Inades-Formation Togo met le mil au centre du débat face à la résilience aux changements climatiques
La dixième édition du Salon international de l’agriculture et de l’agroalimentaire (SIALO) bat son plein au Centre togolais des expositions et foires (CETEF)-Togo 2000 à Lomé. Ce samedi 14 octobre 2023, Inades-Formation Togo, une association qui intervient dans le domaine agricole, a saisi cette occasion pour organiser à l’intention du public une conférence-débat.
« La place des mils dans le système alimentaire durable et résilient aux changements climatiques », est le thème autour duquel a tourné le débat. Le conférencier, M. Komi Lologno Sidoine Akpotor, Chargé du programme d’appui au développement de l’agriculture familiale à Inades-Formation Togo, a, durant plus d’une heure d’horloge conquis et séduit un public qui avait de la peine à quitter les lieux même à la fin des échanges.
S’inscrivant dans le cadre de l’année 2023 décrétée par les Nations unies année internationale du mil, abordant le thème, le conférencier a en prélude présenté la situation de l’alimentation dans le monde. Une situation qui ne fait que s’aggraver, a noté M. Akpotor s’appuyant sur les chiffres de la situation de la faim et de l’insécurité alimentaire dans le monde. Plus de 347 millions de personnes sont confrontées en 2023 à la situation d’insécurité alimentaire ; alors que durant ces trois dernières années (2020-2023) la situation de l’insécurité alimentaire a triplé. Cette situation qui est aggravée par la crise économique, les guerres, le changement climatique,… renforce la vulnérabilité des Etats et rien n’est fait pour renforcer la résilience des populations, regrette-t-il.
Et donc pour le conférencier en décrétant l’année internationale du mil, les Nations unies veulent interpeller les décideurs, attirer l’attention des Etats, leur donner les moyens de relancer les recherches, nouer des partenariats au profit des populations pour que celles-ci puissent revenir à la consommation du mil.
C’est ainsi qu’il a regretté la disparition de la production du fonio à cause du désintéressement de sa consommation par la population. Mais M. Akpotor a beaucoup plus mis ce désintérêt sous le dos de l’absence d’une bonne communication autour de cette variété. « C’est la communication qui fait les habitudes alimentaires », a-t-il déclaré interpellant les hommes des médias à jouer leur partition pour le changement de comportement.
Considéré à tort comme un aliment des pauvres, le Chargé du programme d’appui au développement de l’agriculture familiale à Inades-Formation Togo, a attesté la valeur nutritive de cette céréale qui n’a rien à envier aux produits importés. Pour soutenir ses dires, il a révélé que des analyses de laboratoire faites montrent que le mil est une céréale à haute valeur nutritive (sels minéraux, les protéines, les fibres), conseillé aux diabétiques parce que sa concentration en gluten est faible.
Par ailleurs, il a réfuté le procès fait à cette céréale qui, selon les arguments, sa vulnérabilité renforcerait l’insécurité alimentaire. Non ! a retorqué M. Akpotor. « Le mil est un produit qui permet de réduire notre dépendance surtout qu’on n’a pas besoin d’intrant, ni de produit chimique, il résiste à la sécheresse, facile à cultiver, renforce la résilience de la population », a insisté le Chargé de Programme à Inades-Formation Togo. Et de poursuivre que cette vulnérabilité dont il est question n’est que le fait des variétés étrangères introduites au Togo.
« On ne donne pas la place au développement des produits du terroir. On veut imposer un système d’alimentation étrangère alors que ce système d’alimentation n’est pas adapté à notre sol. On introduit une variété étrangère et on vient parler de vulnérabilité. Du moment où on abandonne les produits du terroir, les variétés étrangères ne peuvent pas être à 100% adaptables. Une fois introduites, elles seront attaquées », a soutenu M. Akpotor fustigeant l’abandon des produits du terroir qui entraine la disparition des produits locaux et l’adoption des produits prisés sur le marché.
« Le choix de consommation est un choix politique. Qu’est-ce qui est caché derrière ce que je consomme », s’est-il interrogé. « Les petits producteurs sont victimes de nos choix de consommation et ces choix de consommation font que des produits du terroir disparaissent. Nous achetons plus les productions qui accentuent le changement climatique. Par nos choix, nous finançons le changement climatique et on laisse les pauvres paysans qui n’ont besoin que de notre encouragement », a regretté M. Akpotor.
Pour finir, le conférencier a appelé à financer la résilience et à cesser de financer les changements climatiques, à financer le développement local en consommant ce que nous produisons et à produire ce que nous consommons car notre ventre ne doit pas être contrôlé par l’extérieur. Puisque l’alimentation est un droit et manger est un vote, a-t-il conclu.
Au premier rang de l’assistance, on notait la présence du Directrice d’Inades-Formation Togo, Mme Sélome Adoussi Houetognon qui avait à ses côtés Mme Marthe Wandou, Présidente du conseil d’administration d’Inades-Formation Cameroun.
Notons qu’à l’issue de cette conférence débat, une dégustation des mets à base de mil a mis fin à ces échanges.
Soulignons également que créé il y a un demi-siècle, Inades-Formation est un réseau d’associations panafricain qui œuvre pour le développement équitable et durable en Afrique. Il intervient dans le monde agricole en accompagnant les producteurs et productrices. Il est présent au Burundi, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Kenya, République Démocratique du Congo (RDC), Rwanda, Tanzanie, Tchad et au Togo. Son secrétariat général est basé à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Albert AGBEKO
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