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L’esprit de la loi

 

 

Le lundi 25 mars 2024, pendant nombre de nos concitoyens étaient dans les bras de Morphée, les députés à l’Assemblée nationale ont procédé à la révision de la loi constitutionnelle de notre pays, le Togo. Il faut dire plutôt que de parler de révision de la loi fondamentale du pays, c’est un nouveau modèle de société qui est voté. Si par le biais des réseaux sociaux, certains togolais ont pris connaissance du texte, la volonté manifeste de fuire un débat populaire autour du projet en a privé la majorité. Pour les vrais auteurs dont les masques mal ficelés commencent par tomber, leur trouvaille est si belle que nous les incultes de la République n’avons mot à dire. Les critiques qui fuisent de partout donnent du texte une tentative de monarchisation du pays, or il n’en n’est rien. 

Dans une récente publication nous interpellons nos gouvernants à s’approprier les vertus d’une bonne communication.La communication assure la pédagogie de l’action politique ou publique. Une constitution est appelée à réguler la vie d’une population sur un territoire donné, c’est la mère de toutes les normes dans un pays. Le porteur du projet a t-il pensé aux implications des modifications sur le pays ?

TOGOCOM
HCRUNN

La Ve République, sommes-nous prêts pour le saut qualitatif ?

Un régime parlementaire, c’est la meilleure thérapie qu’on puisse prescrire à un pays en proie à un déficit démocratique. La concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme a pendant longtemps retardé le développement du Togo. Nous sommes de plus en plus ridicules quand il faille oser la comparaison avec le voisinage. Aller à un régime parlementaire qui donne plein pouvoir aux élus du peuple pour contrôler l’action gouvernementale, il n’y a rien de plus beau. Le Togo s’engage irrémédiablement dans une rupture avec le plagiat. Si le régime parlementaire est célébré pour ses vertus, la proposition adoptée en première lecture ne donne pas des garanties d’une mutation qualitative. Non seulement le timing de l’initiative est mal choisi mais le déficit de communication autour l’a définitivement desservie. La crainte de l’inconnu a eu raison des certitudes et mêmes les rares qui ont envie d’acclamer le Prince se retiennent car les textes ne valent que par leur application. Ce n’est pas avec des jeux de mots comme “le Protecteur du citoyen” qu’on nous prendra au sérieux. Je préfère d’ailleurs le Médiateur de la République à cette dénomination qui frise la masturbation.Le texte soumis à une seconde lecture mérite d’être rangé pour recueillir un consensus préalable devant permettre un saut qualitatif, mais il était temps de tourner la page de la lVe tellement défigurée. J’étais parlementaire que je me battrais pour introduire dans la nouvelle loi des obligations au “Président du conseil” dans la procédure de désignation des membres du gouvernement. Des ministres qui n’ont jamais sollicité un mandat électif n’ont pas leur place dans l’exécutif. Quand on veut se mettre au service du peuple, il faut le rencontrer pour lui exposer votre projet de société. Les considérations géopolitiques très en vue dans le choix des hommes et des femmes devant conduire les affaires, il devient un impératif d’inculquer à nos conducteurs l’esprit patriotique et de servitude. Certes on a besoin de technocrates dans l’exécutif mais dire que 60 ou 70% des membres du gouvernement doivent être dépositaires d’un mandat électif n’est pas trop dire. Et même technocrate, il faut évaluer la compétence du préposé, son sens du patriotisme, et ce n’est pas l’apanage du seul Président du conseil, encore moins des services de renseignement comme on aime à le faire croire. Faire passer en audition les personnalités désignées devant une Commission spéciale au parlement pour cette mission offrira de meilleures garanties aux contribuables togolais. Je serais au parlement que j’exigerais que tout projet de l’Etat devrant nécessité la mobilisation de plus de 15 milliards de FCFA, surtout des prêts, devra requérir l’adhésion préalable des élus du peuple, par souci de ne pas hypothéquer l’avenir des générations futures. On ne peut pas nous convaincre du bien fondé du nouveau texte quand le Président du conseil a la lassitude d’inviter ses copines et garçons de courses dans la conduite des affaires publiques, encore qu’ils aient le profil indiqué pour ces fonctions. On ne peut pas nous dire que le texte vient régler le problème de légitimité des gouvernants quand le législateur ne fait que déshabiller Pierre pour habiller Paul, non. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Si la fixation des critiques sur la longévité du régime agace, le coup de pinceau ne donne pas la pleine mesure de la capacité des artistes. Malheureusement, en face des porteurs du textes on a une opposition affairiste. Habituée aux débats de forme que de fond, mis à part quelques têtes pensantes qui mènent la fronde, la majorité gesticule. L’enjeu est de se donner bonne conscience pour duper les populations dans la perspective des prochaines élections législatives. Le cinéma du Django recyclé en politicien et son parti en dit long. Chanter à longueur de journée sur les réseaux sociaux qu’on ne votera pas pour le texte et se contredire dans l’isoloir n’est pas faire de la politique, c’est du business. Même quand on vous interdit de compter les boeufs parce que invités juste à boire du lait, il faut faire semblant de louer les qualités de la vache qui donne le lait pour ne pas donner l’air d’un jouisseur paresseux et indélicat. Certains, hors du parlement, vidés de la substance, n’existent que par dans les fichiers de l’histoire et de la CENI. A ces occasions, une rencontre du résidu de ressortissants du village de Président fondateur fait office de conférence de presse. C’est tellement facile de faire la politique sur la Terre de nos aïeux au point où même des débiteurs envers les distilleurs de sodabi dans mon village se prennent pour des politiques. Quand on a en face une telle ossature, le jeu démocratie perd toute saveur car l’intérêt du peuple est le dernier de leur souci. Osons la pédagogie, investissons dans l’audace, vendons le projet aux populations dans ces joutes électorales. Si elles l’approuvent, elles donneront leurs voix à ceux qui veulent faire le pas du renouveau. Tout n’est pas mauvais mais tout est à refaire !

Dr. Alex K. EDOH

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