Au Togo, même pour prier il faut avoir l’autorisation
Il y a quelques mois ironisait un acteur de la société civile face aux interdictions tous azimuts des manifestations de l’opposition que dans les jours à venir au Togo pour faire l’amour à sa femme dans sa chambre il faut avoir l’autorisation des autorités du pays. Même si cette prédiction ne s’est pas encore réalisée on n’est pas loin, en témoigne la dernière interdiction d’une manifestation qu’envisageait organiser un regroupement politico-associative dans la ville de Sokodé et qui a été interdite par le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la chefferie coutumière.
Le Front citoyen « Touche pas à ma constitution », un regroupement politico-associatif, vent debout contre le changement de la constitution et qui a ajouté une corde à son combat à savoir la libération des prisonniers politiques. Ce front prévoyait organiser ce 20 septembre 2024 une journée de solidarité et de prière dans la ville de Sokodé en faveur de ces prisonniers politiques.
Mais pour le ministre-colonel Hodablo Awaté, pas question. Ce Front ne peut pas organiser cette prière. La raison évoquée : certaines des associations membres du Front « ne sont pas légalement constituées » en l’occurrence Bindjegue bindje, Ensemble pour le Togo, Front Togo souverain.
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Par ailleurs, écrit le ministre aux organisateurs, l’activité projetée n’est pas de nature à préserver la tranquillité publique dans la ville.
Par conséquent, « je vous notifie mon refus de vous autoriser à organiser une journée de solidarité et de prière en faveur des détenus prévue, le 20 septembre 2024 à Sokodé », a écrit le ministre dans son courrier réponse aux organisateurs.
Mais depuis quand faut-il être légalement constitué pour adresser une demande au Seigneur ou à Allah ou aux divinités ? Si même pour prier il faut désormais obtenir une autorisation alors nous avons vraiment des soucis à nous faire. A ce rythme, Dieu lui-même devra être « légalement constitué » et demander une autorisation avant de répondre à nos prières, a réagi la Synergie des OSC dans un communiqué en date de ce 20 septembre.
Et à cette Synergie de se demander : Jusqu’où irons-nous dans ce pays où « on fait semblant » de pratiquer la démocratie, on « fait semblant » de réguler la vie publique, alors qu’en réalité l’espace civique se rétrécit comme une peau de chagrin. Les libertés d’association, de réunion et d’expression sont drastiquement contrôlées et restreintes.
Alors que des prières sont interdites à une certaine organisation animant la vie politique dans le pays, il n’y a pas si loin des myriades d’associations aux existences douteuses ont quant à elles organisées des séances de prières sur toute l’étendue du territoire pour disent-elles, célébrer leur victoire. Ainsi va la République…
Francine DZIDULA
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