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Proche-Orient : L’Iran lance des centaines de missiles sur Israël

 

Le régime des mollahs a tiré ce mardi des missiles balistiques sur Israël en réaction à la destruction en cours de son allié libanais, qui anéantirait quarante ans de gains géopolitiques.

 

L’Iran a lancé des centaines de missiles balistiques contre Israël, a annoncé l’armée israélienne mardi soir. La Maison-Blanche avait averti dans l’après-midi de cette attaque imminente qui aurait « des conséquences sévères » pour le régime des mollahs. L’ambassade des Etats-Unis en Israël a ordonné à son personnel et à leurs familles de se rendre dans des abris. L’armée israélienne a appelé la population à se préparer à une attaque « de grande ampleur ». Joe Biden a donné l’ordre à l’armée américaine d’intercepter les missiles visant Israël.

 

L’efficacité du système de défense israélien a été testé, puisqu’il faut moins de dix minutes aux missiles balistiques iraniens pour franchir les 2.000 km les séparant du territoire israélien. Des témoins faisaient état de nombreux impacts de missiles ou fragments de missiles près de Tel Aviv où un attentat a été signalé dans le quartier de Jaffa, faisant 4 morts et sept blessés.

 

SYSTEME ANTIAERIEN PAS TOTALEMENT HERMETIQUE

Un peu plus tôt dans la journée, l’avertissement américain avait fait monter le cours du pétrole de 4 %. L’attaque iranienne a de quoi surprendre plus d’un spécialiste du Moyen-Orient, tant les risques paraissent élevés pour l’Iran, qui jouait au demeurant plutôt profil bas depuis le début de l’offensive israélienne sur le Hezbollah, pourtant son levier d’influence clé dans la région. Téhéran ne s’est ainsi pas engagé à venger Hassan Nasrallah, au risque de décevoir ses alliés dans la région.

 

 

 

L’armée israélienne a annoncé qu’elle était « prête à se défendre… et à contre-attaquer », tout en reconnaissant que son système antiaérien n’était pas totalement hermétique. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, et son homologue américain, Lloyd Austin, avaient évoqué peu auparavant « l’état de préparation opérationnelle d’Israël […], ainsi que la position des forces américaines dans la région ».

 

UN DILEMME POUR TEHERAN

« Une attaque de l’Iran est surprenante, estime Ali Vaez, expert de la région au cabinet Crisis Group, car en quarante-cinq ans, le régime des mollahs n’a jamais riposté quand ses proxys étaient frappés tant qu’il n’était pas, lui, visé directement. S’il le fait, c’est parce qu’il estime que la retenue dont il a fait preuve depuis l’élimination sur son sol du chef du Hamas, il y a deux mois, a été interprétée à Jérusalem comme un signe de faiblesse et qu’Israël s’apprêterait ensuite à l’attaquer directement. Téhéran estime sans doute indispensable d’étouffer dans l’œuf cette dynamique et de rétablir sa propre dissuasion. »

 

Cette attaque de Téhéran indique que le régime « évalue que le coût de l’inaction dépasse désormais celui d’une action », au risque pourtant d’une confrontation directe avec les Etats-Unis.

 

Le dilemme était extrême pour le régime iranien, qui a peur d’une guerre avec Israël, mais assiste en ce moment aussi, sidéré, à la liquidation de l’essentiel des gains géopolitiques qu’il a méthodiquement accumulés depuis le début de la révolution islamique en 1979. La destruction par Israël de l’essentiel des capacités militaires du Hezbollah, et donc de son prestige ainsi que de son pouvoir au Liban, priverait l’Iran d’un de ses principaux leviers d’influence et déstabilisation au Proche-Orient. « Je ne pense pas que les Iraniens renonceraient […] à près de quarante ans d’investissements dans ce projet », estime Ali Vaez.

 

DES GRANDES DIFFICULTES INTERIEURES

Une aventure militaire est d’autant plus risquée pour le régime des mollahs qu’il est en grande difficulté, à la fois sur le plan extérieur, faute d’alliés hormis une Syrie en piteux état, et sur le plan intérieur : « Un climat économique et social très dégradé à cause des sanctions américaines, estime Clément Therme, expert sur l’Iran et enseignant à l’université Paul-Valery, à Montpellier, avec des grèves, comme celle récemment des infirmières, une fuite des cerveaux, une contestation qui reste forte et dépasse le thème du foulard imposé aux femmes, mais touche au chômage, au mauvais état des services publics, à la corruption, l’appauvrissement, laquelle facilite l’infiltration par les services israéliens. » Bref, une aventure extérieure qui tournerait mal pourrait déboucher sur une révolte menaçant la survie du régime, qui le sait.

 

UN EMBRASEMENT PARAIT POUR L’HEURE PEU PROBABLE

L’Iran peut aussi réagir par des opérations non militaires, ajoute l’expert, « par exemple, via l’assassinat de dirigeants israéliens, ou américains, comme cela a été révélé récemment à propos de Donald Trump, par des agents infiltrés, des opérations de cyberguerre, des tirs de drones et missiles des milices chiites en Irak contre des soldats américains dans le pays, ou des prises d’otages. »

 

TEHERAN, COMBIEN DE MISSILES BALISTIQUES ?

Les moyens d’intervention militaire de l’Iran semblent en outre très limités. Faute de frontière commune, l’armée de terre iranienne ne peut pas intervenir contre Israël. Son aviation devrait traverser, sans autorisation, soit l’Arabie, soit l’Irak pour affronter l’aviation et la défense antiaérienne israéliennes, parmi les meilleures du monde. Mission impossible, faute de maîtrise du ravitaillement en vol. Ne resteraient que des tirs de drones et missiles balistiques. Sur son stock total de 3.000 missiles balistiques, pour la plupart à courte et moyenne portée, c’est-à-dire moins de 1.000 km, Téhéran disposerait de quelques centaines de missiles Kheibar ou Shadhid 3 capables de frapper Israël… Un bémol, toutefois : la plupart des 110 tirés en avril dernier contre Israël, un raid inédit, se sont écrasés au décollage, désintégrés en vol, ou ont été interceptés par la défense jordanienne, américaine, française, britannique et israélienne.

 

 

Source : Les Echos

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