
Le 3 mai 2025, les Togolais – et le monde entier – ont assisté à ce que beaucoup considèrent comme une parodie d’investiture. Un président du conseil des ministres (PCM) a été intronisé, concentrant entre ses mains l’ensemble des leviers de pouvoir, tandis qu’un président de la République, vidé de toute autorité, jouait un rôle protocolaire. Aucun chef d’État étranger n’a daigné honorer cette cérémonie, révélant l’isolement croissant du régime. Fait troublant : les attributs du pouvoir ont été déclarés « introuvables » ce jour-là, ajoutant au climat d’illégitimité qui a entouré l’événement.


Une mascarade rejetée à l’intérieur comme à l’extérieur
Pour le Front Citoyen Togo Debout, cette cérémonie symbolise la faillite d’un régime contesté aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. La tentative de redorer l’image du pouvoir en désignant le PCM comme médiateur dans la crise rwando-congolaise n’y change rien. L’image d’un Togo démocratique, crédible et respecté reste entachée par deux décennies de gestion autoritaire et de manipulation institutionnelle.
Une jeunesse sacrifiée, muselée, réprimée
Au cœur de cette critique, une question cruciale : quelle valeur ajoutée ce changement de régime apporte-t-il à la jeunesse togolaise ? Le constat est sans appel : marginalisation, répression, absence de perspectives. Les jeunes togolais, au lieu d’être soutenus et valorisés, sont surveillés, arrêtés arbitrairement, voire emprisonnés pour avoir exprimé des opinions divergentes. Des figures engagées comme Joseph Eza, Messenth Kokodoko, Fovi Katakou, Fadel, ou tout récemment Aamron (Tchala Essowè Narcisse) et Affectio (Sokpor Honoré Sitsope), symbolisent cette génération en lutte pour la démocratie, mais réprimée pour ses convictions.
Et que dire de ces jeunes fauchés par les balles des forces de l’ordre ? Anselme Sinandaré, Moufidou Idrissou, Tchakondo Nawa Ino… Des noms devenus symboles d’une violence d’État toujours impunie. Six ans après les faits, leurs corps sont encore retenus par la justice, dans une démarche perçue comme profondément inhumaine.
Vingt ans de règne, vingt ans de désillusions
Depuis 2005, le Togo vit au rythme d’un pouvoir qui cumule instabilité politique, échec économique et répression. Malgré les allègements de dette et les financements extérieurs, le pays reste englué dans une pauvreté chronique. Les infrastructures sont défaillantes, les services de santé délabrés. Des enquêtes internationales ont mis en lumière le calvaire des femmes enceintes dans les hôpitaux publics, révélant une situation indigne d’un pays indépendant depuis plus de 60 ans.
La corruption systémique, la mauvaise gouvernance, et la récente décision symbolique de faire payer aux ministres leurs factures d’électricité dans leurs résidences secondaires ne changent rien à la perception d’un système injuste, déconnecté, et en perte de légitimité. La vie chère continue de ronger les familles, les coupures d’électricité se multiplient, et les augmentations de tarifs imposent une pression insupportable à la population.
Un vent de révolte souffle sur la jeunesse
Mais au cœur de cette obscurité, une lumière commence à poindre. Une conscience nouvelle émerge, portée par une jeunesse de plus en plus éveillée. Le courage d’Aamron, qui a osé dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, est devenu un symbole. Son arrestation n’a pas étouffé le message. Au contraire, elle a renforcé la détermination de toute une génération à dire non à l’arbitraire.
Le Front Citoyen Togo Debout appelle les jeunes à faire du 6 juin 2025 une date symbolique : celle du début de la résistance pacifique, résolue et déterminée. Il ne s’agit pas d’un soulèvement violent, mais d’une mobilisation active, courageuse et solidaire, pour la reconquête de la souveraineté populaire.
« Nous n’avons plus le droit à la résignation », martèle le mouvement.
Un appel au sursaut citoyen
Face à un régime épuisé, miné par les scandales et discrédité sur la scène internationale, la société civile togolaise, et en particulier sa jeunesse, est appelée à jouer son rôle historique. L’heure n’est plus à la peur, mais à l’engagement. À l’unisson, les voix doivent se lever pour défendre la dignité, la justice et l’alternance démocratique.
Le Togo peut encore écrire une autre histoire. Celle d’un peuple debout, libre et souverain.
Clarisse AFANOU
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