Lettre d’alarme à Faure Gnassingbé: le peuple n’en peut plus
Dans une lettre poignante et sans détour adressée à Faure Gnassingbé, président du Conseil des ministres, l’auteur Tcheka Malou interpelle le pouvoir sur la gravité de la crise sociale et politique que traverse le pays. Entre désillusion populaire, perte de repères et appels pressants à un sursaut national, il formule sept recommandations fortes pour restaurer la confiance et éviter l’implosion. Une alerte lucide et un appel à la sagesse dans un Togo au bord de la rupture.
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En cette période de turbulences croissantes, je vous adresse ces lignes au nom d’un sentiment qui grandit et s’approfondit chaque jour dans le cœur des Togolais : un sentiment d’abandon, d’injustice, de perte de repères, et surtout, de perte de confiance.
Il serait illusoire de réduire l’ampleur du mécontentement actuel à une simple manœuvre extérieure ou à une agitation numérique orchestrée par des « influenceurs ». Ce qui se joue aujourd’hui au Togo prend racine dans une douleur réelle, intérieure, prolongée, vécue par toutes les couches de la société togolaise. Depuis deux décennies, malgré les discours et certaines avancées, les conditions de vie de la majorité restent indignes. Le peuple souffre, et trop souvent, en silence.
Le pouvoir semble lointain, déconnecté, enfermé dans une citadelle inaccessible. La prospérité nationale, bien que possible, demeure le privilège d’une minorité. Le sous-emploi chronique, l’extrême pauvreté, l’informalité endémique, l’absence d’accès aux services essentiels – santé, éducation, eau potable – alimentent une tension sociale profonde. Lorsque le peuple se lève pour réclamer mieux, il rencontre soit le mépris de discours lénifiants, soit la brutalité de la répression.
Monsieur le Président du Conseil des Ministres,
Cette grogne sociale n’est pas un feu de paille. Elle est profonde, elle s’est enracinée, et elle s’est transformée : désillusion, exode pour les plus chanceux, mutisme forcé et désormais désobéissance civile. CE N’EST PAS SEULEMENT UN MOUVEMENT POLITIQUE, C’EST UN TOURNANT SOCIAL, POLITIQUE ET HISTORIQUE.
Ne pas entendre ce message, c’est refuser de voir que ce pays est profondément fracturé. Ne pas y répondre, c’est creuser sa propre fosse.
Nous sommes en 2025. Le monde est interconnecté. De nouveaux modèles naissent. Le monde change. Le monde bouge. L’intelligence artificielle transforme nos sociétés. Croire que la contestation peut être étouffée à coups de censure et de répression est une illusion périlleuse ; elle pourra l’endormir. Mais, jusqu’à quand ?
Monsieur le Président,
Il s’agit pour le peuple que vous dirigez, de dignité, de justice, de survie et de démocratie réelle. Le peuple togolais mérite mieux. Il mérite d’être écouté et considéré, gouverné avec égard, responsabilité, proximité et humanité.
Face à la gravité de la situation, je vous adresse humblement sept recommandations essentielles pour restaurer la confiance et éviter le pire :
- Libérer immédiatement les détenus politiques et d’opinion.
Une mesure forte, hautement symbolique. Elle apaiserait la colère populaire et montrerait que l’État est capable d’humanité, même dans le désaccord.
- Déclarer une Année de Grâce nationale.
Inspirée du Jubilé biblique, cette année symbolique suspendrait certaines dettes sociales (frais scolaires, factures publiques impayées), régulariserait des situations précaires, et offrirait un nouveau départ aux familles les plus fragiles.
- Lancer un dialogue national inclusif, structuré, et sous médiation indépendante.
Ce dialogue doit rassembler toutes les voix : partis, syndicats, mouvements citoyens, chefs traditionnels, leaders religieux, femmes, jeunes, diaspora. Il doit être sincère, cadré, et aboutir à des engagements contraignants.
- Suspendre immédiatement l’usage excessif de la force et sanctionner les responsables des violences.
L’impunité alimente la colère. L’exemplarité de l’État est impérative.
- Lancer des campagnes massives d’éducation civique et de reconstruction du lien social.
Redonner aux Togolais le goût de la citoyenneté, désamorcer les haines, et rebâtir le sentiment d’appartenance à une nation commune.
- Proposer un calendrier clair et négocié de transition politique.
La clarté vaut mieux que le flou. La confiance renaîtra dans la transparence.
- Créer un Fonds national de solidarité, financé par une taxe exceptionnelle sur les grandes fortunes et entreprises dominantes (notamment étrangères).
Un geste de justice économique, pour une redistribution tangible et visible.
Monsieur le Président,
Ces recommandations ne vous obligent pas. C’est une lampe que je mets à vos pieds grâce à la magie de l’écriture. L’histoire retiendra ce que vous ferez dans ces heures sombres. Mais elle retiendra aussi ce que vous aurez refusé d’entendre.
Que la Sagesse divine vous accompagne.
Source : Le medium.com
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