Togo : Un régime parlementaire… sans Parlement fonctionnel
Depuis son basculement officiel vers un régime parlementaire en mai 2025, le Togo semble englué dans une paralysie institutionnelle inédite. Deux mois après la désignation de Faure Gnassingbé comme président du Conseil des ministres, aucune déclaration publique, aucun discours, pas même un message à la nation. Pendant ce temps, l’Assemblée nationale est restée quasi inactive depuis trois mois.
Zéro loi votée, aucune initiative parlementaire concrète, à part la séance du 3 mai 2025 relative à la désignation du président du Conseil des ministres et à l’élection du Président de la République. Pour une institution censée incarner la nouvelle vitalité démocratique du régime parlementaire, le bilan est pour le moins préoccupant.
Une Assemblée nationale grassement payée pour l’inactivité
Officiellement, l’Assemblée nationale justifie cette léthargie par une contrainte juridique : en l’absence de gouvernement, les projets de loi soumis par l’exécutif démissionnaire ne peuvent plus évoluer. « Le nouveau gouvernement devra les retirer et les réintroduire, en l’état ou modifiés », confie une source parlementaire à TOGO SCOOP.
En attendant, les députés sont payés à ne rien faire. Quelques activités dites de « diplomatie parlementaire » et de « formation » ont bien été organisées, mais aucun travail législatif concret. Et pourtant, les urgences sociales, économiques et politiques s’accumulent.
Un Parlement sourd aux cris du peuple
Alors qu’on nous avait vanté les mérites d’un régime parlementaire plus démocratique, plus participatif, force est de constater que le Parlement togolais est sourd aux préoccupations du peuple. Lors des manifestations citoyennes de juin 2025, violemment réprimées, aucune réaction ni interpellation parlementaire n’est venue rappeler le devoir d’écoute et de responsabilité du pouvoir vis-à-vis des citoyens.
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Où est donc passée la promesse d’un Parlement fort, garant d’un équilibre démocratique et défenseur des intérêts populaires ? Où sont les élus du peuple lorsque celui-ci crie sa souffrance ?
Le silence assourdissant du président du Conseil des ministres
Autre fait marquant : le silence prolongé de Faure Gnassingbé, nouveau président du Conseil des ministres. Depuis sa prise de fonction le 3 mai, pas un mot, pas un discours, malgré la gravité de la crise sociopolitique et l’attente légitime d’un cap national. Ce mutisme interroge sur la réalité du pouvoir exécutif dans ce nouveau régime parlementaire, censé pourtant marquer une rupture avec l’hyperprésidentialisme.
Quel avenir pour le Togo dans ce contexte d’impasse politique ?
Deux mois après l’instauration du régime parlementaire, le Togo est sans gouvernement, sans législation active, sans leadership visible. Et avec une Assemblée nationale muette face aux attentes populaires, la crédibilité de la réforme constitutionnelle est déjà sévèrement entamée.
Les Togolais, qui espéraient un renouveau démocratique, constatent amèrement le décalage entre les promesses institutionnelles et la réalité du pouvoir. Ce régime n’a plus rien à proposer aux Togolais si ce n’est un bail à vie pour Faure Gnassingbé. Le danger est grand que ce vide politique se transforme en un rejet total des institutions. Le Togo peut-il encore sortir de cette impasse sans une refondation sincère de sa gouvernance ?
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Albert AGBEKO
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