Décès de Francis Mawuena Ekon : disparition d’un acteur clé de la transition démocratique au Togo
L’ancien vice-président du Haut Conseil de la République (HCR), Francis Mawuena Ekon, figure emblématique de la scène politique togolaise dans les années 1990, s’est éteint dans la discrétion la plus totale à Gboto, son village natal, situé dans la préfecture de Yoto.
Un pilier de l’opposition togolaise dans les années 90
Francis Mawuena Ekon s’était illustré dès le début du processus démocratique au Togo comme un farouche opposant au régime en place. Président du Parti d’Action pour le Développement (PAD), il avait activement participé aux grands rendez-vous politiques de l’époque, notamment la Conférence nationale souveraine de 1991, qui allait marquer un tournant majeur dans l’histoire du Togo.
À l’issue de cette conférence, il est élu vice-président du Haut Conseil de la République, organe parlementaire de la transition politique. Homme de conviction et de rigueur, Francis Ekon n’hésitait pas à critiquer ouvertement les dérives du pouvoir, ce qui fit de lui une cible pour les militaires qui ont pris en otage le parlement de transition.
« J’étais en France quand les militaires ont pris en otage les Haut conseillers. La première personne qu’ils ont cherché à voir, c’était moi », confiait-il à Togo Scoop en 2023.
De la fusion du PAD à la direction de la CPP
En 1999, le PAD fusionne avec d’autres formations politiques dont l’UTD d’Edem Kodjo, l’UDS et le PDU de Jean-Lucien Kwasi Savi de Tové, pour donner naissance à la Convergence patriotique panafricaine (CPP). Après le retrait d’Edem Kodjo, Francis Ekon prend la tête du parti jusqu’en 2019, avant de se retirer progressivement de la vie politique.
Son départ a marqué le début d’une crise de succession au sein du parti, opposant Anani Emmanuel Akoli à Adrien Béléki Akouété, ce dernier finissant par s’imposer.
Une trajectoire politique marquée par le centriste et la modération
Au fil des années, Francis Mawuena Ekon s’est éloigné de la ligne dure de l’opposition pour adopter une posture plus modérée. Il a œuvré à la création du Groupe des centristes, une coalition regroupant notamment le NET et le PDP, avec pour ambition de proposer une alternative crédible au clivage radical entre pouvoir et opposition.
Mais en 2015, sa déclaration en faveur du président Faure Gnassingbé – « Faure Gnassingbé est le seul candidat idéal en 2015 pour les Togolais » – a semé la confusion dans l’opinion publique, et entamé sa crédibilité auprès d’une frange de l’opposition.
Fin de parcours dans l’anonymat
Depuis son retrait en 2019, Francis Ekon est coupé des agitations politiques. C’est dans cet anonymat qu’il s’est éteint à Gboto, son village natal.
Sa disparition marque la fin d’un chapitre important de la vie politique togolaise. S’il avait été adulé à ses débuts pour sa ténacité et son engagement pour la démocratie, Francis Mawuena Ekon aura aussi connu la solitude politique et l’oubli. Même pour sa disparition, rares sont ses camarades de lutte qui lui ont rendu hommages.
Albert AGBEKO
E-Mail: togoscoop@gmail.com
Tél : (00228) 90 96 63 64/ 99 56 57 88 : Pour vos reportages, annonces et publicité, contacter le service commercial de votre site Togoscoop.
