Subitement, tout devient normal au Togo. Comme par un coup de baguette magique, les tensions politiques s’évaporent, les cris de contestation s’éteignent, les revendications de dialogue se dissolvent. La Vème République, hier encore vigoureusement contestée, ne semble plus déranger personne. Même la cherté de la vie semble avoir disparu des préoccupations. Miracle politique ou illusion bien orchestrée ?
Ce regain de calme coïncide avec un événement bien connu dans le calendrier politique togolais : une élection. Cette fois-ci, ce sont les municipales. Et comme toujours, c’est la ruée. Tous les partis, même les plus silencieux depuis des années, se réveillent. Ils battent le rappel de leurs militants, publient des communiqués, enfilent leurs habits de campagne, et se lancent dans la course… comme si ces élections allaient changer fondamentalement la vie des citoyens.
Mais au fond, qui croit encore à ce scénario ? Le peuple ? Il ne semble plus être qu’un décor, un prétexte, un alibi. Dans cette pièce bien huilée, chacun joue son rôle. Le pouvoir lance l’appât électoral, et l’opposition, affamée de reconnaissance et d’un soupçon de légitimité, mord à pleines dents. Elle oublie l’essentiel : la réforme constitutionnelle, le basculement vers une nouvelle République, les véritables enjeux du pouvoir. Trop occupée à se disputer les miettes des postes municipaux, elle délaisse la bataille centrale.
Pendant ce temps, le régime avance tranquillement ses pions. La Vème République s’installe en douce, pendant que les projecteurs sont braqués sur la campagne. Et quand les élections seront passées, que les dés seront jetés, que les illusions seront retombées, les mêmes cris de contestation reviendront. Trop tard. Le scénario se répète, encore et encore.
Ce jeu politique ne trompe plus personne. Il illustre tristement l’image d’une opposition programmée pour perdre. Et d’un peuple pris au piège d’un système où l’élection devient un rituel vide de sens, un moment de diversion, au lieu d’être un levier de changement.
Albert AGBEKO
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