Au total 92 personnes, soit 14 militants de la Coalition C14-opposition, 76 membres de l’organisation dite « Tigre révolution » et 2 condamnés dans l’affaire d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat ou affaire Kpatcha Gnassingbé, du nom du demi-frère du président togolais, croupissent en prison. Ces individus sont considérés comme des prisonniers politiques par le « Front Touche pas à ma constitution », une organisation qui regroupe des associations de la société civile et des partis politiques qui s’opposent au changement de la constitution intervenu au Togo en mai 2024.
Ce Front a lancé le 12 août 2024 à Lomé une campagne dénommée « Togo Sans prisonniers Politiques » dont le hashtag : #TogoSansPrisonniersPolitiques.
Cette campagne vise selon l’organisation à rendre hommage aux prisonniers politiques, à leur dire qu’ils ne sont pas oubliés mais aussi à créer les conditions qui favorisent leur libération.
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Pour le porte-parole du « Front touche pas à ma constitution », Nathanael Olympio, cette campagne est « nécessaire parce que les prisonniers politiques sont en détention quelque part pour nous, pour notre liberté, ils ont perdu leur liberté. Aujourd’hui, ce que nous engageons c’est le respect d’un principe, un principe très simple connu des militaires : on n’abandonne pas un compagnon blessé sur le champ de bataille. Et ce que nous engageons aujourd’hui, c’est d’aller chercher nos compagnons blessés qui sont entre les mains de l’adversaire abusivement par une instrumentalisation de la justice. Donc, c’est un appel que nous lançons à tout le monde pour que chaque Togolais soit concerné par le sort des nôtres qui sont aujourd’hui privés de liberté. Cela fait partie des actions que nous devons mener pour remettre en cause la démarche que l’opposition a menée jusqu’à présent. C’est une nouvelle approche pour montrer aux prisonniers politiques que ce n’est pas parce qu’ils sont en prison que nous les oublions, que leur sort fait partie intégrante de notre préoccupation. C’est pour ça que nous lançons cette campagne pour que leur famille aussi sache qu’on ne les a pas oubliés ».
Pour le porte-parole, un pays qui clame partout dans le monde qu’il est démocratique, qui lance partout dans la sous-région et au-delà le dialogue entre les personnes et les Etats qui ont des difficultés, qui joue le médiateur mais à l’intérieur on emprisonne des Togolais pour leurs opinions, pour ce qu’ils pensent, pour ce qu’ils disent, pour ce qu’ils contestent, n’est pas démocratique.
Au total 92 prisonniers politiques sont encore dans les geôles du pouvoir sans compter les dernières arrestations à savoir la famille Bertin Agba. Parmi ces prisonniers, 9 interpellés dans le cadre de l’affaire « Tigre révolution » sont décédés au camp GP. Le dernier décès est intervenu en juin 2023, a révélé Kao Atcholi, membre du Front.
Parmi les personnes toujours en détention, Akossi Ibrahim, interpellé dans la préfecture de Mô dans le groupe de « Tigre révolution ». A à la suite des actes de torture qu’il a subie, il présente des caractéristiques d’acte démentiel, a encore souligné Atcholi.
L’autre particularité parmi ces détenus est le cas de Mme Leyla Mehiouwa Nambea-Tagba arrêtée au moment où elle avait une nourrice, aujourd’hui son enfant a cinq ans et ne la reconnait pas. « La semaine dernière, son enfant lui a rendu visite à la prison. A son retour à la maison, l’enfant raconte aux gens qu’ils sont allés visiter une dame quelque part. C’est dire qu’il ne reconnait pas sa maman », a rapporté Atcholi.
Dans le lot, il figure également l’artiste de la chanson Prince Fadel.
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Aucun parmi ces détenus, exceptés ceux de l’affaire contre la sureté intérieure de l’Etat, n’ont été jugés. Certains font plus de six ans de détention.
« Il ne s’agit pas de sélectionner les prisonniers, les prisonniers n’appartiennent pas à des partis politiques, ce sont des prisonniers politiques qui ont été pris dans le cadre d’une lutte commune qui a été engagée donc leur interpellation est intervenue dans le cadre d’une lutte commune », a encore déclaré Nathanael Olympio.
Si ce Front clame qu’il existe des prisonniers politiques au Togo, les autorités du pays ne voient pas la chose de la même manière. Pour elles, il n’y a pas de prisonniers politiques au Togo.
Francine DZIDULA
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