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Péré a rejoint la maison du Père

 



L’ancien Président de l’Assemblée nationale, Dahuku Peré a tiré sa révérence ce vendredi 09 avril à la suite d’une longue maladie. Il avait 58 ans.

Discret, modéré et très croyant, le natif de Bohou dans la Kozah, Dahuku Péré a été un des proches collaborateurs de l’ex Président Gnassingbé Eyadema. Il a occupé plusieurs postes ministériels dans le gouvernement de ce dernier dont celui de la fonction publique jusqu’à la Conférence nationale souveraine. Au cours de ces grandes assises nationales, il sera accusé en compagnie de ses collègues Yao Komlanvi et Agbéyomé Kodjo par Me Occansey d’avoir  fomenté un complot contre la Conférence. Pour se défendre, M. Dahuku n’a pas trouvé mieux que cet argument imparable que de déclarer devant la conférence et devant les millions de Togolais qui suivaient la retransmission en direct de la rencontre « je suis un apprenti chrétien » et par conséquent il ne pouvait pas attenter à la conférence nationale.

Après la conférence nationale, à la faveur des législatives de 1994, boycottées par l’UFC et remportées par l’union CAR-UTD, on retrouvera contre toute attente  Dahuku Peré à la tête de l’Assemblée nationale de 1994 à 1999 grâce à la divergence entre ces deux formations majoritaires. Le président de la République conformément à la constitution nomme un Premier ministre au sein  de la majorité parlementaire en la personne d’Edem Kodjo. Agboyibo dont le parti est majoritaire dans la coalition ne l’entend pas ainsi. Il boycott le gouvernement formé par Edem Kodjo et laisse également le perchoir au parti au pouvoir qui positionne M. Dahuku.

En 2001, alors qu’il était encore dans les bonnes grâces du pouvoir, Dahuku Peré réclame des réformes au sein de sa  formation politique, le RPT. Sa démarche sera soutenue par « son ami » Agbéyomé Kodjo qui plus tard sortira le 27 juin 2002 un brûlot contre le Général Eyadema intitulé « Il est temps d’espérer ». Ce document a valu aux deux le bannissement dans les instances du parti et ainsi que des avantages qu’ils bénéficiaient. Agbeyomé lui sera contraint à l’exil jusqu’à la mort du Général Eyadema intervenue en février 2005. Après le retour d’exil de son ami, Dahuku  créé avec lui le parti politique dénommé « l’Alliance ».      

Avec cette formation d’attelage Nord-Sud, l’ancien président de l’Assemblée nationale entend « léguer à nos enfants un Togo comme il faut, l’OR de l’humanité » et espère à la création de la 42ème ethnie qui lui tient vraiment à cœur.  « Nous avons constaté qu’au Togo que chacun aime son ethnie, il croit même que c’est ça la nation pour lui. Or chacun appartient à son ethnie et le pays. Le Togo compte 41 ethnies. Nous nous sommes dit si chacun aime son ethnie peut-être que les caractéristiques ethniques influencent beaucoup les gens donc nous avons proposé tout simplement aux gens que chacun sorte de son ethnie pour qu’on crée ensemble une ethnie à laquelle nous allons appartenir tous. Et cette nouvelle ethnie, cette 42èmeethnie, c’est la nation togolaise », se plaisait-il à déclarer.

Mais son idée ne convainc pas. Très vite le torchon brûle  entre lui et son ami Kodjo. Ses dissensions personnelles atteignent le parti et contraigne Agbéyomé à quitter la barque pour créer OBUTS.

A la mort du Général Eyadema, l’apprenti chrétien avait nourri le désir de le remplacer au sommet de l’Etat en briguant la magistrature suprême, en vain.

Quand Dahuku Péré voulait verser son sang pour la libération du Togo

En 2010, au lendemain de la présidentielle, il a rejoint le FRAC créé pour revendiquer la victoire du candidat de l’UFC d’alors, Jean-Pierre Fabre et qui organisait des marches de protestations hebdomadaires. Au cours d’une de ces marches, l’apprenti chrétien déclarera qu’il est prêt à verser son sang pour la libération du Togo. Mais quelques semaines après, il fera volte-face et prendra même  ses distances du FRAC.

 « Heureusement que je n’ai pas versé mais mon sang ce jour-là. Je suis prêt quand le moment opportun viendra. Parce que si je l’avais versé le jour  où je l’avais dit vous voyez ce qui s’est passé après je vais regretter dans la tombe », confiera-t-il plus tard.

Finalement les relations entre ce transfuge du RPT et le FRAC deviennent également tendues au point où l’apprenti chrétien ne participe plus aux marches du FRAC. Mais quand la question lui fut posée il rejette le tort sur ces camarades de l’opposition et confirme son appartenance à cette opposition tout en fustigeant ses camarades qui aiment dénigrer et monter des coups bas.

Isolé au sein de l’opposition, évité par ses anciens compagnons de l’ex parti unique,  Dahuku  connaitra un longue traversée de désert.

Financièrement exsangu et moralement atteint, l’apprenti chrétien est à bout de souffle. Il est prêt à manger dans la soupe qu’il avait crachée.

Péré ou le grand « mercanto » politique retentissant

Sentant sa situation fragile, des émissaires du président de la République lui sont périodiquement envoyés dans l’espoir à le convaincre à regagner le parti au pouvoir. Ses efforts finiront par payer puisqu’à la veille du scrutin législatif de 2013, sans tambour ni trompette, Dahuku Péré fut positionné en tête de liste UNIR dans la circonscription électorale de Blitta, circonscription où Faure Gnassingbé avait fait ses premiers pas d’élu. Face aux remous suscités par un tel débouchage politique,  la solution trouvée par les instances du parti UNIR est de décaler Péré de la tête de liste au suppléant.

La presse locale avait épilogué sur cette décision de Péré de compétir pour UNIR parlant du grand « mercanto » politique alors que son propre parti était en lice et que l’apprenti chrétien n’avait pas annoncé avoir démissionné de l’Alliance.

Après le scrutin, les rumeurs relayées par la presse annonçaient que Péré était pressenti au perchoir. Mais il ne pourra pas le faire car ne siégeant pas encore au moment de l’élection du bureau de l’Assemblée. Mais l’intéressé sachant qu’il allait siéger était toujours présent sur le banc des touches au cours des débats parlementaires. Sa patience a été payée car il retrouvera dix ans après l’Assemblée nationale qu’il avait quittée par la petite porte à la fin de la troisième législature ceci à la faveur du renoncement  de sièges de député titulaire pour incompatibilité de fonction.

Ironie du sort, la présence de l’apprenti chrétien sur le banc de l’hémicycle ne sera que de courte durée puisque le 25 octobre 2013, M. Dahuku sera victime d’un accident de circulation qui l’éloignera définitivement du parlement.  Le 04 septembre 2014 le président de l’Assemblée nationale, sollicite la Cour constitutionnelle à se prononcer sur son cas. La Cour après avis du médecin Mijiyawa Moustafa, conclut à une atteinte cérébro-médullaire très poussée de l’intéressé qui nécessite une rééducation de longue durée, déclare que M. Dahuku Peré n’a plus les fonctions requises pour assumer valablement et pleinement la fonction de député ; qu’il s’agit d’une invalidité permanente. La cour a déclaré vacant son poste.  

Une décision qui a scellé  définitivement le dernier acte politique de l’apprenti chrétien qui est rentré dans l’anonymat. Son inconstance politique a fait que l’apprenti chrétien a vécu ces dernières années dans l’abandon et l’oubli. Pour ses camarades de l’opposition il n’est plus un des leurs alors que du côté du pouvoir il n’est pas tellement admis en leur sein pour avoir à un moment donné critiqué le parti au pouvoir. Il a subi le sort de ceux qui ne sont « ni chauds ni froids ». Dans ces moments d’abandon seul le président de la République venait de temps en temps à sa rescousse car l’homme n’avait pratiquement rien pour son rang.

Si les 8 ans de maladie de Dahuku Peré peuvent être considérés pour certains comme une punition du Très-Haut, sa mort n’en demeure pas moins un soulagement et une libération pour sa famille. S’il est vrai qu’au début Dahuku Peré avait risqué sa vie pour ses convictions et  pour cet idéal  d’une société juste et équitable, il n’en demeure pas moins que vers la fin de sa vie il s’est écarté de cet idéal pour lequel il s’est longtemps battu. Son bannissement total ne lui a pas donné le choix de tenir bon surtout que tout au long de son parcours politique, Dahuku Peré n’a pas pris de largesse avec les deniers publics. C’est le seul mérite qu’on peut lui trouver. A part cela, l’apprenti chrétien n’est pas un modèle politique pour la jeune génération.

 

 

Albert AGBEKO

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