Prestation de serment sans collier : un malaise institutionnel au sommet de l’Etat

Au Togo, tout va vite ! Nouvelle fonction, même homme : Faure Gnassingbé a officiellement prêté serment. À peine quelques minutes après sa désignation comme président du Conseil, Faure Gnassingbé a prêté serment ce samedi 3 mai 2025 devant la Cour constitutionnelle réunie en audience solennelle.

Habitué à cet exercice, Faure Gnassingbé, la main droite levée, a juré face au président de la Cour, en s’appuyant sur l’article 47 de la Constitution, en ces termes :
« Devant Dieu et devant le peuple togolais, seul détenteur de la souveraineté nationale, Nous, Faure Essozimna Gnassingbé, président du Conseil désigné conformément aux lois de la République, jurons solennellement :
– de respecter et de défendre la Constitution que la République togolaise s’est librement donnée ;
– de remplir loyalement et fidèlement notre mission de serviteur du peuple… »

Le président de la Cour constitutionnelle, ayant pris acte de cette prestation de serment, a renvoyé le nouveau président du Conseil à l’exercice de ses fonctions.

Seule fausse note : Faure Gnassingbé n’a pas pu recevoir le collier de Grand Maître des ordres nationaux. Il a été avancé que les insignes n’étaient pas prêts. Une justification peu convaincante, tant ces insignes incarnent l’État, symbolisent la continuité républicaine, la solennité de la fonction et confèrent un rôle honorifique et protecteur. Sans eux, la cérémonie perd une partie de son sens.

Une explication plausible de cette omission réside dans le fait que le Grand Chancelier des ordres nationaux, Barry Moussa Barqué, devait remettre ces insignes. Or, ce dernier cumule également la fonction de président du Sénat. L’incompatibilité entre ces deux fonctions est flagrante, comme nous l’avons démontré dans un précédent article. Pour éviter de soulever cette contradiction, cette partie de la cérémonie aurait tout simplement été écartée.

Par la suite, le président du Conseil a reçu l’allégeance des Forces armées togolaises, en sa qualité de chef suprême. La cérémonie s’est achevée par un défilé militaire.

 

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Fait notable : aucune personnalité étrangère, à l’exception de l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, n’a assisté à l’événement. À titre de comparaison, une cérémonie similaire se déroule actuellement au Gabon, a réuni plusieurs chefs d’État.

Enfin, rappelons que lors de la dernière prestation de serment de Faure Gnassingbé, le 3 mai 2020, un drame s’est produit : le colonel Bitala Madjoulba, chef de corps d’un régiment de l’armée togolaise, a été assassiné dans la nuit au sein même d’un camp militaire. Cet acte a conduit à un procès retentissant, aboutissant à la condamnation de plusieurs individus, dont le général Félix Kadhanga, ancien chef d’état-major des FAT, à 20 ans de prison.

Francine DZIDULA
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