A Lomé, l’Afrique francophone affine des stratégies pour booster le dépistage du VIH
Lomé, la capitale togolaise, accueille une importante réunion internationale consacrée au dépistage du VIH-Sida. La rencontre regroupe les pays francophones d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Océan indien. Durant trois jours (du 25 au 27 juin 2024), les participants qui sont des techniciens dans la lutte contre cette maladie, vont acquérir des connaissances sur les solutions qui peuvent être utilisées pour combler les lacunes existantes en matière de dépistage, parvenir à une mobilisation stratégique et un recalibrage opérationnel vers l’atteinte des trois 95, renforcer les services de dépistage et de lien aux soins et la couverture de ceux-ci dans son ensemble.
La pandémie liée au Covid-19 et les autres affections ne doivent pas détourner les attentions sur l’épidémie du VIH qui demeure un important problème de santé publique. Selon l’OMS, le Sida continue de causer 2,5 millions de décès chaque année dans le monde. Son impact négatif sur les systèmes de santé et les communautés n’est plus à démontrer. De nouvelles données montrent que les infections sexuellement transmissibles (IST) augmentent dans de nombreuses régions. Les plus fortes hausses sont observées dans la Région des Amériques et la Région africaine.
Face à cette situation, l’OMS et ses partenaires techniques et financiers notamment l’ONUSIDA, le Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme ne baissent pas les bras. C’est dans ce sens que se tient la rencontre de Lomé.
A l’ouverture de l’atelier, le Représentant résident par intérim de l’OMS au Togo, Dr Bailo Diallo a réaffirmé l’engagement indéfectible de son organisation pour éradiquer le VIH/Sida. Toutefois, a-t-il précisé, « nous ne saurons tenir cet engagement sans une mobilisation collective et continue de toutes les parties prenantes, des communautés affectées aux décideurs ».
C’est pourquoi, Dr Diallo a exhorté les participants à une participation active car a-t-il souligné, « cet atelier vous offre une opportunité unique de mettre à jour vos connaissances, de débattre de la priorisation en fonction de vos contextes et d’élaborer une stratégie de mise en œuvre efficace. C’est aussi l’occasion d’harmoniser vos stratégies de dépistage et de définir une feuille de route ambitieuse et réaliste pour atteindre les objectifs sanitaires mondiaux ».
De son côté, Dr Eric Verschueren, Directeur pays ONUSIDA, a, dans son intervention, insisté sur les inégalités liées au dépistage en Afrique. Ces inégalités sont de trois ordres, a-t-il révélé.
Tout d’abord, il y a une grande inégalité entre les adultes et les enfants. Celle-ci se traduit dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre par environ 82% des adultes qui connaissent leur statut et sont soumis au traitement ARV contre seulement 37% des enfants. Ce qui fait ressortir un décalage entre le taux de couverture du dépistage pour les enfants et les adultes.
Ensuite, il y a une inégalité au niveau des femmes et des hommes. Les femmes ont souvent une relation plus étroite avec leur santé et les fréquentent plus ce qui fait qu’elles sont plus dépistées que les hommes et par conséquent, elles sont beaucoup plus sous traitement.
Et enfin, il y a des inégalités est entre les différentes régions d’un pays. Les services de santé sont plus concentrés dans les endroits à forte densité de populations accentuant le décalage entre les milieux urbains et les milieux ruraux.
Pour y remédier à cette situation Dr Verschueren explore des pistes de solutions à savoir : améliorer la couverture sanitaire des zones défavorisées, cibler les patients ou les personnes affectées en allant les dénicher là où ils vivent ceci avec l’appui des acteurs de la société civile qui vont aider à les trouver.
Pour sa part, Dr Kaaga Doléagbenou Yéba, Chargée de programme VIH, tuberculose, hépatite virale au Bureau pays OMS Togo, a déploré que beaucoup de pays africains n’ont pas atteint le premier 95 qui est l’objectif initial à atteindre d’ici 2030. Elle a rappelé la recommandation de l’OMS qui est l’accès universel aux soins aux PVVIH.
Notons qu’en juin 2021, les Nations unies ont adopté 95-95-95 l’objectif à atteindre d’ici 2030. Il s’agit de : au moins 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut VIH, au moins 95 % des personnes qui connaissent leur statut VIH suivent un traitement ARV, au moins 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale supprimée.
Albert AGBEKO
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