Palais des congrès de Lomé : Ôtez ces grillages que nous ne saurons voir !
Alors que dans d’autres pays, les monuments emblématiques deviennent des lieux de fierté nationale et de rassemblement populaire, au Togo, ces espaces sont de plus en plus restreints et clôturés. Le Palais des congrès de Lomé, symbole architectural et historique du pays, s’ajoute désormais à cette liste d’espaces publics interdits d’accès.
Sous prétexte de travaux de rénovation, le bâtiment est désormais entouré de grillages, marquant une rupture entre cet édifice emblématique et la population togolaise. Cette décision suscite des interrogations et des critiques au sein d’une population déjà frustrée par la rareté des lieux publics à Lomé.
Une tendance à la restriction
Ce phénomène n’est pas nouveau. Le monument de l’indépendance, qui représente une part importante de l’histoire du pays, est inaccessible sauf lors des célébrations du 27 avril, date de l’indépendance. De même, une partie de la voie devant la présidence de la République a été fermée, empêchant les usagers de l’emprunter. Ces restrictions traduisent une politique de contrôle accru des espaces publics, privant les citoyens de lieux symboliques où ils pourraient s’exprimer et se rassembler.
Cette situation contraste fortement avec celle d’autres pays, comme le Bénin voisin, où l’accès aux monuments nationaux est largement encouragé. À Cotonou, la statue de l’Amazone, imposante et magnifiquement érigée, est ouverte au public et attire chaque jour des milliers de touristes, renforçant l’identité nationale et l’attractivité du pays.
L’espace public, un enjeu politique
Le Palais des congrès de Lomé, avant d’être clôturé, servait souvent de point de ralliement pour diverses manifestations, qu’elles soient politiques, culturelles ou sociales. En limitant cet accès, les autorités semblent vouloir éviter que ces espaces deviennent des lieux d’expression populaire. Ce repli s’inscrit dans une tendance plus large où les libertés individuelles et collectives, acquises de haute lutte dans les années 1990, sont progressivement grignotées.
Une privatisation des ressources naturelles ?
Outre les espaces publics urbains, même les sites naturels semblent soumis à une logique de privatisation. Les cascades, par exemple, ne sont accessibles qu’après le paiement d’un droit d’entrée, pour les Togolais au même titre que pour les étrangers. Cette situation soulève une question fondamentale : quel droit ont les citoyens togolais sur leur patrimoine culturel et naturel ?
Une réflexion urgente à mener
Face à ces restrictions croissantes, il est urgent de réfléchir à l’accès des citoyens aux espaces publics et patrimoniaux. Ces lieux sont bien plus que des infrastructures : ils sont des symboles de l’histoire et de l’identité du pays. Les priver à la population revient à nier son droit légitime de se réapproprier son héritage.
Au rythme actuel, on peut se demander jusqu’où ira cette politique de fermeture. Allons-nous assister un jour à la clôture de la mer ou d’autres espaces communs ? Il est temps que les autorités revoient leur approche et considèrent l’importance des espaces publics dans le renforcement du lien social et la construction d’un sentiment d’appartenance nationale.
Le Palais des congrès de Lomé, comme d’autres lieux emblématiques du Togo, doit rester un espace ouvert, accessible et vivant, à l’image des ambitions d’un pays tourné vers l’avenir.
Albert AGBEKO
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