Togo: Marguerite Gnakadé dénonce une répression grandissante à la veille de l’anniversaire de Faure Gnassingbé

À la veille de l’anniversaire de Faure Gnassingbé, une voix inattendue s’élève : celle de Marguerite Gnakadé, ancienne ministre des Armées. Dans une déclaration forte, elle dénonce la vague d’arrestations arbitraires qui secoue le Togo et appelle à la libération immédiate des prisonniers politiques. Un cri du cœur pour la justice, la dignité et le respect des droits fondamentaux, dans un pays de plus en plus étouffé par la répression.

Tout comme à la veille de la prestation de serment du Président du conseil des ministres (PC), Faure Essozimna Gnassigbé, l’ancienne ministre des Armées, Marguerite Essossimna Gnakadé, a encore choisi la veille de l’anniversaire du PC, pour sortir de son silence et dénoncer fermement la dérive autoritaire du régime en place. Dans une déclaration sans détour, elle condamne les arrestations arbitraires, les atteintes aux libertés fondamentales et appelle à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques togolais.

Une nouvelle arrestation qui fait déborder le vase
L’arrestation de l’artiste engagé Narcisse Essowè TCHALA, alias Aamron, dans la nuit du 26 mai 2025 à son domicile, a ravivé l’indignation. Pour Mme Gnakadé, cette interpellation brutale, devant sa famille, s’inscrit dans une stratégie bien rodée : museler les voix dissidentes et étouffer toute contestation. Elle y voit le prolongement de vingt années de gouvernance autoritaire, sans vision ni résultats pour le peuple togolais.
« Je condamne avec fermeté ces pratiques rétrogrades d’un autre âge », déclare-t-elle.
Une dictature installée, un peuple à bout
L’ancienne ministre dénonce une dictature qui refuse toute alternance démocratique, malgré l’échec manifeste de sa politique et le désaveu populaire croissant. Selon elle, le pays est pris en otage par un régime répressif, sourd aux souffrances d’un peuple appauvri, frustré et privé de liberté.
Elle cite les évêques du Togo, qui alertaient récemment sur les dangers d’un climat politique étouffant : « Les peurs et frustrations muettes deviennent des déflagrations imprévisibles. »
Une liste glaçante de prisonniers politiques au Togo
Marguerite Gnakadé exige la libération immédiate de toutes les personnes détenues pour leurs opinions politiques ou leur engagement citoyen. Parmi les noms cités :
-Kpatcha GNASSINGBE et le Commandant Abi ATTI, en détention depuis plus de 15 ans, malgré les décisions de la CEDEAO et de l’ONU.
–Abdoul Aziz Goma et d’autres militants du Parti National Panafricain (PNP), arrêtés depuis 2018.
-Les détenus de l’affaire dite « Tigre Révolution », dont l’artiste Abdoul-Fadel OUATTARA.
-L’activiste politique Jean-Paul OUMOLOU.
–Le poète Honoré Sitsopé SOKPOR, alias AFFECTIO.
–Et tout récemment, AAMRON, figure de la jeunesse culturelle engagée.
Un appel au sursaut national et à la désobéissance civile pacifique
Pour Mme Gnakadé, les appels à manifester traduisent un ras-le-bol généralisé. Elle met en garde contre une radicalisation du discours social et un risque d’explosion si rien n’est fait. Selon elle, ces signaux ne doivent pas être ignorés : ils sont la preuve d’un contrat social brisé entre le peuple et ses dirigeants.
Une voix rare dans le paysage politique togolais
Première femme à avoir dirigé l’Armée togolaise, Mme Gnakadé incarne une parole singulière. En s’exprimant publiquement, elle rejoint les nombreuses voix qui réclament le respect des droits humains au Togo.
Alors que le Togo traverse une crise institutionnelle majeure, cette prise de parole interpelle. La répression, loin d’étouffer la contestation, semble au contraire nourrir un profond désir de changement. Le message de Mme Gnakadé résonne comme un appel à la responsabilité des dirigeants, mais aussi comme une invitation au réveil du peuple togolais.
Clarisse AFANOU
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