce sujet crucial.

Le Coordonnateur national du Conseil national de lutte contre le Sida et les IST, le Professeur Vincent Pitché, pour sa part salué les efforts de RAS+ et à travers lui, toutes les organisations qui ont œuvré à l’élaboration de ces rapports qui deviennent traditionnels.
La représentante du bureau pays de l’ONUSIDA au Togo a appelé à la solidarité, rappelant que ce combat est avant tout une question de justice, d’égalité et de respect des droits humains.

remise d’attestation à une volontaire

Enfin, le représentant du ministère des Droits de l’Homme, Yokbey Kantche, a insisté sur l’impact négatif de la discrimination sur la lutte contre le VIH/Sida. Il a remercié les partenaires techniques et financiers pour leur soutien et félicité les organisations de la société civile pour leur engagement sur le terrain.

Notons qu’en marge de cette cérémonie, une dizaine d’acteurs de terrain dans la lutte ont été honorée. Ils ont reçu une attestation de mérite. Il s’agit notamment de CHP Pagouda, CHR Sokodé, Bon secours de Sokodé, CHP Agou, EVT/RM des Lacs, AST des Lacs, ACS de Lomé le Jade pour la vie, AFAZ et l’hôpital de Bè de Lomé.
La lutte contre la discrimination des personnes vivant avec le VIH reste un défi majeur au Togo. Malgré les progrès réalisés, il est essentiel de poursuivre les efforts pour garantir le respect des droits de tous et mettre fin aux injustices qui entravent l’accès aux soins et à l’inclusion sociale.

Francine DZIDULA
E-Mail: togoscoop@gmail.com
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