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Décès en exil de Mgr Philippe Fanoko Kpodzro : Retour sur la vie du patriarche de la nation

 

Archevêque émérite de Lomé, il n’a pas sa langue dans la poche. Mgr Philippe Fanoko Kpodzo est devenu ces dernières années le principal opposant de Faure Gnassingbé face à qui il a positionné un ancien cacique du régime, Agbéyomé Kodjo, à la tête d’un regroupement de l’opposition Dynamique Mgr Kpodzro (DMK) pour le battre dans les urnes. Contestant la défaite de son poulain, Mgr Kpodzro  a appelé le peuple togolais à descendre dans les rues pour arracher leur victoire. Menacé, il sera exfiltré du pays le 28 avril 2021 en Suède où a 93 ans, il continue le combat pour l’avènement de la démocratie et de l’alternance sur la « Terre de nos aïeux ». Il rejoindra ce 9 janvier 2024, les « Pères de l’Indépendance» sans avoir vu l’alternance qu’il ardemment désiré.

Sa grande espérance celle de voir l’alternance au Togo de ses propres yeux ne se réalisera pas. C’est loin, très loin de la mère patrie qui poussera ses derniers soupirs les armes à la main.

TOGOCOM

Mgr, tu n’as pas vécu inutilement. Ta vie est une leçon de lutte et d’engagement pour la jeune génération.

 Retour sur la vie de ce combattant de l’alternance au Togo.

 

Etude et sacerdoce : Une vie consacrée à Dieu

Après son brevet reçu avec brio au séminaire Saint Jeanne d’Arc, le premier breveté Akposso reçoit une bourse d’étude pour Paris mais il s’y opposa préférant se consacrer au sacerdoce. L’année suivante, en 1952 après l’obtention de son bac 1, il reçut exceptionnellement sur décision de son évêque sa soutane le 26 août, devant tout son village de Tomégbé au cours d’une célébration présidée par Révérend père Aloyse Riegert, Vicaire Général.

Il sera envoyé plus tard par Mgr Joseph Strebler à poursuivre ses études à Rome mais à cause de sa santé fragile, son évêque a pris avec regret la décision de son rapatriement sur ses terres. Le recteur de son collège s’y oppose et le soumet aux traitements médicaux d’un bon neurologue grâce à qui il a pu reprendre les études ce qui lui a permis de recevoir son ordination presbytérale.

Après 9 années consécutives d’absence au pays, il revient en août 1961, sans le bac 2, ni le doctorat universitaire à cause de sa santé fragile. Au pays, ses supérieurs lui confièrent la formation des futurs prêtres d’abord au petit séminaire Saint Pierre Claver de Lomé, ensuite au petit séminaire Saint Paul.

La vie du futur archevêque de Lomé changea quand contre toute attente et au moment où on l’attendait le moins le Pape Paul VI nomma l’abbé Philippe Kpodzro pour succéder à Mgr Bernard Oguki Atakpah, le grand évêque d’Atakpamé. Cet évêque est le premier à s’opposer farouchement au président Eyadema à cause de sa politique d’authenticité copiée chez Mobutu du Zaïre. Persécuté par le pouvoir de Lomé, il sera contraint à vivre le plus longtemps en exil en Côte d’Ivoire avant de revenir s’installer à Lomé. Ce que l’ancien et le nouvel évêque qui venait de succéder à la tête du diocèse d’Atakpamé ont de commun, c’est qu’ils n’avaient pas leur langue dans leur poche et c’est pour cette raison que le président Eyadema ne les portait pas dans son cœur.

Surpris par la nouvelle de la nomination épiscopale de Philippe Kpodzro, les caciques de Lomé se disent dupés dans leur vigilance. Ils soulevèrent alors les plus hautes autorités du pays contre cette décision pontificale et sa réalisation. Cette opposition à l’ordination fut farouche, violente et a failli se transformer en élimination physique de l’élu de Dieu.

C’est ainsi que le 1er mai 1976, le podium préparé pour la cérémonie d’ordination à l’évêché d’Atakpamé a été saccagé et incendié. Puis le 2 mai, à l’Eglise Saint Augustin d’Amoutiévé, à Lomé, les éléments des FAT, arme au poing, fit une violente irruption sacrilège, forçant porte et fenêtres. L’un des assaillants monta même dans le chœur, révolver au poing, demandant qui est « Mgr Kpodzro ? », « Où est Mgr Kpodzro ? », le jeune évêque providentiellement ordonné (concélébrait la messe tout à côté du Cardinal Paul Zoungrana, le célébrant principal) était inconnu du public de Lomé.

N’ayant pas eu de réponse qu’il espérait, il descendit du chœur avec ses compagnons et se mit à violenter tous les fidèles qui chantaient avec ferveur. Face à ce déchainement de violence et vu que la tête du nouvel évêque fut mis à prix, ce dernier fut mis en lieu sûr. Le lendemain, le journal officiel titra à la une : « Le sacre de Mgr Kpodzro n’a pas eu lieu ». Les Archevêques et Evêques rencontrèrent le Chef de l’Etat et lui exprimèrent leur profonde indignation pour cette violation sacrilège qui est en contradiction inouïe de l’hospitalité traditionnelle de toute l’Afrique. Le Président, fort contrarié suite à sa méprise du fonctionnement normal de l’Eglise de nommer et d’ordonner un évêque sans son accord qu’il prit pour un manque manifeste de considération à son égard, mit au défi les autorités religieuses qu’un tel évêque puisse au Togo se rendre tranquillement dans son diocèse pour y travailler.

Après son ordination, Mgr Kpodzro fera quatre ans et huit mois à Lomé avant de regagner son diocèse, soit le 21 janvier 1980, ceci après des missions de bons offices auprès du président Eyadema.

 

LA CONFERENCE NATIONALE SOUVERAINE

 

Rares étaient ceux qui pouvaient miser sur son nom à l’entame de la Conférence nationale togolaise comme celui qui devrait diriger cette grande assise des forces vives de la nation. Contre toute attente, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro alors archevêque d’Atakpamé a été élu le 13 juillet 1991 par les 1200 délégués réunis à la salle Fazao de l’hôtel 2 février pour diriger la conférence nationale togolaise qui a duré du 8 juillet au 28 août 1991.

« Nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ».  C’est par cette formule inaugurale empruntée à Mirabeau que Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro lança les travaux de la Conférence nationale après sa désignation à la tête du présidium comprenant notamment Me Joseph Koffigoh, vice-président, et de Me Jean Yaovi Degli, rapporteur. Même s’il lança les travaux de la Conférence nationale, le chef de l’Etat Gnassingbé Eyadema ne participa pas personnellement aux assises, se faisant représenter par ses fidèles collaborateurs, dont un certain Agbéyomé Kodjo. Durant jusqu’au 28 août 1991, cette Conférence nationale, riche en rebondissements, dont les travaux ont vu se révéler des talents d’orateur, de négociateurs et de persuasion de plusieurs personnalités, avec l’adoption d’Actes et de Résolutions controversées allant de la proclamation de la souveraineté à la mise en place des institutions de la transition avec l’élection du Premier ministre en la personne de Me Joseph Kokou Koffigoh et du parlement de transition, Haut conseil de la République (HCR) avec à sa tête le président de la conférence, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro.

 

PERIODE DE TRANSITION : « ON A ARRETE KOFFIGOH IL RESTE KPODZRO »

 

Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, placé à la tête du Haut conseil de la République, le parlement de transition mis en place par la conférence nationale, fera face aux difficultés après la fin de cette grande assise. La première difficulté est la tentative de dissoudre le RPT, l’ancien parti unique, parti état. Une tentative qui a essuyé une farouche opposition des irréductibles du parti qui étaient décidés à mener un combat à mort pour conserver le parti.

Ce refus de la dissolution du parti est l’une des causes de violent assaut mené contre la primature par les militaires. Combat qui a occasionné des pertes en vies humaines dont un des frères du président Eyadema, Toyi abattu par les militaires de la garde du premier ministre Koffigoh.  Au cours de l’attaque le nom de Mgr Kpodzro était répété en boucle sur la radio nationale comme tête de liste des personnalités vivement recherchées et convoquées à la Direction Générale de Douanes. Alors, profondément traumatisé par cette attaque, le premier ministre s’est rendu à Lomé 2 au chef de l’Etat, ce qui a suscité cette déclaration des militaires « Olé KOFFIGOH e kpoto KPODZRO », c’est-à-dire : « On a arrêté KOFFIGOH mais il reste KPODZRO ».

Par la suite déguise, Mgr Kpodzro quittera le pays. Ramené au pays plus tard grâce à l’intervention du président Soglo, il s’attèlera avec le reste des hauts conseillers à la rédaction de la Constitution qui sera voté à plus de 98% en 1992.

Après ces soubresauts, le HCR fidèle dans sa détermination, s’est attelé aux plus importants de toutes les missions à lui confier par la CNS : la rédaction et l’approbation d’un avant-projet de constitution. Les Hauts Conseillers ont mis tous leurs talents et leur génie à travailler dans un esprit de disponibilité et de totale liberté pour fournir un chef-d’œuvre apprécié tant par l’ensemble des Conseillers que par le Chef de l’Etat, qui l’a lui-même soumis au référendum en appelant le peuple à le voter.

Après que le Premier ministre Koffigoh s’est rendu à Eyadema après l’attaque de la Primature, Mgr Kpodzro était considéré comme la seule force gênante. C’est ce qui justifie sa prise en otage durant 27 heures par les militaires dits éléments incontrôlés. Ce jour-là, les militaires dits éléments incontrôlés, pénétrèrent dans la salle du HCR, armes au poing et immobilisèrent violemment les gardes du corps de Président du HCR. Ils forcèrent l’évêque Président à faire rédiger un document devant débloquer les fonds du patrimoine des militaires qui se trouvaient bloqués par la CNS dans les banques. Mais en réalité, les fonds en question n’appartenaient pas aux militaires, mais constituaient les prélèvements de cotisations de tous les togolais considérés de facto comme anciens militants du parti unique RPT.

Pendant la rédaction du texte, ils obligèrent le prélat à se rendre dehors sous escorte de militaires bien armés. Arrivé sur l’esplanade et placé au milieu des gens en uniforme avec des armes braqués sur lui, l’ordre lui fut donné de regarder le soleil pendant deux minutes. Le Prélat s’exécuta. Après quoi, le chef de troupe l’interroge : « combien de temps va durer la rédaction du texte ?  Réponse : une heure ». Non ! « 3/4 d’heure » Non ! « 30 mn ». Non et non. « 20 mn… ».  « Et maintenant : enlève ton chapeau ! Je te l’ordonne, enlève ton chapeau ». Il n’a pas bronché. Tout furibard, il continue : « regarde-moi le visage qu’il fait et sa bouche ! Il se croit encore dans son église d’Atakpamé où il injurie les gens, Hin ! Tu nous fais vraiment honte : le gouvernement a mis une belle voiture à ta disposition, mais tu as préféré rouler avec ta sale bagnole ! N’est-ce pas ! Nous allons maintenant te l’arranger correctement : « Hop ! ». Et les voilà qui se ruent brutalement sur le véhicule du prélat qui se trouvait garé à proximité en flaquant d’abord un coup de pied violent à Félix, son chauffeur qui s’enfuit à toute jambe.

Fini la casse de son véhicule, ils pointèrent de nouveau leurs armes braquées sur le président du parlement de transition comme attendant l’ordre pour l’exécuter. Le chef hurla : « garde à vous ! ». Puis retour dans la salle ! Le prélat a passé un vrai « mauvais quart d’heure ! »… A son retour dans la salle de la plénière, toujours sous escorte militaire, armes au poing, terrifia d’avantage l’auditoire persuadé qu’il avait déjà été exécuté. Il prit le micro pour leur dire d’une voix tremblante, de faire diligence pour la rédaction du texte car « nos frères les militaires nous ont accordés seulement 20 mn », déclarait-il.

Les volontaires qui rédigèrent le texte lui apportèrent bien vite et il voulait le lire publiquement quand l’un de leur agresseur lui arracha le papier en disant : « nous savons lire nous-mêmes ». Très peu de temps après, il lui remit le texte pour sa signature.

Après la signature, ils exigèrent que le président du HCR les suive pour en donner lecture à la télévision nationale. Mais l’un des deux ministres présents ce jour-là dans la salle, s’opposa à leur requête et trois militaires emportèrent le texte pour se rendre à l’office de la télévision nationale. Les autres agresseurs, contrairement à la promesse faite de libérer les Conseillers dès la signature du document exigé, les gardèrent en otages avec défense d’aller aux toilettes situées à proximité, même pour les besoins les plus élémentaires. Les Conseillers d’un certain âge ont dû souffrir un véritable calvaire depuis le matin jusqu’à 17H où le nouveau contingent venu pour la relève, se montra plus indulgent et permit un peu plus de mouvements dans la salle.

Entre temps, toujours accompagné sous escorte militaire armée, Mgr Kpodzro s’était rendu à son bureau à l’étage pour joindre par téléphone le Chef de l’Etat. Il l’informa du drame que vivaient les Hauts Conseillers depuis la première séance du matin. Le président de la République manifesta beaucoup de compassion pour ce qui leur arrivait et dont personne, dit-il, ne l’avait informé. Il mettait ces faits crapuleux sous le compte de quelques éléments incontrôlés de l’armée. C’est au Premier Ministre, reprit-il, qu’il incombe de prendre des dispositions nécessaires pour mettre fin à ce problème. Le prélat téléphona alors au Premier Ministre pour solliciter son intervention libératrice. Celui-ci lui chargea de dire aux membres du Haut Conseil de promettre d’abord qu’ils cesseraient désormais de le critiquer, et alors seulement, lui aussi se chargerait de défendre leur cause. Mgr Kpodzro repris le téléphone pour redire les propos du Premier Ministre au Président de la République. Quand il rapporta dans la salle les propos du Chef de l’Etat et du Premier Ministre, tous poussèrent des cris d’indignation qui en disaient long. Et ce fut le tour de la soldatesque de leur casser les oreilles avec des histoires stupides, paillardes, et très honteuses qui trahissaient le niveau moral de quelques zélés de la troupe.

Vers minuit, Mgr monta pour une troisième fois au bureau pour une dernière tentative d’obtenir leur libération par le Président de la République. C’est encore avec la manifestation d’une prétendue compassion, surprenante pour le motif de son inquiétude, que le Président lui répondu ceci : « Mgr, vous n’avez donc rien mangé depuis le matin ? Je vais vous faire parvenir de quoi apaiser la faim. » Revenu dans la salle, la réaction des Hauts Conseillers a été à l’unanimité : « Nous n’avons pas besoin de son pain, mais de notre libération. »

A deux heures du matin, une bonne quantité d’eau minérale et de baguettes de pain fut déposée sur une table dans la salle. Personne n’y toucha. Le groupe des soldats se moqua des hauts conseillers en disant : « Vous dites que EYADEMA est mauvais, voilà qu’il vous donne à manger, et c’est vous qui ne voulez pas. Mais alors, qui est le plus mauvais ? ». Cette atmosphère a régné toute la nuit.

HCRUNN

Grâce à la diplomatie vaticane qui a saisi le président Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, cette prise en otage connaitra un dénouement.

Vers 13H, un officier entra dans la salle avec une liste des Hauts Conseillers. Ceux qui entendaient leurs noms, devaient se rendre un à un dans une salle à l’étage, avec tous leurs effets, et ne revenaient plus. Ils seront tous, un à un, passés à tabac dans la fameuse salle à l’étage. Le président du HCR, Mgr Kpodjro, le dernier à sortir de la salle de réunion sans passer dans la salle d’en haut.

A partir de cet évènement douloureux, les militaires ont été positionnés de façon à empêcher les Hauts Conseillers d’accéder à leur salle de travail au Palais des Congrès. Les séances de travail se sont poursuivies désormais au domicile de Mgr Kpodzro à Nyekonakpoè où ils ont pris la résolution de relever le Premier Ministre Koffigoh de sa fonction car ne répondant plus à la confiance qui lui a été faite.

 

L’ORDINATION ARCHEVEQUE DE LOME

Le 17 décembre 1992, il est nommé archevêque de Lomé3. Il dirige également la Conférence épiscopale du Togo de 1992 à 2006.

 

EXORCISATION DU TOGO

Sur le modèle mexicain, Mgr Kpodzro a fait de sa bataille l’exorcisation du Togo pour délivrer le pays des griefs de Satan. Pour cela, il a entrepris des démarches auprès des cardinaux de la sous-région, pour recueillir leurs points de vue et leurs conseils sur ce projet. Il en a également discuté avec ces collègues de la Conférence des évêques du Togo (CET).

Il est arrivé à cette option par le fait que selon plusieurs rumeurs le Togo serait sous l’emprise des démons, raisons pour lesquelles les différents acteurs de la vie sociopolitique, manifestement engagés pour le salut du pays, se retrouvent toujours dans un combat plutôt fratricide. Comme pour confirmer cette hypothèse, des rumeurs concordantes de diverses sources stipulent que le pays, le Togo, aurait été soumis à des démons, depuis la période de la lutte pour son indépendance par Sylvanus Olympio ; ces rumeurs persistantes estiment que des cérémonies idolâtres, avec des sacrifices humains, se sont périodiquement poursuivies au sommet de l’Etat, au temps de Grunitsky jusqu’à atteindre leurs paroxysmes sous le Président Eyadema.

C’est pourquoi, Mgr Kpodzro a envisagé un exorcisme majeur du pays.

« Je suis persuadé que l’Exorcisme Majeur de tout notre pays me paraît une démarche absolument incontournable, à la réalisation de laquelle je me suis engagé comme une mission d’Eglise ».

 

ENLEVER DE L’HYMNE NATIONAL TOUT SPECTRE DE MORT

A l’occasion du 40ème anniversaire de son épiscopat, il a vivement souhaité que dans l’hymne national du Togo, source de mobilisation et de dynamique du vivre-ensemble, soit enlevé toute trace du spectre de la mort. « Pour avoir connu une histoire récente dans notre cher pays si sanglante et mouvementée, notre préférence à tous doit être à la vie. Au lieu de : « vainquons ou mourons, mais dans la dignité », désirons au plus profond de nous-mêmes et chantons haut et fort : « vainquons et vivons, mais dans la dignité », déclarait-il. Cela suppose le véritable héroïsme qui plutôt que de détruire la vie d’autrui, donne la sienne pour le bien de tous. Désormais, qu’un togolais, plus jamais, ne verse le sang d’un frère togolais, suggérait-il.

MGR KPODZRO ET JEAN-PIERRE FABRE : LE JUDA ET LES TRAITRES !

S’il y a un leader de l’opposition avec qui Mgr Kpodzro entretenait ces dernières années des relations conflictuelles, c’est bien Jean-Pierre Fabre, le président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Dans ces différentes sorties, le prélat l’a ouvertement accusé d’être  la cause de l’échec de l’opposition ou de l’éclatement de la C14, un regroupement de l’opposition.

« Et la petite lumière que le Christ a mise en moi, c’est ça qui me conduit et me donne le courage de ressembler ce qu’on appelle la C14. J’ai fait une réunion avec ces membres une fois, et ils m’ont parlé superficiellement. Donc, j’ai pris le temps d’écouter individuellement chaque leader du groupe. Mes chers amis, j’ai eu le cauchemar. J’ai vu que les Togolais ont mis leur confiance en des gens qui ne pensaient pas du tout à eux. Des gens qui pensaient seulement à leurs propres intérêts. D’autres se remplissaient les poches avec de l’argent, ils étaient corrompus. Eh, pauvre Togo ! Et c’est à eux que nous voulons confier notre sort. Le plus insupportable qui malmenait tous les autres, excusez-moi, c’est le groupe ANC », déclarait-il.

Cette relation tendue entre l’archevêque émérite de Lomé, la formation de Jean-Pierre Fabre a empoisonné la vie politique du pays et a déteint sur la dernière présidentielle avec à la clé 4% des suffrages obtenus par Jean-Pierre Fabre. Ce dernier a exigé des excuses publiques du prélat pour le mal qu’il a fait à la politique togolaise par l’intrusion du « Saint-Esprit » dans le débat politique.

 

MGR KPODZRO ET FAURE GNASSINGBE : « LE FILS, MALGRE UN BAGAGE INTELLECTUEL PLUS IMPORTANT QUE SON PERE, SE FERME A LA VERITE »

 

Il côtoyé le Président Eyadema et son fils Faure Gnassingbé qui l’a succédé à la tête du pouvoir. En interprétant ses propos il apparait que Mgr Kpodzro a un penchant pour le père que pour le fils. « Le fils, malgré un bagage intellectuel plus important que son père, se ferme à la vérité », disait-il de Faure Gnassingbé dans une interview accordée à TV5 monde.

Il a plusieurs reprises sollicité une audience auprès du président de la République pour lui parler en vain. Conséquence, il choisit des lettres ouvertes pour s’adresser à lui.

Fervent défenseur de la Constitution originelle de 1992 écrite quand il était à la tête du parlement de transition, il a souhaité qu’aux termes de son second mandat à la tête du pays, Faure Gnassingbé ne se présente plus aux élections présidentielles de 2020 « ce qui sera tout à son plus grand honneur », déclarait-il à celui qu’il appelait mon fils. Il ne sera pas écouté. Conséquence, Mgr Kpodzro choisit un ancien cacique du régime d’Eyadema, Agbeyomé Kodjo comme porte étendard de la Dynamique Mgr Kpodzro (DMK) pour affronter le fils de ce dernier. Et depuis, il clame que son poulain a remporté ladite élection.

Exilé désormais en Suède à la suite de cette élection, le prélat avait été exfiltré du Togo, le 28 avril 2021, par le Haut-commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) après que des gens proches du pouvoir avaient tenté de l’assassiner. A noter qu’il ne cessait de maudire les proches du Président de la République.

On lui en voulait à cause d’une lettre ouverte qu’il avait publiée une semaine plus tôt. Dans cette lettre, Kpodzro interpellait Emmanuel Macron sur la visite à l’Élysée de Faure Gnassingbé qui, selon lui, n’était pas le vrai vainqueur de l’élection présidentielle du 22 février 2020. Une partie du peuple togolais avait voulu prendre la rue, le 28 février, pour contester les résultats de cette élection mais elle dut y renoncer, la mort dans l’âme, quand elle commença à être gazée, bastonnée et réprimée par les nervis du régime.

Quant à Mgr Kpodzro, qui avait appelé les Togolais « à se lever, à ne pas avoir peur des fusils et à sortir massivement dans la rue pour arracher la victoire », il ne put sortir de sa maison encerclée depuis plusieurs jours par des militaires.

Le 20 mai 2021, Faure Gnassingbé, en visite officielle à Bruxelles, ne savait pas qu’une mauvaise surprise l’attendait. En effet, plusieurs dizaines de Togolais vivant et travaillant en France, en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne et en Hollande s’étaient donné rendez-vous dans la capitale de l’Europe pour protester contre l’Union européenne qui recevait le président togolais. Mgr Kpodzro s’était adressé à la représentation européenne en ces termes : “Le peuple togolais ne veut plus de Faure Gnassingbé, le peuple togolais ne l’a pas élu.”

Après Bruxelles, Mgr Kpodzro met le cap sur Paris. Lorsqu’il prend la parole, le 20 octobre 2021, devant l’Assemblée nationale française, le nonagénaire n’y va pas de main morte : il condamne aussi bien le pillage de l’Afrique par la France que le règne dynastique des Gnassingbé au Togo.

À cet âge, on est normalement chez soi, en train d’écrire ses mémoires ou en train de mettre de l’ordre dans ses affaires avant la rencontre avec le Créateur. Mgr Kpodzro a choisi, lui, de crier dans le désert comme Jean le Baptiste, de se battre pour le Togo et l’Afrique, parce que les plus jeunes, qui devraient mener ce combat, ont été incapables de résister aux séductions, aux compromissions et au gain facile. Mgr Kpodzro aimait l’Afrique et, parce qu’il l’aime, il souffrait de la voir dans cet état. C’est cette double passion pour une Afrique libre et souveraine, pour plus de liberté et de justice dans les pays africains, qui le faisait courir. C’est uniquement cela qui expliquait son engagement et sa détermination et non un quelconque désir de conquérir le pouvoir d’État qui donne si facilement accès aux honneurs et à l’argent dans une Afrique francophone qui tourne en rond depuis 6 décennies malgré ses énormes potentialités.

Récemment alors que des images non dignes de lui avaient futé sur les réseaux sociaux, une mission de bons offices avait été dépêchée à ses chevets pour le faire revenir au bercail, il a fait fin de non recevoir estimant qu’il ne retournera pas sur la terre de ses aïeux tant que Faure Gnassingbé sera au pouvoir.

 

Albert AGBEKO

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