

Un bras de fer oppose le gouvernement togolais et la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN) à propos d’une grève de 48heures lancée par cette dernière. A quelques heures de l’entrée en vigueur de ce mot d’ordre demain 03 novembre 2021, le gouvernement comme à son habitude a enclenché un arsenal de communication sur fond de menace et de diabolisation. Ces menaces n’ont pas, cependant ébranlé la détermination des responsables de la fédération qui ont décidé de maintenir le mot d’ordre.
Joint ce soir par la rédaction de Togoscoop, le Secrétaire général de la FESEN M. Sènon Hounsimé a été clair : « Les 9 syndicats de base signataires du mot d’ordre ont décidé de maintenir le mouvement et je le confirme. Nous appelons nos camarades à rester à la maison ».
Et de poursuivre : « Le ministre a parlé c’est vrai. Nous avons écouté mais les syndicats de base ont décidé de maintenir le mouvement. Nous demandons à nos camarades à rester à la maison », a-t-il insisté réaffirmant que sur les 10 syndicats qui composent la Fédération, 9 ont signé le mot d’ordre.
S’agissant des chances de succès de ce mouvement face aux menaces des ministres, le SG de la FESEN a été clair: « ce n’est pas à moi d’en juger », déclare-t-il. Toutefois, précise-t-il « le rendement vous verrez demain. La FESEN, c’est les syndicats de base. La FESEN n’a pas de membres physiques sur le terrain, les membres de la FESEN ce sont les syndicats qui le composent. Et il appartient à chaque syndicat de base de prendre ses responsabilités ».
Quant aux menaces des ministres en direction des grévistes, elles ne font ni froid ni chaud à M. Hounsimé pour qui « le ministre est dans son rôle. Si demain aucun enseignant ne reste à la maison et que tous vont au cours, ça veut dire qu’ils ont suivi la voix de l’autorité. Mais je ne peux pas présager de ça ».
M. Hounsimé trouve anachronique le fait qu’une fédération en l’occurrence la Fédération des syndicats des travailleurs des enseignements du Togo (FESYNTET), ait déclaré se désolidariser du mouvement de la FESEN. « Lui et moi en aucun moment on ne s’est jamais rapproché pour préparer en commun quelque chose pour qu’ils disent qu’ils se désolidarisent de moi. On ne s’est même pas approché, il est également une fédération, et lui et moi on n’a pas échangé et je ne comprends pas en quoi sa désolidarisation affectera la FESEN », a indiqué M. Hounsimé.
Le premier responsable de cette Fédération a également balayé du revers de la main cette propension du gouvernement de vouloir l’écarter de la tête de la Fédération. « J’ai été durant toute ma carrière membre de syndicat et j’ai dirigé des syndicats. Nous avons fait un congrès en 2018 où j’ai été élu pour présider aux destinées de la FESEN pour 4 ans. Donc statutairement 2022 je raccroche », éclaire-t-il. Et il avance : « eux (NDLR : le gouvernement) ils viennent d’adopter le nouveau code en décembre 2020 or la loi n’est pas rétroactive. Et quand vous prenez toutes les centrales syndicales aujourd’hui, aucun des Secrétaires généraux n’est en activité. S’il y a une loi qui doit frapper Hounsimé, elle va frapper également les autres secrétaires généraux des centrales syndicales qui assistent régulièrement avec le ministre au Conseil national du dialogue social (CNDS) ».
A préciser que réagissant à ce mot d’ordre, le ministre de l’enseignement primaire et secondaire, le professeur Dodzi Kokoroko, a dans une note à l’intention du corps enseignant rappelé le caractère illégal du mouvement et invité les enseignants à être à leur poste. « Tout enseignant qui s’inscrive dans cette grève illicite s’expose à de lourdes sanctions », annonce-t-il tout en invitant les chefs d’établissement à dresser la liste des enseignants qui auraient participé à cette grève illicite. De son côté, le ministre de la fonction publique, M. Gilbert Bawara a également proféré les mêmes menaces à l’intention des grévistes.
Notons que par ce mouvement, les enseignants exigent le versement de la prime de gratification promis par le gouvernement lors du précédent dialogue social.
Francine DZIDULA
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