Limogeage surprise de Nathalie Bitho : une affaire aux multiples zones d’ombre
Le limogeage avec effet immédiat de Nathalie Bitho, jusque-là Administrateur provisoire de l’Hôtel Sarakawa, a pris de court aussi bien le personnel de l’établissement que l’opinion publique. Officiellement, il lui est reproché une « mauvaise gestion », une justification qui laisse perplexe au regard de son bilan remarquable à la tête de l’hôtel. Derrière cette décision expéditive, se cache-t-il une manœuvre aux intérêts inavoués ?

Une visite qui a tout déclenché
Tout aurait commencé le 29 janvier dernier avec une visite impromptue du ministre Sani Yaya, accompagné d’investisseurs libanais, dans l’enceinte de l’hôtel. Leur arrivée sans préavis et sans la présence de la Directrice aurait immédiatement éveillé la méfiance du personnel, habitué à des tentatives de prise de contrôle déguisées.
Dans le même temps, une équipe mandatée, dit-on, par la Présidence de la République est venue effectuer des relevés topographiques en vue d’éventuelles prospections. Fidèle aux règles administratives, Nathalie Bitho aurait exigé un document officiel justifiant ces travaux, un réflexe qui s’explique par de nombreuses expériences passées où l’hôtel a été victime d’abus sous couvert d’autorités supposées.

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Moins de deux semaines après ces événements, le 14 février, la sentence tombe : Nathalie Bitho est démise de ses fonctions sans préavis et remplacée par un Lieutenant-Colonel. Une passation de service précipitée est organisée dans la foulée, un scénario qui suscite de nombreuses interrogations.
Un bilan qui dément l’accusation de mauvaise gestion
Le motif de la « mauvaise gestion » avancé pour justifier son éviction ne convainc pas grand monde. Depuis sa nomination en décembre 2016, Nathalie Bitho a réussi à redresser une infrastructure en déclin.
Son action a permis :
-La rénovation de plus de 100 chambres, de la cuisine, du parc, de la piscine olympique et des systèmes de plomberie et climatisation.
-L’augmentation du personnel salarié de 98 à plus de 300 employés.
-L’installation d’une centrale photovoltaïque de 500 KWc, générant une économie annuelle de 650 millions de FCFA sur les factures d’électricité.
-Le financement, à hauteur de 3 milliards de FCFA, de la rénovation de l’ancien Hôtel Le Bénin, rebaptisé Lébénè.
Des résultats qui lui ont valu des distinctions nationales et internationales, comme sa place parmi les cinq femmes les plus influentes d’Afrique en 2024.
Une éviction aux allures de règlement de comptes ?
Difficile d’ignorer la brutalité de cette révocation, qui contraste avec le succès managérial de Mme Bitho. Plusieurs hypothèses circulent :
Une sanction pour avoir osé imposer des règles face à une potentielle tentative de prédation de l’hôtel ?
Un règlement de comptes orchestré par des figures influentes agacées par son indépendance et son professionnalisme ?
Une rivalité interne liée à la réussite éclatante de la rénovation de Lébénè ?
Quoi qu’il en soit, cette affaire révèle une réalité bien connue des sphères de pouvoir : la compétence et l’intégrité ne sont pas toujours bien accueillies. En attendant d’en savoir plus, une question reste en suspens : à qui profite réellement ce limogeage ?
Albert AGBEKO
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