Devoir de mémoire : 22 février 2020 : Il y a 4 ans les Togolais ont réélu Faure Gnassingbé

 

Sept candidats sont en lice pour ce scrutin présidentiel, prévu sur le 22 février 2022, le huitième du genre depuis le retour du multipartisme dans le pays. La particularité de ce scrutin est que, contrairement, à la donne dans la sous-région où le mandat présidentiel est limité à deux, le président sortant Faure Gnassingbe se présente pour la quatrième fois. Il a en face de lui, l’un des proches du défunt régime de son père, Agbeyomé Kodjo, plusieurs fois ministre et président de l’Assemblée. Ce dernier est soutenu par l’archevêque émérite de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kpdzro qui avait dirigé la conférence nationale togolaise au moment où Agbéyomé était l’un des défenseurs du régime en place. En dehors des deux, il faut compter aussi avec l’opposant Jean-Pierre Fabre qui se présente à ce scrutin pour la troisième fois. Globalement, le scrutin s’est déroulé dans un calme relatif en dehors du vacillement de la connexion dans la soirée du scrutin perturbant la compilation des résultats dans les états-majors des candidats. Mais une fois les bureaux de vote fermé, le domicile du candidat Agbéyomé Kodjo avait été brièvement encerclé par les gendarmes lourdement armés avant que ces derniers ne se retirent aux environs de 20h.

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Alors que la CENI n’a pas encore rendu public les tendances, l’ANC de Jean-Pierre Fabre annonce dans la soirée du jour du scrutin que sur la base des compilations qu’elle a effectuées, « les premières tendances placent en tête les candidats du MPDD et d’UNIR ». Dans la foulée, le candidat du MPDD porté par la Dynamique monseigneur Kpodzro (DMK) annonce en conférence de presse dans la soirée du 23 février 2020 qu’il est largement en tête dans le Grand Lomé et dans la région maritime et a réalisé de bon score dans les autres régions du pays. « Au regard des résultats que nous avons compilés à travers les procès-verbaux en notre possession, nous avons gagné cette élection présidentielle au premier tour avec un score oscillant en 57 et 61%. Dès l’instant, je deviens le président démocratiquement élu et je m’engage à former un gouvernement inclusif », a déclaré le candidat de la DMK. Par conséquent, Agbéyomé Kodjo a enjoint la CENI pour qu’elle proclame les vrais résultats sortis des urnes bureau de vote par bureau. Une requête appuyée par l’Ambassadeur des Etats-unis en poste à Lomé.

Deux autres candidats en l’occurrence le professeur Aimé Gogue de l’ADDI et Komi Wolou du PSR annoncent également de leurs côtés que les tendances place l’ancien premier ministre Agbeyomé Kodjo en tête.

Dans le camp du pouvoir, le triomphe est modeste. Le parti au pouvoir annonce cependant un véritable raz de marée et concède que son candidat est en coude à coude avec celui du MPDD dans le Grand Lomé.

Le 24 février 2024, soit moins de 48 heures après le scrutin, comme pour couper l’herbe sous les pieds des candidats de l’opposition qui unanimement affirment que le candidat du MPDD est largement en tête, la CENI proclame les résultats provisoires à l’issue du dépouillement le plus rapide de l’histoire. Ceux-ci donnent le président sortant Faure Gnassingbé vainqueur dès le premier tour avec 70,78 % des voix, contre 19,46 % à Agbéyomé Kodjo.

Agbéyomé Kodjo et son parrain, le nonagénaire Mgr Kpodzro contestent les résultats et ils appellent le peuple togolais à une manifestation le 28 février 2020. Le jour de la manifestation, Mgr Kpodzro a été confiné à la maison et la manifestation a été réprimée.

Par ailleurs, Agbéyomé Kodjo sera enlevé à son domicile et conduit au SCRIC. Plus tard l’assemblée nationale donnera son onction à la levée de l’inimité parlementaire de celui qui se proclame vainqueur du scrutin et qui a formé son gouvernement.

La pression devenant de plus en plus forte, Agbéyomé Kodjo et l’archevêque émérite ont été exfiltrés du pays. Hors du pays, Agbéyomé Kodjo continue par réclamer sa victoire et à remanier un gouvernement en exil. Le dernier remaniement est intervenu dans le courant de ce mois de février qui rappelle le 4^ème anniversaire de ces élections. Quant à Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, il a rendu l’âme le 4 janvier 2024 en exil en Suède à l’âge de 93 ans sans pouvoir vivre l’alternance qu’il a appelé de ses vœux avant de rendre l’âme.

Ainsi 4 ans durant, Agbeyomé Kodjo continue de réclamer son fauteuil présidentiel et annonce son retour au pays pour prendre le fauteuil alors qu’il ne reste qu’un an à Faure Gnassingbé pour boucler le mandat.

 

 

…Parce qu’un peuple sans histoire est un monde sans âme.

 

Albert AGBEKO

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