Editoriale : Pour une République non partisane !
Décédé le 4 août 2024, Monseigneur Nicodème Anani Barrigah-Benissan, Archevêque métropolitain de Lomé, dont les obsèques sont prévues ce weekend, a eu droit à un hommage national, ce vendredi 6 août 2024, dans la grande salle de la place des fêtes de la Présidence de la République.
Quoi de plus normal pour ce Grand homme et infatigable artisan de la paix et de la réconciliation au Togo et qui a incarné des valeurs de la République.
Par sa stature d’Archevêque métropolitain, comme cela avait été le cas, de son prédécesseur, Mgr Robert-Casimir Dosseh-Anyron, décédé le 15 décembre 2014, Mgr Nicodème Anani Barrigah-Benissan, mérite amplement cet hommage de la nation.
Si Mgr Nicodème Anani Barrigah-Benissan, a droit à des hommages de la nation, Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro, le mérite doublement pour avoir été un ancien président du Haut conseil de la République (HCR), parlement de transition au début du processus démocratique mais aussi pour avoir été un Archevêque émérite de Lomé.
Mais Mgr Kpodzro n’aura pas droit à de tels hommages de la République en raison de son engagement politique aux derniers instants de sa vie. Le patriarche, précisons-le, est devenu l’opposant N°1 de Faure Gnassingbé au cours de son 4ème mandat à la tête du Togo. C’est donc cet engagement qui le prive des hommages de la nation, même si le personnage lui-même n’a jamais réclamé de tels hommages ; ce qui comptait pour lui c’est œuvrer pour l’alternance démocratique au Togo.
La République rend hommage à ses fils qui l’ont servie dignement indépendamment de leur engagement politique. Ces hommages font partie des usages républicains. Ils n’appartiennent pas à un parti encore moins à un individu. Mais à tout le Togo dans sa diversité.
Tant qu’un citoyen togolais n’a pas été déchu de ses droits et qu’il a représenté l’Etat à un niveau élevé qui exige de telle reconnaissance, il doit en bénéficier.
Être d’un bord politique autre que celui du parti au pouvoir, ne vous exclu de cet hommage national si vous le méritez comme cela avait été également le cas de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo.
Quand on incarne la République, on se doit de se mettre au-dessus de la mêlée et s’élever au-dessus des considérations partisanes. C’est en cela qu’on reconnait les grands Hommes. Les hommages de la nation ne sont pas faits par intuiti personae. Soit on le mérite ou on ne le mérite pas.
Mgr Nicodème Anani Barrigah-Benissan, homme de justice qu’il était, n’accepterait pas recevoir un tel hommage sachant que son aîné a été victime d’injustice.
Pour la société de justice et de réconciliation que nous voudrons bâtir pour les générations futures, nous devons bannir ces attitudes qui créent dans les cœurs des citoyens de la frustration et la révolte.
Pour que demain, l’Histoire n’a pas à corriger nos ressentiments en mettant au panthéon ceux qui nous avons bannis. Soyons partout, au nom de la République, des artisans de paix semant l’amour et la concorde dans les cœurs que les divisions et l’injustice.
Albert AGBEKO
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