Un adage bien connu dit : « c’est dans le malheur qu’on connait ses vrais amis ». Cet adage se vérifie en ce moment particulièrement pour le peuple nigérien qui, depuis le 26 juillet 2023, traverse un des pires moments de son histoire récente. En effet, depuis le renversement du régime « démocratiquement » élu incarné par le président Mohamed Bazoum, on assiste à un lever de bouclier de la communauté internationale notamment de la CEDEAO, l’organisation sous-régionale et son donneur d’ordre la France contre ce pays.
Conséquence le pays de Seyni Kountché est l’objet des sanctions les plus dures, les plus inhumaines jamais infligées à un pays de l’hinterland classé pourtant parmi les plus pauvres de la planète.
Face à cette situation, rares sont les pays qui ont affiché leur proximité vis-à-vis du peuple nigérien. Dans cette catégorie, Lomé figure en bonne place même si dans la capitale togolaise on ne le crie pas sur tous les toits. Le constat est que Lomé a fait preuve de flexibilité, de compréhension, a été très poche des nouvelles autorités nigériennes contrairement aux positions va-t’en guerre affichées par la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin. Même si le Togo est solidaire des sanctions de la CEDEAO contre ce pays, il a marqué sa différence ceci en réaffirmant sa position qui a été claire : la diplomatie doit être privilégiée dans la résolution de la crise au détriment de l’option militaire brandie par l’organisation sous-régionale.
Le Togo s’est aussi opposé à l’utilisation de son territoire comme base arrière d’une opération militaire contre « un pays frère ». De ce fait, Lomé a été un interlocuteur crédible du régime issu du putsch au Niger. Ce qui fait que lorsque le Togo a accepté le 15 septembre 2023 de participer à la facilitation de l’accès à l’aide humanitaire au peuple nigérien suite à la sollicitation des Nations-Unies, la junte au Niger ne s’y est pas opposée contrairement à son NON catégorique à notre voisin de l’Est auquel le Niger a refusé le transit de cette aide.
Il faut souligner en passant que ce n’est pas la première fois que le régime de Faure Gnassingbé se montre compréhensif et favorable vis-à-vis des putschistes sur le continent. Certainement pour avoir eu à un moment donné des velléités de putschistes cela lui a conféré une posture à comprendre ceux qui, à un moment donné, ont choisi les armes contre leur propre pays.
Ceci dit, cette position du Togo envers le Niger a fait qu’il figure parmi les trois pays choisis par le Niger pour bénéficier de l’approvisionnement en gasoil en ce moment de tension. En effet, selon une note du ministre nigérien du Pétrole, des mines et de l’énergie en date du 16 octobre 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Togo sont bénéficiaires « à titre onéreux de dix mille (10 000) m3 de gasoil » respectivement pour les trois prochains mois.
Si pour les deux premiers pays bénéficiaires de cette générosité nigérienne, il ne se pose pas de questions, le Mali et le Burkina Faso sont dirigés par des régimes militaires tout comme le Niger actuellement. De même, les trois pays ont en septembre 2023 mis en place une union dénommée Alliance des Etats du sahel (AES). En revanche, c’est la présence du Togo dans cette liste qui questionne.
Comment un pays de la côte qui se réclame de la démocratie peut-il faire la compagnie des régimes militaires ? Comment peut-on aimer les putschistes qui veulent que les choses changent dans leur pays alors que chez soi (au Togo) c’est le statu quo ? Au Togo, Faure Gnassingbé incarne un régime clanique de presque 6 décennies de gouvernance chaotique et de corruption. Des maux pour lesquels les militaires nigériens, maliens et burkinabè ont renversé les gouvernements de leur pays. Ce qui fait que cette ambivalence de la position de Lomé est incompréhensible.
Qu’à cela ne tienne, que gagnent les autorités togolaises dans une telle posture d’amis des putschistes ? Que gagne le peuple togolais ?
Si aujourd’hui, la tendance sur le continent surtout chez les jeunes, est favorable aux régimes issus des coups d’Etat ; cette seule tendance expliquerait la position de Lomé ?
Albert AGBEKO
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