Plus de 24 heures après l’ouverture des bureaux de vote pour les premières élections sénatoriales, qui joueront un rôle clé dans la mise en place de la Vᵉ République, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié, ce dimanche 16 février 2025 en début d’après-midi, les résultats provisoires du scrutin.
Sans surprise, UNIR, le parti au pouvoir, rafle la mise avec 34 sièges de sénateurs, confirmant ainsi son emprise sur les institutions du pays. Il est suivi par le parti BATIR, qui, avec 2 sièges, se positionne comme la seconde force politique du Sénat. Le parti a notamment réussi à faire élire sa discrète présidente, Mme Banybah Afiwavi Enyonam Vicenzia épouse Meyer, l’une des rares femmes à la tête d’un parti politique au Togo. Quant à Fiacre Atsou Ayao, également membre de BATIR, il fait son grand retour au sein du Sénat, après avoir siégé à l’Assemblée nationale lors de la précédente législature.
De son côté, l’ADDI du professeur Aimé Gogué sauve l’essentiel en conservant un siège dans le Danyi. Malgré la perte d’un siège dans son fief de Tandjouaré, le parti peut se réjouir de la progression fulgurante de ses idéaux sur les montagnes Dayes.
Absente de l’Assemblée nationale mais toujours présente au gouvernement avec un ministre, l’UFC de Gilchrist Olympio, ancien allié du parti au pouvoir, fait son entrée au Sénat avec un élu. Ce parti, fervent défenseur de la réforme constitutionnelle, marque ainsi son retour sur la scène parlementaire.
Les surprises du scrutin
L’une des grandes surprises de cette élection vient du Yoto, où un représentant du parti « Le Togo autrement », fondé par le journaliste et écrivain Fulbert Attisso, a décroché un siège. Ancien directeur de campagne d’Agbéyomé Kodjo sous la bannière de la DMK, Attisso déclarait autrefois : « Nous ne lâcherons pas tant que notre victoire ne nous sera pas restituée ». Convoqué à plusieurs reprises par le SCRIC (Service de renseignement) à la suite de l’élection présidentielle, il avait depuis adopté un profil bas, au point que certains se demandaient s’il faisait encore partie de la DMP. Les responsables de cette coalition avaient toutefois confirmé qu’il continuait à participer aux réunions.
Mais coup de théâtre ! Alors que la majorité des partis de l’opposition, dont la DMP, appelaient au boycott des élections sénatoriales, le parti de Fulbert Attisso a déposé sa candidature… et a réussi à faire élire son représentant. Un retournement de situation qui ressemble à une validation tacite du nouveau régime, sans consultation populaire.
Autre surprise de taille : l’élection de Robert Olympio dans la circonscription du Golfe, sous la bannière de sa liste indépendante « Le Bison« . Avec 70 voix, il a largement devancé ses concurrents. L’ancien dissident de l’ANC n’a surpris personne. Depuis qu’il a claqué la porte de son ancien parti, beaucoup le voyaient émerger. Le pouvoir, qui a toujours su jouer sur les divisions de l’opposition, lui a déroulé le tapis rouge. Avec un Gilchrist Olympio en fin de parcours, Lomé semble avoir trouvé un nouvel Olympio de substitution. Une stratégie bien rodée.
Avec ce nouveau Sénat, UNIR consolide plus que jamais son emprise sur les institutions de la République. Une Vᵉ République qui, manifestement, ne changera rien à cet état de fait.
Albert AGBEKO
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