Université de Lomé : Kpodar récolte ce que Kokoroko a semé
L’accalmie qui régnait depuis plusieurs années sur le campus de l’Université de Lomé est désormais en train de se fissurer. Depuis quelques semaines, les enseignants et le personnel administratif et technique des universités publiques du Togo expriment leur mécontentement face à une situation financière préoccupante. En toile de fond, la question des primes non versées promises à ces derniers par le chef de l’État en 2022 pour faire face à la vie chère, se pose avec acuité.

Les revendications ne se limitent pas seulement à cette prime. Les enseignants et le personnel administratif et technique réclament également le versement de la revalorisation de 10 % de la valeur indiciaire de leurs salaires, l’allocation mensuelle de 10 000 FCFA sur les frais de transport, et récemment les 60 000 FCFA accordés à titre exceptionnel en décembre 2024 par le président de la République. En juin 2024, face à ce climat de mécontentement, des négociations avaient abouti à un moratoire avec la promesse d’une prise en compte de ces revendications dans le budget de 2025.

Cependant, alors que le premier trimestre de l’année scolaire touche à sa fin, aucun signe de réalisation de ces promesses ne se profile à l’horizon. En réponse, les enseignants et le personnel ont relancé leurs manifestations, mettant la pression sur les autorités universitaires. Le cœur du problème réside dans la gestion d’importants fonds qui devrait servir à payer cette prime contre la vie chère qui, selon les informations, auraient disparu. Selon les informations de sources concordantes, le gouvernement affirme avoir déjà débloqué les sommes nécessaires pour rémunérer le personnel, mais leur localisation reste floue.
La gestion de ces fonds par l’ancien président de l’Université de Lomé, le professeur Dodzi Kokoroko, est aujourd’hui remise en question. Sa récente éviction et celle de son homologue de l’Université de Kara, également critiqué pour sa gestion, soulèvent des interrogations sur la transparence financière au sein de ces établissements. Lors des précédentes réunions des syndicats du personnel de l’Université de Lomé, certains responsables ont même appelé à l’arrestation l’ex président l’accusant d’avoir détourné ce qui leur revient de droit. Le mécontentement du personnel est palpable et pourrait bien s’intensifier.
Et pour ne rien arranger la sortie en date du 19 février 2025 au ton menaçante du nouveau président de l’Université de Lomé, le professeur Adama Mawulé Kpodar, qui a affirmé que : « toute manifestation d’un quelconque groupe, qui ne respecte pas les règles, est interdite ». Il a précisé qu’il userait de tous les moyens nécessaires pour maintenir l’ordre sur le campus, particulièrement en ces périodes d’examens. Malgré ces avertissements, le collectif des mécontents a prévu un sit-in ce jeudi 20 février 2025, en appelant ses membres à se vêtir de noir pour exprimer leur désaccord.
« Préparons-nous également à durcir le ton de notre démarche pour recouvrer nos droits. Il est temps qu’on nous prenne au sérieux », lit-on dans un groupe WhatsApp des protestataires. Ce climat de mécontentement et de tensions met en lumière une situation délicate pour l’Université de Lomé, où l’avenir semble incertain.
Ainsi, l’héritage de Kokoroko pèse lourd sur les épaules de Kpodar dont l’esprit d’ouverture et de dialogue est apprécié des responsables syndicaux. Cependant, ce dernier devra naviguer avec prudence entre les revendications d’un personnel en colère et les exigences du gouvernement afin de trouver une issue favorable à cette crise. Reste à savoir jusqu’où ira ce bras de fer qui menace la quiétude universitaire.
Francine DZIDULA
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