Ce 6 juin marque le 59e anniversaire de Faure Gnassingbé, président du Conseil des ministres du Togo et au pouvoir depuis 2005. Mais cette année, pour celui qui se vante de dépasser Satan qui n’a que trois six alors que lui en a quatre, l’ambiance est loin d’être festive. La population togolaise, lasse d’un régime qu’elle juge autoritaire, a choisi de lui souhaiter un « joyeux anniversaire »… à sa manière.
Une célébration nocturne symbolique
Dès les premières heures de la journée, à minuit précisément, un vacarme s’est emparé de plusieurs quartiers de Lomé. Klaxons, vuvuzelas, sifflets, casseroles : le peuple togolais a brisé le silence dans une cacophonie revendicative, exprimant un ras-le-bol accumulé depuis des années. Une action aussi bruyante que symbolique, portée notamment par des influenceurs sur les réseaux sociaux, qui ont appelé à une mobilisation pacifique mais marquante.
Une majorité silencieuse qui se fait entendre
Ce coup de colère sonore intervient dans un contexte politique tendu. En avril dernier, une révision constitutionnelle controversée a privé les Togolais de leur droit de vote au suffrage universel pour la désignation du président de la République, désormais élu par le Parlement. Une réforme imposée sans référendum, perçue comme une manœuvre pour perpétuer la mainmise du pouvoir en place. La monarchisation de la République.
La population, muselée par des lois restrictives interdisant les rassemblements, y compris dans des domiciles privés, a vu ses libertés civiles et politiques réduites comme peau de chagrin. Face à l’impossibilité d’organiser des manifestations autorisées, ce concert improvisé s’est imposé comme une réponse spontanée et déterminée.
Un anniversaire inoubliable
En vingt ans de règne, Faure Gnassingbé n’avait jamais connu un tel anniversaire. Loin des célébrations officielles, cette journée restera marquée par un cri collectif et inhabituel de citoyens en quête de changement. Une forme de désobéissance civile pacifique qui traduit l’épuisement d’un peuple face à un système politique verrouillé.
Vers une nouvelle forme de mobilisation ?
Ce coup d’éclat sonore marque-t-il le début d’une nouvelle dynamique de contestation ? Le message, en tout cas, est clair : malgré la peur, malgré la répression, la majorité silencieuse togolaise n’est plus prête à se taire.
Clarisse AFANOU
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